Le Déchronologue

BEAUVERGER Stéphane

Article publié le vendredi 8 octobre 2010 par Philémont

Quatrième de couverture

« À tous les buveurs de tafia et à tous ceux qui restent debout »

Au XVIIe siècle, sur la mer des Caraïbes, le capitaine Henri Villon et son équipage de pirates luttent pour préserver leur liberté dans un monde déchiré par d’impitoyables perturbations temporelles. Leur arme : le Déchronologue, un navire dont les canons tirent du temps. Qu’espérait Villon en quittant Port-Margot pour donner la chasse à un galion espagnol ? Mettre la main, peut-être, sur une maravilla, une des merveilles secrètes, si rares, qui apparaissent quelquefois aux abords du Nouveau Monde. Assurément pas croiser l’impensable : un Léviathan de fer glissant dans l’orage, capable de cracher la foudre et d’abattre la mort ! Lorsque des personnages hauts en couleur, au verbe fleuri ou au rugueux parler des îles, croisent objets et intrus venus du futur, un souffle picaresque et original confronte le récit d’aventures maritimes à la science-fiction. De quoi être précipité sur ces rivages lointains où l’Histoire éventrée fait continûment naufrage, où les marins affrontent tous les temps. Car avec eux, on sait : qu’importe de vaincre ou de sombrer, puisque l’important est de se battre !

Le Déchronologue a obtenu le Grand Prix de l’Imaginaire 2010 ainsi que le Prix Européen Utopiales 2009.

Né en Bretagne en 1969, Stéphane Beauverger vit aujourd’hui à Paris et se consacre à son écriture, entre bande dessinée et littérature. Figure montante de l’imaginaire français, son art chirurgical de la construction fait surgir des histoires violentes et singulières. Après le tryptique Chromozone, Le Déchronologue est son quatrième roman.

L’avis de Philémont

Henri Villon est capitaine de frégate sur la mer des Caraïbes au XVIIème siècle, et corsaire de son état. Sous ce statut il lutte avec la France, et qui veut bien se joindre à lui, contre l’hégémonie espagnole dans cette région du globe particulièrement riche en ressources. Villon s’est d’ailleurs spécialisé dans un commerce bien particulier, celui des maravillas, ces merveilles qui semblent venir du futur, et envers lesquelles il éprouve une véritable fascination. Mais l’appropriation de tels objets peut aussi s’avérer périlleuse tant leur maîtrise est difficile quand l’époque pendant laquelle on vit ne nous a pas préparé à une telle technologie…

Le Déchronologue est avant tout un roman de piraterie, rendant hommage à un genre tombé depuis longtemps en désuétude. Le lecteur accompagne ainsi le capitaine Henri Villon par le biais de son journal, montrant la vie des corsaires au milieu du XVIIème siècle, que ce soit sur leur navire où la rude vie des marins est entrecoupée d’impitoyables batailles navales, ou dans les ports dans lesquels les négociations se font dans des bouges sordides et bien souvent à la pointe de l’épée. Personnage haut en couleurs, Villon a d’ailleurs la prose de l’emploi, faisant du roman un divertissement irréprochable sur le plan de la reconstitution.

Le Déchronologue est aussi un roman de science-fiction. Stéphane BEAUVERGER met en effet sur la route de son personnage central des technologies, et in fine des hommes, venus du futur. Ce faisant il intègre dans son roman d’aventure le thème du voyage dans le temps et ce non pas par le biais d’un vaisseau qui voguerait d’une époque à une autre, mais du point de vue d’hommes bien ancrés dans leur époque et confrontés à la survenue du futur dans leur présent. C’est d’ailleurs pourquoi les objectifs de ces voyageurs temporels restent volontairement nébuleux aux yeux de Villon et de ses compagnons, seul le lecteur étant à même de discerner ici et là une histoire uchronique des Caraïbes et des peuples amérindiens qui en sont originaires.

Piraterie et voyage dans le temps peuvent sembler anachroniques. Pourtant l’amalgame est bien rendu grâce à une structure narrative particulière et originale. Le roman est en effet livré dans ce qui semble être a priori le plus parfait désordre, les chapitres se succédant en avançant ou en reculant dans le temps sans qu’il y ait a priori de raison à cela. Il ne s’agit pas uniquement d’un artifice visant à illustrer le thème du voyage dans le temps ; cela permet aussi à l’auteur de rythmer sa narration et, surtout, d’introduire progressivement la science-fiction dans son roman de piraterie, le mélange étant alors rendu crédible. En fait, le désordre n’est qu’une apparence, Le Déchronologue étant au contraire méticuleusement construit.

Une reconstitution historique soignée, un imaginaire étonnant sans être clinquant, un récit structuré de manière remarquable, tels sont les ingrédients d’un divertissement de qualité au sujet duquel on comprendra désormais les multiples récompenses et louanges.


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