Les mille et une guerres de Billy Milligan

KEYES Daniel

Article publié le mercredi 11 mars 2009 par Philémont

Quatrième de couverture

Lorsque Billy Milligan est transféré à l’hôpital d’Etat pour malades mentaux criminels de Lima, dans l’Ohio, il ne sait pas encore que débute pour lui une effroyable descente aux enfers. Passage à tabac, racket, camisole chimique, électrochocs, trahisons et suicides… Dans cet univers de violence et de folie, Tommy, le roi de l’évasion, Arthur, l’intellectuel sophistiqué, Ragen le Yougoslave brutal et les 21 autres « habitants » avec lesquels le lecteur avait fait connaissance dans les Mille et une vies de Billy Milligan devront faire appel à toutes leurs ressources pour survivre. Le récit de ces douze années de lutte acharnée contre l’inhumanité des institutions médicales et judiciaires, l’opportunisme des politiciens, le cynisme médiatique, mais aussi contre le désespoir et la tentation du suicide, se lit comme un palpitant roman d’aventure psychologique. Les 1001 guerres de Billy Milligan, en effet, se livrent également dans les profondeurs de son âme, où pour recouvrer la maîtrise de son destin, il devra se résoudre à affronter son plus grand ennemi : lui-même.

Violente dénonciation de la brutalité et de l’hypocrisie du système psychiatrique américain, cette extraordinaire histoire vraie — très rigoureusement documentée — est aussi une pénétrante réflexion sur la folie et la normalité.

Né à Brooklyn en 1927, Daniel Keyes est mondialement connu pour Des fleurs pour Algernon, traduit à ce jour dans près de trente pays et adapté pour le grand écran. Le destin de Billy Milligan, dont il a tiré un diptyque digne du De sang froid de Truman Capote, sera prochainement adapté au cinéma.

L’avis de Philémont

Suite directe des Mille et une vies de Billy Milligan, Les mille et une guerres de Billy Milligan démarre là où le premier opus s’était achevé : sur le transfert, en octobre 1979, du principal protagoniste dans l’hôpital d’Etat de Lima, dans l’Ohio, où les conditions d’incarcération sont telles que l’établissement est parfois surnommé « l’hôpital de l’enfer ». Démarre alors un rapport circonstancié de la vie de Billy Milligan dans cet établissement, des violences qui lui sont faites, des injustices dont il est la victime, de l’absence de soins adaptés à son état psychologique. Mais Billy se bat avec l’aide d’une poignée de médecins et d’avocats, ce qui le conduit à des transferts d’hôpitaux en hôpitaux jusqu’à sa libération, et sa guérison partielle, en 1991.

Avec ce deuxième roman consacré à William Stanley Milligan, Daniel KEYES adopte donc la même méthode que dans le premier volume. Il s’agit d’un véritable journal relatant la lutte d’un homme contre un système qui ne le comprend pas, et qui ne le souhaite d’ailleurs pas. Selon ce système, la folie ne peut être traitée que cliniquement à l’aide de médicaments abrutissants ; il ne faut en aucun cas la laisser s’exprimer, sous peine de devoir gérer des situations dangereuses auxquelles la seule réponse possible est le châtiment. C’est ce que s’attache à montrer et dénoncer l’auteur à l’aide d’une prose méthodique et précise, presque froide.

On touche ici à la différence de ton entre les deux volumes du diptyque. En effet, Les mille et une guerres est moins émouvant que Les mille et une vies de Billy Milligan du fait que l’auteur ne revient quasiment jamais sur le passé de son personnage, ce qui donnait une grande force émotionnelle au premier récit. On peut aussi s’interroger sur la parfaite objectivité de l’auteur qui, avec les années, est devenu un ami proche de Billy.

Il n’en reste pas moins que le personnage est singulier et que son mode d’incarcération est terrifiant. Pour le faire ressentir aux lecteurs la prose de Daniel KEYES est parfaitement efficace.


Réactions sur cet article

Aucune réaction pour le moment!



 
Propulsé par SPIP 1.9.2g | Suivre la vie du site RSS 2.0