Lilliputia

MAUMÉJEAN Xavier

Article publié le samedi 26 juillet 2008 par Philémont

Quatrième de couverture :

Bonnes gens, bienvenue à Dreamland ! Érigé sur l’île de Coney Island au début du XXe siècle, ce parc d’attractions d’un nouveau genre abrite en son sein le plus phénoménal des divertissements : Lilliputia, la Cité des Nains, qui accueille pour votre plus grand bonheur trois cents petites personnes venues du monde entier. Construite sur le modèle du Nuremberg du XVe siècle, mais en réduction, cette exemplaire cité possède un parlement, un théâtre, des bas-fonds et même une compagnie de pompiers qui va jusqu’à déclencher ses propres feux pour divertir les visiteurs du parc ! Venez écouter l’histoire édifiante d’Elcana, ce courageux jeune homme de petite taille conduit depuis son Europe de l’Est natale jusqu’à Lilliputia. Là, il comprendra bien vite qu’il lui revient de libérer ses semblables de la servitude dans laquelle on les a placés, pour leur « apporter le feu ». Avec l’aide de la monstrueuse parade des Freaks, il mènera la révolte contre son propre Zeus — le mystérieux et richissime démiurge, propriétaire de Dreamland — et conduira Lilliputia jusqu’à l’embrasement final…

Quand la tragédie grecque rencontre la mythologie américaine naissante, celle du Gangs of New York de Scorsese, pour une magistrale réinvention de la figure de Prométhée, c’est un feu d’artifice(s) littéraire d’une hauteur inversement proportionnelle à celle des protagonistes de Lilliputia qui se déploie sous nos yeux. Gentes dames, joyeux messieurs, bienvenue à Dreamland pour le plus grand des minuscules spectacles !

Né en 1963, diplômé en philosophie et science des religions, directeur de collections, Xavier Mauméjean est un auteur aux multiples facettes. Prix du roman fantastique du festival de Gérardmer en 2000 pour Les Mémoires de l’Homme-Eléphant, il aime le rock, Hendrix, le roman d’aventures, Nick Drake et Robert Wyatt, J. G. Ballard et Michael Moorcock. Il vit dans le Nord avec sa femme et leur fille.

Une version de cette histoire a été diffusée sous forme de pièce radiophonique dans l’émission « Mauvais Genres » (France Culture).

L’avis de Philémont :

Entre 1904 et 1911, l’île de Coney Island a accueilli un parc d’attraction nommé Dreamland. Né du délire d’un industriel américain, ce parc abritait notamment « Midget City » (« La Cité des nains »), encore appelée « Lilliputia ». Dans celle-ci furent regroupés trois cents nains « parfaits » (sans difformité) venus du monde entier. La cité était le modèle, proportionné à la taille de ses habitants, du Nuremberg du XVème siècle. Elle était organisée comme une véritable ville ; on y trouvait, par exemples, une mairie et son Conseil municipal, des pauvres et les organisations caritatives chargées de les aider, ou encore une caserne de pompiers. La compagnie des pompiers allait d’ailleurs jusqu’à déclencher ses propres feux pour divertir les visiteurs du parc.

C’est de cette expérimentation monstrueuse que Xavier MAUMÉJEAN s’inspire pour son roman Lilliputia. Il y narre l’histoire d’Elcana, un jeune homme de petite taille originaire d’Europe de l’Est qui se retrouve bien malgré lui à Lilliputia. Membre de la compagnie des pompiers, Elcana comprend peu à peu qu’il lui revient de libérer ses semblables de la servitude. Avec l’aide des « géants » des autres parties de Dreamland, il va mener la révolte contre Sebastian Thorne, le mystérieux et richissime démiurge propriétaire du parc.

Cela fait de Lilliputia un roman rempli de références historiques. Ce sont celles de l’Amérique peu de temps après son indépendance, celles de la fin des gangs de New York, celles de la violence poussée à son paroxysme. Mais les références sont également mythologiques, Elcana personnifiant le Prométhée de la mythologie grecque, « apportant le feu » à tout un peuple, et entrant de ce fait en conflit avec Sebastian Thorne alias Zeus.

Lilliputia est donc un roman érudit. Il n’en est pas pour autant difficile à lire, MAUMÉJEAN ayant des qualités de conteur indéniables. Il n’est en effet pas indispensable d’être un spécialiste de l’Histoire des Etats-Unis, ni du mythe prométhéen pour profiter du récit. En connaître l’inspiration permet toutefois de mieux en appréhender la richesse ; à défaut, le lecteur pourra regretter ici ou là quelques passages longs et obscurs, surtout en fin de roman.


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