Kane, l’intégrale 1/3

WAGNER Karl Edward

Article publié le mercredi 28 octobre 2009 par Philémont

Quatrième de couverture

Il s’appelle Kane. On raconte qu’il est immortel, que la pierre de sang qu’il porte au doigt lui a ouvert les potes d’Arellarti, la cité préhumaine perdue au cœur du marais de Kranor-Rill. Tremblez, humains ! Car Kane a levé la plus méphitique des armées et a tissé à travers les Terres du Sud les fils d’une intrigue qui lui permettra de devenir empereur… Ce qui ne lui suffira pas, car seul l’univers est à sa mesure. Guerrier quasi invincible, érudit aux sinistres ambitions, personnage infréquentable évoquant à la fois Conan et Sauron, Kane fait partie des personnages les plus mythiques de la fantasy moderne. Le cycle de ses aventures, considéré comme l’œuvre maîtresse de Karl Edward Wagner, comporte trois romans, quinze nouvelles et deux poèmes. Il sera publié dans la présente collection en trois volumes.

Au sommaire de ce premier volume La Pierre de sang, roman La Croisade des ténèbres, roman

Karl Edward Wagner (1945-1994) a reçu le World Fantasy Award à deux reprises.

L’avis de Philémont

Kane est un personnage complexe. Du barbare il a la force physique, de l’érudit les connaissances empiriques, du sorcier les compétences techniques. Toutes ces qualités il les met au service de lui-même, et uniquement de lui-même, pour assouvir ses aspirations au pouvoir. Avec un tel personnage, on pense donc inévitablement à Conan, aussi bien qu’à Elric ou encore à Saroumane, voire à Sauron.

On sait peu de choses sur Kane, mais incidemment on apprend qu’il évolue depuis des siècles dans un vaste univers composé de trois grands continents sur lesquels sont disséminées des cités-états dont l’occupation principale est la surveillance de ses voisins, si ce n’est de leur faire la guerre. Il s’agit donc d’un terrain idéal pour un tel personnage qui emploie sa force et son intelligence dans le cadre de machinations politiques qui vireront inévitablement à l’affrontement brutal. Et quand il ne demeure pas dans les villes ou villages, il croise dans les forêts et autres marais de son monde des créatures peu recommandables qu’il n’a guère de mal à tuer, ou à utiliser à ses fins personnelles.

Quasi inconnu jusqu’alors en France (seule une nouvelle avait été traduite et publiée dans l’anthologie de Marc DUVEAU Le monde des chimères, Presses Pocket, 1981), Kane c’est aujourd’hui une intégrale en trois tomes réunissant les trois romans, quinze nouvelles et deux poèmes où le singulier personnage est mis en scène. Les deux premiers romans sont au sommaire du premier volume.

La pierre de sang (Bloodstone, 1975)

Kane cherche à s’approprier la puissance d’une race disparue et oubliée dans un vaste marécage des Territoires du Sud. Pour cela il s’appuie sur la rivalité de deux cités-états de la région, jouant double jeu en proposant ses services à l’une et à l’autre des deux villes. Ce faisant il obtient la logistique nécessaire à la réalisation de ses projets mais compte bien utiliser le résultat de ses efforts contre ceux-là même qui l’ont aidé sans savoir ce qu’ils faisaient…

La croisade des ténèbres (Dark Crusade, 1976)

Au sud du Grand Continent septentrional, le Chapelli voit émerger un culte qui a la capacité de faire retourner les ombres contre leurs propriétaires. Kane, dont les machinations sont découvertes dans l’une des villes de la région, voit là l’occasion de fuir tout en ayant un nouvel objectif à atteindre : se rendre maître de cette sombre puissance…

Avec ces deux premiers romans, le lecteur trouve donc deux histoires simples à classer dans l’Heroic Fantasy dans ce qu’elle peut produire de plus classique. Kane occupe bien entendu le devant de la scène, en dépit de son statut de personnage machiavélique. On rencontre également de nombreux autres personnages, la plupart hauts en couleur, mais peu originaux dans ce genre littéraire. Notons toutefois la propension de Karl Edward WAGNER à opposer à Kane des personnages féminins aux caractères forts, ceux-ci semblant être les seuls capables de venir à bout du héros, tout du moins à freiner ses ambitions.

Il y a donc peu d’originalité à rechercher dans les deux romans. On peut aussi regretter un vocabulaire parfois alambiqué et répétitif, surtout dans La pierre de sang, et des images aussi fortes que caricaturales, surtout dans La croisade des ténèbres. Néanmoins, les histoires narrées sont bien construites et certaines des idées développées sont intéressantes, comme le parallèle qui est fait entre la science et la sorcellerie. C’est pourquoi les deux récits se lisent sans déplaisir et contenteront à coup sûr les adeptes d’une Heroic Fantasy traditionnelle, ainsi que ceux qui apprécient les personnages ambigus.


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