Guide du routard galactique T3 : La Vie, l’Univers et le Reste

ADAMS Douglas

Article publié le lundi 17 décembre 2007 par Cyrallen
Mis à jour le jeudi 20 décembre 2007

Quatrième de couverture :

Mais que fait donc Arthur Accroc avec un sac en peau de lapin et un os dans le nez au beau milieu d’une finale de cricket ? Et que fait Marvin, le triste androïde paranoïde, à se rouiller les transistors dans les marais de Coinslab-Huhl ? PAS DE PANIQUE ! Toutes les réponses dans cet ouvrage fondamental, qui vous enseignera aussi, entre autres : * l’art de voler (il suffit de rater le sol en tombant) ; * la bistromathique (étude de la relativité des chiffres portés sur les notes de restaurant) ; * … et mille autres subtilités qui raviront les esprits curieux. Ce roman fait suite au Guide du Routard Galactique et au Dernier restaurant avant la fin du monde. La magie des paradoxes temporels permet toutefois de les lire dans n’importe quel ordre.

L’avis de Cyrallen :

Décidément, Arthur Accroc a besoin de vacances. Au milieu des envahisseurs venus de Kriquète convaincus qu’il faut éradiquer le reste de la galaxie parce que ça leur chante, des improbabilités hautement probables du fait des boucles temporelles chahuteuses, de l’infaillible Guide du Routard Galactique qui donne toutes les astuces pour apprendre à voler en un rien de temps (et ce, sans matériel), Arthur Accroc et ses amis ne savent plus où donner de la tête.

Je ne résiste pas à mettre plusieurs extraits de cette aventure galactique drôle (souvent), hilarante (parfois, attention, à ne pas lire dans le métro !) qui donne un peu dans toutes les directions, mais qui finit par rassembler ses morceaux un à un pour l’apothéose finale.

Cette suite à rebondissements contient plus d’un tour dans son sac, et tant pis pour le reste, puisqu’il qu’on a déjà la vie et l’univers :)

Extraits :

"Il laissa son excitation retomber puis s’assit sur le divan - prudemment . Trillian s’assit aussi. Il était bien réel. Du moins, s’il n’était pas réel, il les soutenait assurément et puisque c’est là ce que tous les sofas sont censés faire, ceci, pour autant qu’ils sussent, était sans conteste un solide sofa.(1) (1) Le lecteur qui n’a vraiment rien d’autre à faire pourra toujours s’amuser à prononcer très vite cette phrase à haute voix (N.d T.)"

"Un autre monde, un autre jour, un autre matin. Le premier mince rai de lumière de l’aube apparut dans le silence. (…) Il est un moment à chaque aube où la lumière est comme en suspens ; un instant magique où tout peut arriver. La création retient son souffle. Ce moment passa, comme il passait régulièrement sur Coinslab-Huhl Bêta, c’est-à-dire sans incident notable. La brume s’attardait, accrochée à la surface des marais, nappant de gris les arbres et noyant les hautes herbes. Figée, immobile, comme retenant son souffle. Rien ne bougeait. C’était le silence. Le soleil lutta sans conviction contre la brume, cherchant à diffuser ici un peu de chaleur, là un peu de lumière mais manifestement aujourd’hui encore n’allait être qu’une vaine et longue route à travers le ciel. Rien ne bougeait. Toujours le silence. Rien ne bougeait. Silence. Rien ne bougeait. Très souvent, sur Coinslab-Huhl Bêta, des journées entières s’écoulaient ainsi et ce jour allait manifestement être de ceux-là. Quatorze heures plus tard, le soleil se coucha derrière l’horizon opposé, désespéré et convaincu de la totale vanité de ses efforts."

2- A y repenser, le premier choc en cet instant avait été pour lui de découvrir qu’il possédait effectivement une âme. A vrai dire, il avait toujours plus ou moins suspecté en avoir une - tout comme il possédait un assortiment complet de tout le reste - mais découvrir, comme ça, à l’improviste, la chose tapie au fond de lui, ça lui avait flanqué une sacrée secousse. Et puis découvrir (second choc) que ce n’était pas l’objet absolument magnifique qu’on pouvait s’attendre à rencontrer de plein droit chez un homme dans sa position, il y avait eu de quoi être secoué de nouveau. Puis il avait alors réfléchi à ce qu’était réellement sa position et, sous ce nouveau choc, il avait bien failli renverser son verre. il se dépêcha de l’écluser avant que ne lui advienne quoi que ce soit de fâcheux. Puis il s’en envoya un second, histoire de filer le premier et vérifier qu’il était bien passé. "La liberté", dit-il tout haut. (…) Trillian apparut à cet instant sur le pont et lança deux trois considérations enthousiastes sur ce thème de la liberté. "… je n’arrive pas à m’y faire", termina-t-il sombrement, avant de s’enfiler un troisième verre - chargé quand à lui de voir pourquoi diantre le second n’avait pas encore rendu compte des activités du premier. Il considéra ses deux interlocutrices avec incertitude et préféra finalement celle de droite. Il dépêcha un nouveau verre par son second gosier - avec mission de rattraper le précédent au confluent et, aidé de ce renfort, d’aller ensemble aider le second à se ressaisir. Ensuite, à eux trois, ils pourraient se mettre à la recherche du premier, le sermonner vertement et - éventuellement - lui sonner un peu les cloches. N’étant pas certain que le quatrième verre avait bien tout compris, il en enfila un cinquième chargé d’expliquer plus complètement ce plan, puis un sixième en guise de soutien moral.

3 - Voici ce que le Guide du Routard Galactique avait à dire sur la question : Il existe un art, ou plutôt un truc, pour voler. Le truc est d’apprendre à se flanquer par terre en ratant le sol. Choisir de préférence une belle journée pour s’y essayer. La première partie est facile : elle requiert simplement la capacité à se jeter en avant de tout son poids et la volonté de ne pas avoir peur de se faire mal. C’est à dire de se faire mal si on arrive pas à rater le sol. La plupart des gens n’arrivent pas à rater le sol et s’ils s’y sont bien pris, il est probable qu’ils n’arriveront pas à le rater assez durement. A l’évidence, c’est bien dans la seconde partie, le ratage, que résident principalement les difficultés. Le problème est en effet qu’il faut parvenir à rater le sol accidentellement. Inutile de vouloir délibérément rater le sol : ça ne marchera pas. Il faut avoir l’attention subitement distraite à mi-parcours, de manière à ne plus penser à la chute, au sol, ou à quel point ça va faire mal si on manque de le rater. Il est notoirement difficile de détourner son attention des trois susdits éléments durant la fraction de seconde dont on dispose. D’où l’échec constaté chez la majorité des gens et leur conséquente déception quant à la pratique de ce sport pourtant exaltant et spectaculaire.

4- C’était en effet un vaisseau d’une beauté sensationnelle, d’un gigantisme époustouflant (…) mais voilà, pour son malheur, il avait été construit aux tout premiers jours de la physique improbabiliste, bien avant que cette branche délicate et combien capricieuse de la connaissance fût parfaitement, si même un tantinet, comprise. Ses architectes et ingénieurs avaient décidé, les innocents, de l’équiper d’un prototype de générateur d’improbabilité, censément chargé garantir l’infinie improbabilité de la survenance à bord de tout évènement fâcheux. Ils ne s’étaient pas rendus compte, les insensés, qu’à cause même de la nature circulaire et quasi réciproque de tous les calculs improbabilistes, tout ce qui était infiniment improbable avait en fait toutes les chances de se produire presque immédiatement. Le Titanic offrait un spectacle majestueusement superbe, ainsi posé tel un Mégacachalot argenté d’Arcturus, pris dans l’écheveau des portiques de montage, sous le faisceau des lasers, brillant nuage constellé d’aiguilles et de têtes d’épingles lumineuses posé sur les ténèbres profondes de l’espace interstellaire ; mais une fois lancé, il n’eut pas même le temps de finir de transmettre son tout premier message radio - un SOS - qu’il subissait une aussi soudaine qu’injustifiée totale panne d’existence. Toutefois, le même évènement qui vit le désastreux échec d’une science encore balbutiante devait également servir l’apothéose d’une autre. Il fut en effet prouvé sans discussion que la retransmission Tri-Vé du lancement avait été regardée par un nombre de spectateurs supérieur au total de la population vivant à l’époque, ce que l’on a reconnu depuis comme étant l’un des plus grands succès de la science des indices d’écoute.

5- Et c’est là le hic. Nous ne pouvons pas gagner face à l’obsession. Eux, ils se passionnent pour des tas de choses. Pas nous. Ils gagnent.
- Mais moi je me passionne pour des tas de choses" observa Saloprilopette la vois tremblante, à moitié d’irritation mais à moitié d’incertitude, aussi. "Telles que ?
- Eh bien la vie, l’univers. Et le reste, franchement. Je ne sais pas moi,les fjords…
- Vous seriez prêt à mourir pour eux ?
- Les fjords ?" Il en cligna des yeux de surprise. "Non.
- Vous voyez bien.

6- "Hello ?" redit-il, cette fois en essayant d’y mettre une note d’autorité rugueuse et farouche. "Y a quelqu’un ?" Pas de réponse, rien. Cela démonta Arthur plus encore que ne l’aurait fait une réponse et il se mit à battre en retraite devant cet effrayent néant. Et plus il battait en retraite et plus il se sentait effrayé. Au bout d’un moment il se rendit compte qu’il fallait en rechercher la raison dans tous ces films qu’il avait pu voir où le héros ne recule de plus en plus devant quelque terreur imaginaire que pour mieux emplafonner celle qui se pointe subrepticement par-derrière. Juste à cet instant précis lui vint l’idée de se retourner plutôt vivement. Il n’y avait rien non plus. Rien que les ténèbres. Là, ça le démonta franchement et il se mit à reculer dans l’autre direction - celle d’où il était venu. Après quelques instants de cette manœuvre, il lui vint soudain à l’esprit qu’il était à présent en train de reculer vers ce devant quoi il avait justement entrepris de reculer en tout premier lieu. Ceci, ne put-il s’empêcher de penser, ne pouvait qu’être particulièrement stupide. Il décida qu’il vaudrait mieux pour lui battre en retraite dans sa direction initiale et il opéra donc un nouveau demi-tour. Il se révéla à cet instant que sa seconde impulsion avait bien été la bonne car un monstre d’une hideur indescriptible se dressait tranquillement derrière lui. Arthur béa furieusement comme si sa peau avait envie de détaler d’un côté et son squelette de l’autre tandis que son cerveau aurait cherché à savoir par quelle oreille il valait mieux s’immiscer pour déguerpir.

7- L’être possédait la plus étonnante collection de dents qu’il fût donné de voir. Elles avaient l’air de provenir chacune d’un animal complètement différent et elles étaient disposées dans sa bouche selon des angles si bizarres qu’il semblait que si jamais lui avait pris l’idée de vouloir mâcher quelque chose, il se serait lacéré la moitié du visage dans l’opération, voire peut-être arraché un oeil dans la foulée. Chacun de ses trois yeux intenses et minuscules semblait aussi frais qu’un poisson abandonné sur une haie de troènes."


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