L’île au trésor

PELOT Pierre

Article publié le lundi 3 août 2009 par Philémont

Quatrième de couverture

Le réchauffement climatique a fait son oeuvre en ce XXIe siècle. Le niveau des océans a grimpé, modifiant le tracé des côtes et la géographie interne des continents. Tout au long de ces rivages redessinés, au coeur d’États dévastés et fragilisés, de nouveaux Frères de la Côte sont apparus. Pirates d’une ère nouvelle, pilleurs, mercenaires en tous genres. Flint était l’un d’eux. Un des plus grands, des plus sauvages. Un des plus malins aussi. Tous ses butins, il les a convertis en lingots d’or — seule valeur restée sûre dans ce monde à la dérive — dont il a cache la plus grande partie sur une île connue de lui seul et de ses proches complices. Quelques années plus tard, sur une île des Caraïbes en partie épargnée par la montée des océans, un certain capitaine Bill échoue dans une taverne tenue par Sally-Sea et son compagnon Trelawey. Traqué par une bande de malfrats qui en veulent manifestement à sa peau, Bill va laisser à Jim, le neveu de Sally-Sea qu’elle a recueilli lorsque sa mère a mystérieusement disparu, ce qui ressemble fort a une carte au trésor…

Splendide hommage au chef-d’oeuvre de Stevenson, revisité à l’aune des considérations les plus actuelles, LÎle au trésor façon Pelot nous rappelle tout le prix et toute la profondeur d’un véritable roman d’aventures.

Né en 1945, Pierre Pelot publie son premier roman, La Piste du Dakota, en 1965. Il en a écrit depuis plus de cent cinquante, parmi lesquels L’Été en pente douce, C’est ainsi que les hommes vivent ou la série préhistorique Sous le vent du monde, dans des genres aussi différents que le western, le polar, la science-fiction, le fantastique, la littérature pour la jeunesse, la bande dessinée et la littérature dite « générale ».

L’avis de Philémont

Son titre l’indique, L’île au trésor est un hommage au célèbre roman de Robert Louis STEVENSON, qui a fait rêver bon nombre de générations d’adolescents, et qui influence encore aujourd’hui l’imaginaire collectif, ne serait-ce que pour l’image du pirate qu’il véhicule.

Pour cet hommage, Pierre PELOT choisit la réécriture pure et simple, respectant la quasi totalité de l’intrigue bien connue. Néanmoins, il développe celle-ci dans un univers de science-fiction où, en 2030, la géographie de la Terre a été bouleversée par le réchauffement climatique et la montée des eaux. Le chaos que cela a suscité a bien entendu engendré une nouvelle forme de flibusterie, le fameux capitaine Flint en étant l’archétype, son fabuleux trésor une légende après laquelle courent bon nombre d’aventuriers peu recommandables. Le jeune Jim Hawkins, qui vit sur les restes d’une petite île des Caraïbes, en a fait l’expérience concrète et nous raconte dans le détail son aventure.

PELOT respecte donc l’intrigue de l’oeuvre originale, mais aussi son ton par le biais de la jeunesse du narrateur. Pour le lecteur, le jeu n’est alors pas d’identifier les références au modèle, innombrables, mais bel et bien de détecter les points de divergence, ceux-ci se concentrant sur le cadre de l’histoire imposé par la nature, et sur les noms et situations de certains personnages. C’est ainsi que le Long John Silver de STEVENSON devient Johnny Jump Silver chez PELOT, et que ce n’est plus une jambe qu’il a d’amputée, mais deux, montées sur des prothèses en matériaux composite. De même, le seigneur Trelawney de STEVENSON, garant de l’ordre moral, devient seulement Trelawey chez PELOT, concubin de la mère adoptive de Jim et garant d’un ordre que l’on peut qualifier de pratique. Ce faisant, la similitude dans le ton des deux oeuvres se fait relative, la plus récente étant résolument plus moderne, à l’image de l’époque dans laquelle elle se situe.

Le lecteur de l’oeuvre originale sait qu’une telle intrigue et de tels personnages garantissent la lecture d’un formidable roman d’aventure. Et c’est bien ce que l’on a avec le roman de Pierre PELOT qui a parfaitement su rythmer son récit. En revanche, l’amateur de Science-Fiction risque lui de rester sur sa faim puisque l’auteur n’exploite que très peu son univers apocalyptique, celui-ci relevant quasi exclusivement du décorum et n’ayant guère d’implications dans l’intrigue proprement dite. C’est dommageable pour le caractère personnel de l’oeuvre, et ce d’autant que l’idée de départ en tant que cadre d’une telle histoire est plutôt excitante.


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