Les larmes d’Artamon T1 : Seigneur des neiges et des ombres

ASH Sarah

Article publié le mardi 2 décembre 2008 par Philémont

Quatrième de couverture

Trois royaumes. Un homme. Une destinée écrite en lettres de sang.

Gavril Andar mène dans le Sud une vie paisible… jusqu’au jour où de féroces guerriers viennent bouleverser cette sérénité. Ramené de force dans le royaume hivernal d’Azhkendir, il apprend que le roi, son père qu’il n’a jamais connu, a été assassiné, et que dans ses veines coule le sang brûlant du Drakhaoul. Dès lors, le destin du jeune Gavril est scellé. Prisonnier de Kastel Drakhaon, cerné par les glaces, il est censé venger la mort de son père. Mais le jeune homme doit lutter pour garder son âme humaine et retenir les sombres instincts qui menacent de s’emparer de lui. Car être Drakhaon ne signifie pas seulement accéder au trône d’Azhkendir : cela implique aussi de devenir un guerrier-dragon, d’une puissance extraordinaire… et de puiser dans le sang d’innocents pour survivre !

Avec cette trilogie, Sarah Ash s’impose comme l’une des plus belles voix de l’heroic fantasy romanesque, aux côtés de Robin Hobb et Sara Douglass.

L’avis de Philémont

La Rossiya est un Empire morcelé entre le Muscobar et la Smarna au sud, le Tielen, l’Azhkendir et le Khitari au nord. Seuls deux d’entre eux se disputent toutefois l’hégémonie : c’est le Tielen, dirigé par le prince Eugène. et le Muscobar, dirigé par la famille Orlov. Mais c’est sur l’Azhkendir, royaume bien moins évolué que ses deux voisins, et dirigé par le Drakhaon, que le prince Eugène tourne son regard pour l’emporter sur la famille Orlov. Il fait ainsi assassiner le Drakhaon pour placer sur le trône d’Azhkendir un homme qui lui est tout acquis. Ce qu’il ignore, c’est que le Drakhaon assassiné avait un fils, réfugié depuis sa prime jeunesse à la frontière entre le Muscobar et la Smarna.

Cet enfant c’est Gavril Andar. Celui-ci ignore tout de son ascendance, et c’est même pour devenir peintre qu’il a été élevé par sa mère. Mais peu importe son éducation, il est désormais le Drakhaon, et les Druzhina, guerriers de l’Azhkendir, l’enlèvent pour le ramener dans son château. Là il découvre qu’il a beau être roi, il n’en est pas moins prisonnier et destiné de surcroît à affronter un terrible destin. C’est celui du continent Rossiya tout entier, mais c’est aussi celui de tout homme de son sang, appelé à devenir un guerrier-dragon, donc à perdre son humanité au profit d’un esprit d’une puissance extrême : le Drakhaoul.

L’intrigue de fond de Seigneur des neiges et des ombres ainsi présentée ne présage pas d’une très grande originalité. Et en effet ce roman se situe dans la plus pure tradition de la Fantasy initiatique dont les EDDINGS et autres WILLIAMS, entre autres, se sont fait les spécialistes. Néanmoins, l’oeuvre présente des qualités certaines sur lesquelles il convient de s’arrêter.

Ce sont tout d’abord des idées originales dans les sources d’inspiration des différentes forces en présence. C’est par exemple le Muscobar, qui s’inspire ouvertement de la Russie tsariste du XIXème siècle. C’est aussi le Tielen, plus occidental, et certainement inspiré d’un pays comme l’Autriche ou la Suisse. Mais c’est surtout l’Azhkendir, qui n’est pas sans rappeler les Carpates, et notamment la Transylvanie, non seulement pour sa géographie mais aussi pour le rôle que cette région a joué dans l’inspiration de Dracula. Et de fait Sarah ASH mélange habilement deux mythes, celui du dragon et celui du vampire, pour se les approprier de manière novatrice par l’intermédiaire du Drakhaon.

Une autre qualité de Seigneur des neiges et des ombres est à rechercher dans la plume de l’auteure. Celle-ci est certes simple, mais elle est superbement rythmée et parfaitement structurée. C’est pourquoi Sarah ASH tient ses lecteurs captifs tout au long du roman grâce à des rebondissements parfaitement enchaînés. Sachant que la trame principale est cousue de fil blanc, ce n’est pas un mince exploit. Et puis il y a une galerie de personnages parfaitement caractérisés. Certains sont plus attachants que d’autres, mais tous sont intéressants et complexes, ce qui les rend crédibles.

Notons enfin que Seigneur des neiges et des ombres a beau n’être que le premier tome d’une trilogie intitulée Les larmes d’Artamon, le roman est doté d’une véritable fin qui lui confère toutes les qualités d’une oeuvre indépendante. En cette époque de cycles interminables, parfois inachevés et souvent morcelés n’importe comment, c’est aussi une qualité qu’il convenait de signaler.


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