L’Espace de la révélation (Cycle des Inhibiteurs T1)

REYNOLDS Alastair

Article publié le samedi 12 septembre 2009 par Rekamecaep

Quatrième de couverture

La découverte d’une fabuleuse cité enfouie suscite plus de questions qu’elle n’en résout : Sylveste, qui est archéologue, déchiffre l’histoire des Amarantins, des êtres mi-hommes, mi-oiseaux. Une tribu renégate avait quitté Resurgam pour partir dans les étoiles et, peu après son retour, un mystérieux Evénement avait provoqué l’anéantissement de toute vie à la surface de la planète. Ce cataclysme, les Amarantins l’avaient anticipé… Et s’ils l’avaient eux-mêmes provoqué ? C’est alors que l’équipage d’un gigantesque vaisseau interstellaire décrépit, le gobe-lumen Spleen de l’Infini, vient chercher Sylveste, dans l’espoir que son père, Calvin, sauvegardé après sa mort sous forme de simulation numérique, pourra « réparer » le capitaine, un « chimérique », ou cyborg, plongé en cryothermie afin de ralentir la Pourriture Fondante qui provoque chez lui des mutations monstrueuses. Mais les membres de l’équipage du Spleen de l’Infini ont chacun des intentions cachées…

Résumé

Au XXVIe siècle de notre ère… Dan Sylveste est le seul homme qui soit jamais revenu sain et sauf d’un Voile, une enclave de l’espace environnée de forces gravifiques mortelles. Obéissant à une intuition, il lance une mission d’exploration vers un monde mort : Resurgam.

L’avis de Rekamecaep

Alastair Reynolds est communément rattaché à la vague du NSO (New Space Opera), qui se définit comme un Space Opera aux intrigues et aux personnages plus fouillées, par opposition aux classiques du genre, généralement très manichéens. Reynolds s’est taillé une certaine notoriété dès son premier roman publié, L’Espace de la révélation, premier tome éponyme de son cycle Revelation Space (plus connu en français sous la désignation de cycle des Inhibiteurs).

Au 26e siècle, l’humanité se déplace d’un système planétaire à l’autre à des vitesses relativistes proches de la vitesse de la lumière, survivant aux longs voyages grâce à un sommeil artificiel dans les cuves de cryosomnie. De ce fait les informations circulent lentement d’une branche de l’humanité à l’autre, et sont périmées avant même d’être diffusées. C’est pourquoi on n’a de l’univers de Reynolds qu’une vision très limitée, le récit se concentrant sur les planètes Yellowstone et Resurgam, distantes de quelques années lumières. On peut regretter de se contenter d’effleurer cet univers dans laquelle l’humanité ne se regroupe plus en nations mais en factions : Conjoineurs, Démarchistes et autres Ultranautes resteront donc très mystérieux, du moins pour ce premier tome. L’intrigue suit tour à tour 3 personnages : Dan Sylveste l’oligarque-archéologue, Ilia Voloya, membre de l’équipage d’un gigantesque vaisseau spatial aux activités louches et Ana Khouri, ancienne soldate d’élite devenue tueuse à gage dans un jeu pour aristocrates décadents. La première partie du roman saute d’un lieu et d’une époque à l’autre en suivant ses 3 protagonistes, jusqu’à leur réunion grâce au jeu des vitesses relativistes des voyages dans l’espace. Sylveste se concentre corps et âme à l’étude des Amarantins, espèce extraterrestre ayant autrefois peuplé Resurgam et mystérieusement disparu. Il est cependant rattrapé par son long passé et surtout celui de son père maintenant disparu, dont ne subsiste qu’une simulation numérique de niveau bêta convoitée par l’équipage du globe-lumen.

On plonge facilement dans ce roman, le rythme initial étant soutenu, notamment grâce à l’alternance rapide entre les différents personnages. L’univers esquissé est prometteur et on suit avec intérêt la visite de Chasm City, la capitale anarchique de Yellowstone. Hélas Reynolds évacue petit à petit tout élément extérieur pour se concentrer sur son trio de protagonistes. Toute la seconde partie du roman aura ainsi lieu à huis clos, sur le gigantesque globe-lumen. On ne peut alors que constater la principale faiblesse de l’écriture de l’auteur : malgré ses efforts, il ne parvient pas à donner réellement vie à ses personnages. Tous manquent d’épaisseur, apparaissant distants et froids. Même le triumvirat Sajaki, que Voloya décrit comme un dangereux psychopathe, parait étonnamment calme et lisse. De même Ana, mêlée aux évènements du roman contre son gré pour retrouver son mari, ne parvient pas à susciter la moindre émotion. En effet tous les personnages raisonnent froidement, montrant peu de signes d’émotions, et se livrent à de longues discussions dans des tons détachés très scientifiques. De ce fait, on a parfois plus l’impression de lire une pièce de théâtre qu’un roman, et à ce moment l’héritage des Space Opera semble bien maigre. L’aspect SF réapparait malgré tout dans les descriptions des différentes technologies présentes. Reynolds a su évité le travers de la hard science, et ses courts exposés servent l’intrigue plutôt que l’inverse. Toutefois l’auteur est astrophysicien et ça se sent : ses explications ne s’embarrassent pas de vulgarisation, et certains passages pourront être totalement inintelligibles pour le lecteur moyen non amateur de physique nucléaire ou quantique.

Au final - après une chute un peu ratée d’un point de vue de l’intrigue, mais très réussie pour ce qui est des concepts scientifiques développés - on obtient un roman à des années lumières du lyrisme d’un Dan Simmons ou de la créativité d’un Peter F. Hamilton. L’Espace de la révélation est plus à une distraction pour physiciens qu’un roman grand public, plus attaché à construire un univers crédible scientifiquement parlant qu’à raconter une histoire passionnante. A sa décharge, il s’agit du premier tome d’une tétralogie, aussi il reste beaucoup à écrire sur cet univers à peine dévoilé.


Documents joints

(28.3 ko)
Format : JPG
 
 

Réactions sur cet article

Aucune réaction pour le moment!



 
Propulsé par SPIP 1.9.2g | Suivre la vie du site RSS 2.0