La mémoire des pierres

SCHNEPF philippe

Article publié le mercredi 27 août 2008 par Cyrallen
Site à visiter: Les Presses du Midi

Quatrième de couverture :

Le grand vagabond est envoyé dans la constellation du Sagittaire vers l’étoile Kaus-Australis, à la recherche de Mnémosyne, une jeune scientifique, disparue sur son vaisseau laboratoire le Stonehenge.

Elle expérimentait une nouvelle technologie issue des pierres de mémoire permettant de faire apparaître les images transportées par la lumière circulant dans l’univers.

A cette époque les voiliers solaires naviguent d’une galaxie à l’autre à des vitesses bien supérieures à celle de la lumière. Mais quand on dépasse la vitesse de la lumière on rattrape les images du passé.

Aux confins de l’univers, les images prennent vie, nos peurs et nos fantasmes deviennent la réalité. La Grand Vagabond, Mnémosyne et le professeur Analytoff vont se trouver confrontés à des scènes du passé issues des ouvrages de Rosny-Aîné, Kessel, Orwell, Malraux ou Stevenson.

L’avis de Cyrallen :

Cette aventure galactique de bonne facture nous plonge aux confins de l’univers, dans un presque huis clos oppressant.

A la limite du genre terreur pour certains passages peuplés de monstres tout droit sortis de l’imaginaire collectif, nous plongeons avec le vaisseau Kepler inexorablement vers la fin de la civilisation telle que les aventuriers des temps futurs, dominant l’univers, la connaissent.
Beaucoup de passages jouent avec des séquences issues de romans célèbres (les dernières lignes issues de la Guerre du Feu de Rosny-Aîné sont d’ailleurs assez angoissantes et laissent à méditer…)

Nous suivons les pas d’un explorateur après le 41ème siècle, Le Grand Vagabond, mandaté par L’Esclave Suprême, possesseur de la Charge la plus Haute de l’Univers. Son but sera d’enquêter sur les fameuses pierres de mémoire, qui permettent de faire défiler les images du passé pour mieux les étudier.
Sa première mission sera de retrouver Mnémosyne, la chercheuse la plus avancée sur le sujet, dont on a plus aucune transmission depuis quelques mois et qui a laissé un dernier message très intriguant.

Sur le Kepler, seuls des avatars d’équipage et quelques robots permettent au Grand Vagabond de ne pas se sentir le seul être humain à bord.

Mais étrangement, il semble que les images de l’univers captées par les pierres de mémoire du vaisseau prennent lentement corps lorsque l’on voyage aux confins de l’univers. Lorsque les images des Cavaliers de Joseph Kessel se mettent à prendre forme et à attaquer, le doute n’est plus permis : les pierres de mémoire, dispersées dans toutes les galaxies, peuvent entraîner la destruction de chacune des bases avancées de l’humanité, qui a choisi depuis longtemps de déserter la Terre, devenue sanctuaire.

Beaucoup de bonnes trouvailles : les immenses voiles de l’espace qui permettent d’utiliser les photons pour se déplacer, l’atterrissage sur un astéroïde et la proximité d’un trou-noir, les avatars de l’équipage qui prennent corps pour devenir menaçants, les références au Dieu hindouiste de la Sagesse Ganesh matérialisé par les pensées humaines, les nombreuses séquences de romans qui prennent vie, l’incroyable maîtrise et l’ingéniosité dont fait preuve Le Grand Vagabond, héros des temps futurs…

Un roman efficace et qui se lit d’une traite, avec une très bonne idée de base que sont les images qui voyagent dans l’univers à la vitesse de la lumière. A recommander.

Extrait :

C’était le matin, et l’or d’un soleil tout neuf tremblait sur les rides d’une mer paisible. À une encablure du rivage, un bateau de pêche, relevant ses filets, invitait au petit déjeuner, et son appel transmis dans les airs attira mille goélands, virevoltant autour du Kepler, et se disputant les débris de poisson. (Richard Bach, Jonathan Livingston le goéland).

Nous entrions dans le champ de Mémorex 3, un des premiers capteurs de passé. Une foule d’images se succédèrent, se croisèrent à une cadence élevée. Ils étaient au centre du gigantesque film incohérent de la vie qui venait de se dérouler sur Terre, quelques instants ou quelques millénaires auparavant. Les premiers travaux sur les pierres de mémoire, que le Grand Vagabond avait ramenées d’une de ses précédentes expéditions, avaient permis de commencer à contrôler leur activité. Placées au départ dans un système de triangulation satellitaire, elles pouvaient capter les parcelles de lumière, les photons, rayonnement de toute chose, et qui contiennent l’image de leur origine. Ces pierres avaient la capacité de réordonner, dans certaines limites, ’agencement d’origine, les photons conservant en eux-mêmes l’empreinte des photons voisins. Elles pouvaient ainsi redonner vie aux images du passé. Depuis, la méthode s’était considérablement améliorée, notamment grâce aux célèbres travaux d’une jeune scientifique du nom de Mnémosyne. Ainsi, en s’éloignant à des vitesses supérieures à la vitesse de la lumière, il était possible de rattraper les images du passé, de les piéger avec les pierres. Le voyage dans le temps devenait une réalité quotidienne. Les images disparurent progressivement, permettant d’apercevoir la ceinture de stations orbitales construites par l’homme. À l’extérieur de l’orbite lunaire, d’innombrables structures avaient été créées, générées par l’activité des astroports et la volonté de protéger la Terre de toutes activités polluantes. Le paradis terrestre était en reconstitution, au prix de la pollution de l’univers.


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