
Titre Original
Dans la dèche au Royaume Enchanté, Cory DOCTOROW (Down and out in the Magic Kingdom, 2003) Traduction de Gilles GOULLET Illustration de Michael KUTSCHE Gallimard, collection Folio SF n° 308, avril 2008, 240 pages
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Dans la dèche au Royaume Enchanté
DOCTOROW Cory
Quatrième de couverture
« J’ai vécu assez longtemps pour voir le remède à la mort, assister à l’ascension de la Société Bitchun, apprendre dix langues étrangères, composer trois symphonies, réaliser mon rêve d’enfance d’habiter à Disney World et assister non seulement à la disparition du lieu de travail, mais du travail lui-même. » Ainsi débute l’histoire de Julius, un jeune homme d’environ cent cinquante ans. Il a tout pour être heureux dans ce meilleur des mondes possibles, pourtant, sa vie va basculer, et l’utopie se transformer en enfer…
Avec ce premier roman, Cory Doctorow fait preuve d’un grand talent et se révèle comme l’un des auteurs de science-fiction à suivre ces prochaines années. Dans la dèche au Royaume Enchanté est de ces œuvres denses et novatrices qui nous font prendre conscience que le futur, c’est déjà demain.
Né en 1971, à Toronto, Cory Doctorow a vécu au Canada jusqu’à l’âge de vingt-neuf ans. Très actif sur Internet, il a publié à ce jour trois romans et deux recueils de nouvelles. Étoile montante de la science-fiction, il a reçu pour ses œuvres de nombreux prix : Dans la dèche au Royaume Enchanté a été couronné par le prix Locus et nominé au prix Nebula. Classé par le magazine Forbes parmi les personnalités les plus influentes du Web, il vit désormais à Londres.
L’avis de Philémont
A la fin du XXIème siècle, la mort a été vaincue grâce à la connexion des esprits au réseau ; de ce fait ils peuvent se sauvegarder à tout moment, et être restaurés en quelques heures dans un corps cloné en cas de mort accidentelle. Le travail a été aboli puisque tout existe à profusion, rendant par-là même le concept de monnaie obsolète. Pour les êtres humains il n’y a donc rien d’autre à faire que de se divertir ou de s’investir dans un domaine artistique ou culturel quelconque.
Dans cette société, appelée Bitchun, on continue en revanche à mesurer la valeur sociale des êtres humains. Elle se calcule en whuffie, une mesure de la popularité et de la réputation de chacun. Lorsque vous êtes apprécié ou admiré, on vous attribue du whuffie. Dans le cas contraire, votre whuffie diminue. Et quand il devient trop bas, vous êtes méprisé, puis ignoré, et l’on finit par vivre isolé, à l’infini.
C’est dans cet univers qu’à 150 ans le jeune Julius réalise son rêve d’enfance, vivre à Disney World en tant que membre d’une adhoc, une équipe de volontaires dont la mission est d’entretenir et d’améliorer une attraction, en l’occurrence la Maison Hantée. Tout irait pour le mieux si Julius n’était pas un beau jour assassiné et qu’après sa restauration son esprit connaisse des défaillances de plus en plus fréquentes, le poussant à commettre des actions négatives, et voyant son whuffie diminuer dangereusement…
Dans la dèche au Royaume Enchanté décrit donc un univers pour le moins original et donne l’occasion à l’auteur de tenir un discours intéressant sur les technologies de l’information, tout en le projetant dans un futur imaginaire. Avec humour, il nous montre leurs avantages, mais surtout leurs effets pervers, à l’image de cette horloge interne devenue totalement dépendante du réseau. Il est vrai que Cory DOCTOROW, plus qu’écrivain, est journaliste et blogueur, et considéré à ces deux derniers titres comme une personnalité très influente du web. D’ailleurs ce premier roman avait été l’occasion pour lui de démontrer que l’on pouvait distribuer librement son oeuvre sur Internet et connaître le succès en librairie.
Pour autant, l’originalité du propos et l’acte militant ne suffisent pas à faire de son roman une oeuvre véritablement marquante. Car de la genèse de la Société Bitchun on ne sait quasiment rien, les personnages manquent singulièrement d’épaisseur, et le récit est empreint de nombreuses longueurs en dépit de sa taille réduite. Sachant que Dans la dèche au Royaume Enchanté a obtenu le prix Locus du premier roman en 2004, on a donc ici une nouvelle illustration des effets non justifiés d’un buzz médiatique. De celui-ci on ne retiendra finalement qu’une idée originale qui aurait pu être mieux mise en valeur.