La Grande Inversion

ROUCHIER Philippe

Article publié le jeudi 31 juillet 2008 par Cyrallen

Quatrième de couverture :

L’expérience interdite menée en secret par le mage Kastétrophus ne s’est pas déroulée comme prévu. Le démon choisi pour tester sa "grande inversion" s’est divisé en deux. Un humain du nom de Zalbast et une épée noir la nuit qui refuse d’être séparée de l’homme … Devant le fait accompli, Kastétrophus organise la fuite de Zalbast et le charge de délivrer un message à l’autre bout du monde.
Informées de cet incident majeur, les instances du monde supérieur délèguent un enquêteur surnaturel pour observer les faits et gestes de l’homme et de sa lame noire.

Cette histoire retrace le voyage et les agissements de Zalbast, un homme comme un autre, mais qui doit partager son quotidien entre le fléau obscur de son arme et les remontrances acerbes de Voskul, son observateur.
Un duo explosif, confronté aux désagréments constants de ce voyage initiatique où chacun cherche réponse aux énigmes de l’existence.

Né à Lyon en 1968, Philippe Rouchier s’intéresse aux arts graphiques, à la peinture et à la littérature. Après un cycle d’études à l’école Emile Cohl, il sort diplômé en illustration traditionnelle et rejoint la capitale. Il entame alors un parcours professionnel aux horizons variés, créant tour à tour des images pour l’édition, le dessin animé et la publicité. Parallèlement, il explore l’univers du tarot divinatoire et réalise plusieurs jeux dont "L’œil de Myrddin", édité par France Cartes. Plus tard, il entre dans le monde du cinéma en tant que directeur artistique du film "Arthur et les Minimoys" de Luc Besson, période au cours de laquelle l’écriture devient pour lui un médium indissociable et complémentaire de l’illustration. Il trouve son équilibre en exprimant avec l’un ce qui n’est pas exprimable avec l’autre et redécouvre un plaisir simple et unique, celui de faire vibrer sa narration au son de l’imaginaire.

L’avis de Cyrallen :

Sorte de génie change-forme et farceur, c’est avec la plus grande mauvaise volonté que Volskul a été tiré de son repos dans la dimension de Kzz pour être nommé par le Directoire du monde Vif pour surveiller les agissements de Zalbast, guerrier à la mémoire défaillante qui possède une étrange épée maléfique.
Création malencontreuse du mage Kastétrophus, personne ne sait encore qui de Zalbast-sans-mémoire ou de son Epée va prendre le dessus, et donc si ce couple représente un danger ou non pour leur environnement.

Une des choses dont Zalbast est certain, c’est qu’il a pour mission de remettre en mains propres un tube en argent contenant un message de la part du démoniste Kastétrophus à destination de l’archevêque Tutlï.

Zalbast va devoir traverser de multiples paysages, parcourir des kilomètres et être entraîné dans plusieurs aventures pour parvenir à transmettre son message. Tout cela en s’efforçant de maîtriser les réactions parfois incontrôlables de son épée, encombrante et menaçante, mais qui va pourtant bien lui servir dans les instants critiques…

Le point fort de La Grande inversion est le duo comico-tragique que forme l’infortuné Zalbast avec son observateur attitré, l’homoncule Voskul.
Le style de l’auteur est agréable et relevé, les idées fourmillent et la chute est intéressante. Les personnages sont bien décrits et on visualise très bien le décor et les lieux où se déroule chaque aventure. Beaucoup de bons points donc pour ce premier roman.

On pourrait cependant reprocher le grand nombre d’intrigues secondaires. Celles-ci nous permettent de mieux apprécier la relation entre Zalbast, Volkul et l’épée, mais paraissent au premier abord sans lien avec l’intrigue principale. Les personnages de ces aventures, bien développés à chaque fois, sont laissés de côté dans l’aventure suivante, quelques jours plus tard en d’autres lieux, ce qui est bien dommage. On a ainsi l’impression d’une accumulation de plusieurs aventures, bien menées certes, mais qui "cassent" malheureusement le rythme global du roman.

Un roman qui reste agréable à lire et sympathique, faisant également sourire grâce aux pitreries et à la mauvaise volonté évidente de Voskul pour venir en aide à Zalbast, même dans les pires situations.

Extrait :

1- Zalbast marcha pendant quatre jours vers le nord. Le froid était sec et mordant, mais le ciel dégagé, ce qui mit le voyageur à l’abri des intempéries. (…)
La nuit suivante, il fut contraint de se mettre à couvert dans une grotte, non sans avoir méticuleusement inspecté les lieux. Il dormit peu, entretenant constamment le feu allumé à l’entrée pour éloigner les créatures indésirables.
Le Farfanion, qui pour d’obscures raison se plaisait à changer d’apparence sans prévenir, s’accrocha au plafond après avoir pris la forme d’une pipistrelle cyclope à triple canine. Il ne voulu rien entendre de ce qui concernait la surveillance du feu.
Jusque tard dans la nuit, il raconta des blagues ineptes en zézayant d’une voie suraiguë.
Zalbast se leva donc d’une humeur maussade au matin de son quatrième jour de voyage. Il n’avait rien à se mettre sous la dent et souffrait de courbatures. De plus, le vent avait tourné aux premières lueurs de l’aube. De lourds nuages gris plombaient l’horizon, sombres messagers de mauvais temps.
- Alors, Zalbast, bien dormi ? salua le Farfanion d’un air enjoué. Il avait adopté cette fois-ci la forme d’un phasme violet des îles Pulupu, et se dressait fièrement sur ses pattes flexibles, minces comme des herbes.
- Si c’était le cas, vous n’y seriez pour rien, grogna Zalbast en se massant les reins.
- Vous êtes bien injuste ! répliqua l’homoncule. Moi qui fais tout mon possible pour vous être agréable, tout en prenant soin de ne pas m’immiscer dans vos affaires…
- A d’autres ! Vous passez votre temps à me papillonner autour des oreilles avec la futilité d’un insecte. Et pour ce qui est de vous rendre utile, autant demander à un criquet de composer une sonate.
- Allons allons, Zalbast, vous n’allez pas sans cesse revenir sur ce sujet ? L’observation est l’observation. Ce terme inclut sans équivoque l’absence de toute forme d’interférences. Prenez la vie du bon côté et cessez de bougonner comme un enfant. Dites-vous que vous pourriez très bien être seul, livré à vous-même dans ce monde hostile, au lieu de bénéficier de mon attentive compagnie.
A cette idée, un sourire mauvais passa sur les lèvres de Zalbast.
- Vous voyez ! s’exclama le Farfanion. Tout va mieux , à présent.


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