Titre Original
La Voix des morts, Orson Scott CARD (Speaker for the dead, 1986) Traduction de Daniel LEMOINE Illustration de Jean-Michel PONZIO J’ai Lu, collection Science-Fiction n° 3848, avril 2001, 448 pages
Genre
Science-fictionEvaluation
Note 5/5
Du même auteur
- Les maîtres chanteurs
- Le Compagnon - T4 Les Chroniques d’Alvin le Faiseur
- La Voix des Morts (T2 Le Cycle d’Ender)
- L’Apprenti - T3 Les Chroniques d’Alvin le Faiseur
- Enchantement
- Le Prophète Rouge - T2 Les Chroniques d’Alvin le Faiseur
- La Stratégie Ender (T1 Le Cycle d’Ender)
- Le Septième Fils - T1 Les Chroniques d’Alvin le Faiseur
- Xénocide (T3 : Le Cycle d’Ender)
- Le cycle d’Ender T3 : Xenocide
- L’homme transformé (récits d’angoisse)
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Le cycle d’Ender T2 : La voix des morts
CARD Orson Scott
Quatrième de couverture
Trois mille ans se sont écoulés depuis l’extermination des Doryphores, et les hommes se croient désormais seuls dans l’univers. Or, sur la planète Lusitania, on découvre l’existence des piggies, bipèdes mi-hommes mi-cochons doués d’intelligence. Des scientifiques sont détachés pour les étudier mais, sans mobile apparent, ils sont assassinés. L’humanité s’interroge : doit-on s’inquiéter de cette nouvelle menace, et la détruire ? Afin de rendre hommage aux victimes, on convoque sur la planète un Porte-Parole des Morts. Mais voilà, dans ses bagages se trouve un cocon où vit la dernière reine des Doryphores. Car cet homme n’est autre qu’Ender, le Xenocide.
L’avis de Philémont
Ender a trente-cinq ans et cela fait trois millénaires qu’il a exterminé les Doryphores. Haï par l’humanité et coupable à ses propres yeux, il passe sa vie d’une planète à une autre, ne demeurant que quelques mois sur chacune d’entre-elles. Andrew Wiggin est ainsi devenu un Porte-Parole des Morts, celui qui rend hommage aux défunts en disant la vérité, en « parlant leur mort ».
Il y a bientôt deux millénaires, le Congrès Stellaire a été constitué, marquant ainsi l’hégémonie de l’humanité sur les planètes de la galaxie. Il est vrai que depuis le Xénocide des Doryphores, aucune espèce intelligente n’a été découverte. Mais quand des colons de culture brésilienne et de religion catholique, qu’ils pratiquent avec la plus grande ferveur, explorent la planète Lusitania, ils constatent que les petits animaux des forêts, baptisés piggies, sont des êtres intelligents. C’est alors l’occasion de se racheter du Xénocide en s’installant de manière limitée sur la planète et en étudiant les piggies sans les gêner en quoi que ce soit. C’est en quelque sorte à un véritable travail d’anthropologie que les colons se livrent.
La donne va toutefois changer lorsqu’un xénologue est sauvagement assassiné par les piggies et qu’un Porte-Parole des Morts est appelé. C’est Ender qui y répond et qui, après vingt-deux ans de voyage, arrive sur Lusitania pour « parler les morts », celles-ci s’étant multipliées depuis l’appel initial.
Dès lors c’est une véritable enquête qu’Ender doit mener. Mais plus qu’une simple enquête policière, c’est une authentique étude des moeurs religieuses qu’il doit produire. La théologie est en effet au coeur de l’intrigue de La voix des morts, le pouvoir épiscopal local n’aidant en rien Ender dans sa quête de vérité, et influençant la population humaine de Lusitania en ce sens. C’est ainsi qu’il doit non seulement lutter contre ses propres démons, mais également contre une population qui lui est intégralement hostile, sans même savoir qui il est réellement.
Ce faisant Orson Scott CARD analyse tous les aspects humains du dogme religieux, en particulier du point de vue des conflits entre les valeurs imposées et les sentiments ressentis. Il s’appuie pour cela sur de sordides histoires de famille et des destins horribles, et évoque des sujets universels tels que l’inceste ou les rapports entre la religion et la science. Il y a d’ailleurs probablement beaucoup de l’auteur dans le roman, CARCD ayant été lui-même missionnaire mormon au Brésil.
Bien sûr, le lecteur peut ne pas être d’accord sur toutes les idées avancées, l’auteur se voulant parfois solennel et conservateur. Mais force est de constater que son histoire est passionnante et émouvante, peut-être même encore plus que celle de La stratégie Ender, parce que plus proche de nous. Il y a aussi une morale universelle, celle selon laquelle la cohabitation d’espèces antinomiques ne peut se faire sans souffrances qu’à la condition de se comprendre et de se respecter mutuellement. Il y a enfin le personnage d’Ender, aussi attachant adulte qu’enfant, et dont la culpabilité le rend particulièrement humain et sensible.