Les Cavaliers Des Lumières (T1 : Le Règne de la Barbarie)

AUBERT et CAVALI

Article publié le jeudi 14 août 2008 par Cyrallen
Mis à jour le samedi 13 décembre 2008
Site à visiter: Edition Plon

Quatrième de couverture :

Théodora est une joueuse online hors pair. Elle a atteint un niveau record contre les "Barbarians Killers" et elle fait désormais partie du clan des "Cavaliers des Lumières", les cinq meilleurs joueurs mondiaux.

Mais Théodora détient la preuve que les "Barbarians Killers" s’incarnent sur terre et qu’ils ont pour mission d’éliminer tous les Cavaliers ! La jeune fille et ses compagnons découvrent peu à peu qu’ils sont aussi de redoutables guerriers.

L’avis de Cyrallen :

Dans la collection jeunesse des éditions Plon est paru il y a quelques mois "Les cavaliers des Lumières". Dans celui-ci, la jeune Théodora vit avec son père depuis le décès trouble de sa mère suite à un accident de voiture. Elle n’est pas très impliquée à l’école et se réfugie dès qu’elle le peut dans un jeu vidéo online où elle retrouve quatre autres joueurs de très haut niveau mondial, comme elle.
Mais petit à petit, il semble que certaines créatures sortent du jeu pour entraîner dans la vie réelle des "accidents" incompréhensibles pour les témoins des drames puisque ces "barbarians killers" ne sont visibles que de théodora. Et chaque fois, ces créatures du jeu semblent la narguer, s’attaquant à des inconnus qui viennent de l’aider ou qui lui sont proche.

Théodora va bientôt découvrir qu’elle a un important rôle à jouer puisqu’elle fait parti des cinq Cavaliers des Lumières, héros ayant traversé les âges et les mondes. Ils devront empêcher ces Barbarians Killers d’envahir leur propre monde et mieux, ils devront entrer dans le jeu pour sauver le Monde Perdu, d’où ils sont originaires, de ces hordes barbares. Et il faut faire vite, les résistances de la Reine et des quelques créatures magiques qui luttent à ses côtés vont bientôt céder.

Un roman jeunesse dont le début commence relativement bien, trame classique, mélangeant le monde tel que nous le connaissons et un univers parallèle (voir la Tapisserie de Fionavar de Guy Gavriel Kay ou plus récemment la Confrérie des âmes de Vincent Villeminot), dont les personnages ne savent pas encore s’il existe réellement ou s’il fait seulement parti du jeu.

Mais ensuite, on s’enlise très vite dans les clichés et autres lieux-communs de ce type de roman de science-fantasy. Par exemple, ici les "faiseurs" qui possèdent des pouvoirs de mage (la source de leur magie ou leur technique n’est d’ailleurs absolument pas développée…) sont tout droit inspirés du cycle d"Alvin le Faiseur" d’Orson Scott Card, maître en matière de fantasy et grand raconteur d’histoires.

Les personnages secondaires pourraient être davantage développés, les combats pourraient être plus fouillés, les dialogues entre personnages sont un peu trop naïfs à mon goût, les créatures magiques manquent d’envergure (par exemple le dragon qui fait une brève apparition, uniquement pour se mettre à papoter avec Théodora détruit tout le mystère associé à cet animal mythique !)
On a également l’impression que la solution des énigmes se dévoile sans trop de difficulté à Théodora, ce qui rend l’ensemble du scénario peu crédible et lui fait perdre de son intérêt.
Peut-être que le second tome, qui doit paraître en novembre 2008, développera davantage ces personnages secondaires qui font toute la saveur d’un bon roman de fantasy.

Je n’ai donc pas vraiment accroché à ce premier tome d’une trilogie pour la jeunesse (le premier d’un cycle de cinq volumes) et ne le recommande qu’aux jeunes lecteurs intéressés par les histoires de mondes parallèles ou les jeux online.

Pour compléter cet avis, allez faire un petit tour sur Wikipédia, tous les personnages sont détaillés et cela permet de se faire une meilleure idée si vous voulez vous lancer dans ce cycle.

L’avis de Philémont :

Note 3/5

Théodora est une adolescente parisienne qui vit seule avec son père depuis que sa mère est décédée tragiquement. Perturbée, elle a coupé les ponts avec ses amis et obtient des résultats médiocres au collège, au point d’avoir redoublé sa quatrième.

Son échappatoire c’est l’Internet, et plus précisément un jeu en ligne, Barbarian Killers, dans lequel elle excelle, au point d’être classée parmi les cinq meilleurs joueurs au monde. Elle y incarne Fennec des Sables qui, en collaboration avec les quatre autres joueurs ayant atteint le plus haut niveau du jeu, doit combattre l’Armée de l’Obscur. Et la passion de Théo est telle qu’elle ne sait plus très bien où se situe la frontière entre le jeu et la réalité. Il lui arrive ainsi d’être "transférée" physiquement dans le jeu ; il lui arrive aussi d’être le témoin d’accidents dans la vie de tous les jours, et dont les Barbarians semblent être à l’origine. Mais le véritable problème est qu’elle est la seule à voir ces Barbarians, et qu’elle est contrainte de s’interroger sur sa santé mentale en même temps que sur l’existence d’un univers parallèle.

Ses discussions avec ses colistiers sur le chat réservé du jeu la convainquent que deux mondes parallèles coexistent bel et bien. Dès lors les interrogations se multiplient dans l’esprit de Théo, parmi lesquelles la façon dont s’opère le passage d’un univers et l’autre, et le rôle qu’elle est appelée à jouer dans l’invasion manifeste du monde réel par les Barbarians.

Une thématique de fond banale dans une collection dédiée à la jeunesse n’est pas très incitatif pour le lecteur potentiel en quête d’une Fantasy riche à défaut d’être novatrice. De fait, Le règne de la barbarie est avant tout un roman pour la jeunesse, son style narratif, et parfois naïf, en témoignant. De plus les rebondissements et révélations se succèdent à un rythme soutenu, ponctués ici et là de traits d’humours auxquels le public cible ne devrait pas être insensible.

Mais Le règne de la barbarie n’est pas que cela, bien au contraire. Il est aussi un roman qui recèle des qualités bien plus profondes qu’il n’y paraît de prime abord.

En premier lieu les deux auteures s’intéressent aux problèmes inhérents à l’adolescence d’aujourd’hui comme, par exemples, les rapports conflictuels avec l’autorité parentale ou les difficultés propres aux familles monoparentales. Ces sujets sont certes évoqués rapidement, mais ils le sont de manière si subtile que les lecteurs adolescents ne devraient pas avoir de mal à s’identifier à Théodora.

En second lieu l’existence d’un univers parallèle est le moyen d’évoquer la culture celte, tant dans son aspect historique que dans son aspect mythologique. Brigitte AUBERT et Gisèle CAVALI dissertent alors de manière tout à fait poétique pour montrer que les mythes et légendes originels ont façonné notre inconscient collectif et que s’en souvenir c’est comprendre le monde et tous les êtres qui le peuplent. A ce niveau, il ne serait d’ailleurs pas étonnant qu’une telle lecture ne soit pas aussi riche d’enseignements pour bien des lecteurs adultes.

Il y a donc deux niveaux de lecture dans Le règne de la barbarie, premier tome de la pentalogie Les Cavaliers des Lumières. Et l’on se surprend à oublier bien vite le premier, le plus facile et le plus prévisible, pour se laisser transporter par le second, bien plus riche et inattendu.

Extrait :

Son regard erra d’abord à travers la fenêtre, puis vers le tableau et enfin, d’un air distrait, survola l’espace du bureau de la prof, où celle-ci, la tête baissée, corrigeait des copies.
Ce fut à ce moment que cela se produisit.
Lentement, d’un air concentré, la prof releva la tête de ses dossiers, au moment même où un nuage voilait le rayon de soleil qui jusque-là s’attardait sur les feuilles. Elle croisa le regard de Théo et elle lui fit un gentil sourire. Pour l’encourager. En fermant un instant ses paupières avec bienveillance.
Et Théo le vit.
Lui, le Barbarian. Se superposant tout d’abord au visage de la prof, il finit par la remplacer tout à fait. Théo le reconnut immédiatement.
Les Barbarians, dans le Jeu, s’organisaient en cohortes structurées, menées par des chefs féroces. L’un d’eux, Yaraki, s’était souvent retrouvé en travers de la route de Théo. Yaraki, le chef des Rampants. C’était lui qui se tenait là, maintenant, à la place de sa prof de maths. Avec son casque à mandibules aux éclats laqués, duquel dépassait une longue chevelure noire, raide et brillante, qui semblait se soulever au ralenti à chacun de ses mouvements. Avec ses mains gantées d’acier, et, surtout, avec son oeil unique, immense, globuleux, perçant, dans son visage difforme, qui la fixait d’un regard haineux, brûlant et légèrement moqueur.
Détail répugnant, les paupières de son oeil gauche avaient été cousues à gros fil d’une main malhabile, et la cicatrice rougie laissait s’écouler un liquide purulent qui formait des croûtes jaunâtres au contact de l’air. Un visage qu’on ne pouvait pas inventer, même dans le plus diabolique des cauchemars.
Yaraki avait pris possession de la prof de maths !
Théo sursauta, effrayée, n’en croyant pas ses yeux. Yaraki la dévisageait avec cruauté et, lentement, silencieusement, il entrouvrit l’orifice sans lèvres apparentes qui lui servait de bouche. Puis il se mit à articuler des mots à la suite les uns des autres, et bien que n’émettant aucun son, le message fut très clair pour Théo :
- ON VOUS AURA TOUS !
Médusée, elle poussa du coude son voisin, soulagée de sentir qu’il était toujours là, ainsi que toute la classe, d’ailleurs.
- T’as vu la prof ?
- Ben quoi ?
- Tu vois pas ? Comment elle me regarde ? On dirait que c’est pas elle !
- Lâche-moi avec tes délires. Elle est normale, toujours la même, Berdoin, quoi !
- Pas du tout ! Elle a l’air malade, tu vois pas ?
- C’est toi qui es malade !
Berdoin se leva brusquement, courroucée par le comportement de Théo.
- Théodora ! Essayez de travailler un peu au lieu de parler. Allez ! Mais vous avez peut-être quelque chose à nous dire ?
Théo eut comme un vertige. Des points lumineux, rouges passaient devant elle. La tête lui tournait. L’espace d’un ins¬tant, elle crut avoir rêvé. Berdoin était debout devant elle, semblable à ce qu’elle avait toujours été, une prof de maths tout ce qu’il pouvait y avoir de plus classique, sa coupe au carré régulière, sa peau très pâle, sa broche colorée sur son pull noir, son sourire encourageant. Bref, le quotidien. Pourtant, elle savait avec certitude que malgré l’absurdité de la situation et son apparente invraisemblance, elle n’avait pas rêvé. La prof avait bien, durant un prompt interlude perçu par elle seule, changé d’aspect.
- Non, heu… Rien, m’dame.
- Vous avez fini ?
- Non.
La prof retourna à son bureau.
- Faut dormir la nuit, ma vieille, lui lança discrètement Lucas.
Théo se frotta les yeux pour mieux les écarquiller en fixant madame Berdoin, guettant le moindre changement dans sa physionomie. (…)
Au bout d’un moment, la prof annonça :
- Ceux qui ont terminé posent leurs feuilles sur mon bureau et peuvent sortir.
Théo se leva d’un bond, posa sa feuille vaguement gribouillée sur le bord de la table de la prof et sortit en mar¬monnant un « au revoir » indistinct.
Juste avant de sortir, elle jeta un dernier regard par-dessus la prof et ce qu’elle vit alors l’épouvanta.
La prof de maths grimaçait brusquement de douleur, se tenant la tête à deux mains, balbutiant une suite de mots inintelligibles, sous le regard médusé de tous les élèves. A la suite de quoi, elle s’effondra de tout son long sur le sol, heurtant au passage deux chaises qui glissèrent et se renversèrent. Les élèves poussèrent un cri et s’égaillèrent hors de la classe en glapissant de terreur.


Réactions sur cet article

  • Le Règne de la Barbarie (T1 : Les Cavaliers Des Lumières)
    26 août 2008, par Ssalc

    Moi, j’ai pris beaucoup de plaisir à me laisser emporter dans les aventures de Théodora.

    Je suis plutôt heureux de ne pas m’être perdu dans des explications précises et fastidieuses des pouvoirs magiques. Le fait que l’auteur ne s’attarde pas trop longuement sur les techniques et les pouvoirs dans ce premier volume donne la capacité au lecteur de mieux s’imprégner de l’histoire. Biensur, je pense qu’il faudra que ceux-ci soient présentés dans le prochain volume. Au moins leur nature.

    J’ai accroché relativement vite au livre et l’ai terminé assez rapidement. Justement parce que le style s’est voulu plus narratif que descriptif. La narration repose sur un style original qui balaie quelque peu les clichés et lieux communs de la fantasy.

    Je suis d’accords avec toi que ses collègues « cavaliers des lumières » restent encore mystérieux à la fin de ce premier tome. J’espère, moi aussi, qu’ils seront mis en valeur par la suite.

    En gros, j’ai bien aimé ce livre que j’ai piqué à mon cousin et qui m’a bien occupé le weekend dernier. Alors c’est évident, je ne suis pas un puriste de la fantasy, mais le rythme m’a tenu collé aux pages et l’histoire m’a ouvert d’autres horizons.

    Amitiés

    Ssalc




 
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