Terre aimée, terre maudite

DARSSE Pierre-Marie

Article publié le mercredi 25 février 2009 par Cyrallen

Quatrième de couverture :

Jeune cadre prometteur, Cyril est détaché à la tête d’une importante filiale de sa société située dans une ville mythique, cité prestigieuse héritière d’un passé tragique, devenue un paradis des affaires.

Il y découvre un univers où le libéralisme ne connaît pas de freins - une Babylone des temps modernes - sanctuaire du business incontrôlé et du sexe marchand dont Dieu et toute spiritualité ont été exclus au profit des seules valeurs de la rentabilité et de la jouissance.

Valeurs que met publiquement en cause Flora, rebelle mystique, prostituée repentie dont la beauté subjugue Cyril. En devenant l’amant de cette fascinante et mystérieuse prédicatrice qui ne cesse, en vain, de lancer des messages d’alerte, il découvre la face cachée d’un monde aveuglé par son orgueil et ses fausses certitudes qui, sans s’en douter, court à sa catastrophe.

L’avis de Cyrallen :

Un roman efficace qui se lit très bien, à l’écriture fluide et accrocheuse.

La trame raconte comment, dans une Cité pas si futuriste que cela, les citoyens se divisent en deux catégories : l’élite minoritaire au pouvoir, qui tient les plus puissantes sociétés entre ses mains et cherche à tout prix le profit, quitte à laisser pour compte l’autre catégorie d’habitants : les désespérés, "ceux qui ne suivent pas", incompétents ou simplement malchanceux tombés en déchéance dans une société qui ne laisse pas de seconde chance. Tous vivent dans les "couloirs de la honte" ou "l’espace de la désespérance", lieux où règnent la faim, le viol, le meurtre et la corruption.

Dans un monde déshumanisé où seul l’argent et le succès comptent, une fraction des laissés-pour-compte décide de passer à l’action, quitte à s’auto-détruire puisqu’ils n’ont plus rien à perdre : "l’armée de l’ombre" recrute parmi les désespérés et les suicidaires qui en veulent à la Cité entière pour tout le mal qu’elle leur a fait depuis leur naissance et parfois même avant.

Un personnage émerge de cette nuée d’âmes sombres et perdues : Flora, la mystique prostituée, la princesse déchue, prend la parole chaque soir sur l’Agora pour prédire les pires catastrophes si les dirigeants ne réagissent pas rapidement pour remettre un peu d’humanité dans leurs affaires financières.
Elle trouve en Cyril, jeune dirigeant prometteur venu de l’étranger et au poste très haut-placé, une oreille plus qu’attentive.
Leur but commun sera de sauver ceux qui veulent bien l’être d’une fin inéluctable, tout ça guidés par la voix de Dieu, qui parle à Flora depuis toute petite (sorte de Jeanne d’Arc moderne).

Un roman bien mené, au style limpide et aux personnages attachants. Quelquefois un peu trop mystique, même si les visions de Flora sont la base de ses prémonitions, Terre Aimée, Terre maudite nous conforte dans l’ambiguïté que recèle en elle l’humanité, capable du meilleur comme du pire.

Extrait :

Sportif, séducteur, à l’aise dans toutes les disciplines, titulaire des diplômes les plus prisés, Cyril put briguer d’emblée un poste de responsabilité dans son domaine de prédilection : les montages financiers et la gestion de fortune. Il passa les premières années à la direction générale de son entreprise, franchissant allègrement les échelons hiérarchiques. Un jour, un membre de l’état-major, récemment nommé pour gérer les carrières des cadres dits à haut potentiel, le convoqua dans son bureau.
- Cyril, tu as toujours oeuvré à la maison mère, au sein des services centraux. Le moment nous paraît venu pour toi de prendre ton envol. Un poste est disponible à la tête d’une de nos filiales et j’aimerais qu’il te soit confié. La proposition va peut-être te surprendre, voire t’inquiéter, mais ton goût du risque et de l’aventure justifie que tu y réfléchisses. Tu as entendu parler de cette terre lointaine, de sa cité bâtie sur les ruines d’une civilisation détruite, dit-on, par la colère des dieux, devenue un paradis de la finance et des affaires ? Sans y être allé, Cyril connaissait ce pays, héritier d’un passé légendaire et prestigieux, à la pointe de la technologie, où l’argent était roi et les filles, paraît-il, si belles mais qui, sécrétant la misère autant que la fortune, était vulnérable et dangereux. La société avait ouvert dans la cité une filiale dont le directeur général venait d’être enlevé et assassiné dans des conditions jamais élucidées, sans que l’on eût réussi à arrêter les responsables du drame. Il n’était pas le premier dirigeant d’entreprise à connaître un sort analogue. La hiérarchie lui cherchait en vain un successeur, les candidats approchés ayant refusé en raison des risques. Et voilà qu’on lui proposait ce poste difficile, passionnant et redouté.


Réactions sur cet article

Aucune réaction pour le moment!



 
Propulsé par SPIP 1.9.2g | Suivre la vie du site RSS 2.0