Le vagabond du grand nord (T1 - Chroniques du Lindormyn)

BILSBOROUGH David

Article publié le jeudi 3 juillet 2008 par Cyrallen
Site à visiter: Editions Plon

Quatrième de couverture :

Le royaume du Lindormyn vit en paix depuis cinq siècles, depuis que le terrible Drauglir, innommable créature et Chien des Enfers, a été anéanti par les forces du Bien.

A Nordwas pourtant, la rumeur gronde : Drauglir et ses affreux rawgrs, des cerbères terrifiants qui alimentent les légendes des aînés et les cauchemars des enfants depuis toujours, se seraient réveillés.
Sept compagnons unissent leurs pouvoirs et leurs croyances, leurs forces et leur fougue pour partir sur les traces de l’affreux démon : deux mercenaires, trois prêtres et sorciers, un jeune écuyer et Bolldhe, le "vagabond", solitaire et farouche, se lancent dans cette quête aux confins du monde. Traversant montagnes périlleuses et forêts hantées, croisant monstres, géants et esprits malins, frayant avec la mort et le règne du mal, ils luttent, d’aventures en maléfices, pour sauver le Lindormyn des ténèbres qui le guettent.

David Bilsborough est né à Malvern en Angleterre, région de collines et lieu d’inspiration de ses romans. Après douze ans d’écriture et d’invention, Le Vagabond du Grand Nord, premier tome des Chroniques du Lindormyn, est aussi le premier roman de cette nouvelle voix prometteuse dans l’univers du fantastique.
Il vit actuellement en Indonésie, où il enseigne l’anglais.

L’avis de Cyrallen :

Nous suivons comme bien souvent en fantasy, un groupe d’aventuriers/sorciers/vagabonds dans leur quête à travers des paysages tantôt merveilleux, mais le plus souvent hostiles et regorgeant de dangers imprévus.

Le but de cette équipée hétéroclite est de vérifier que le "Dieu" Drauglir est bel et bien mort il y a 500 ans, tué lors qu’une précédente expédition ayant réuni pour l’occasion tous les peuples civilisés du Lindormyn, décidés à en finir avec cette puissance maléfique. La bataille fut épique et le mal vaincu, pensait-on à l’époque.

Mais aujourd’hui, des rumeurs circulent, racontant le réveil de ces puissances lointaines du Nord, dans leur fief d’origine. L’île Melhus et plus particulièrement l’antre de Vaagenfjord sont devenus des zones à éviter pour le commun des mortels depuis ces évènements. Les sentinelles chargées de la surveillance des lieux ont disparues au fil des centaines d’années et l’on ne sait pas exactement ce qui se passe dans l’ancienne forteresse laissée à l’abandon après son pillage.

D’ailleurs, la majorité des habitants des contrées civilisées s’en contrefiche.
Seuls quelques personnes prennent au sérieux les rumeurs du retour du Dieu du Mal, parmi lesquels deux prêtres du Dieu Cuna, le vieil Appa et le plus jeune Findwall.
C’est d’ailleurs sur la demande express de Findwall et par amitié pour lui que Nibulus, un guerrier Péladane respecté dont le père a déjà remporté de nombreuses victoires au combat, organise une immense assemblée de guerriers Péladanes et de mercenaires ayant déjà combattus pour son père.
Mais l’annonce des anciennes légendes et des visions prophétiques sur le retour de Drauglir suscitent hilarité et consternations outrées parmi les guerriers et bientôt, la salle se vide entièrement.

Seuls quelques personnages qui feront partie de l’aventure restent et joignent à l’expédition, pour différents motifs : le mercenaire Paulus, les deux prêtres Appa et Findwall, Nibulus le Péladane et chef de la petite équipée, Maryen Radnar son écuyer, un autre guerrier Péladane nommé Mathusalech, ainsi que l’invité surprise, Bolldhe le vagabond des visions d’Appa.

En effet, s’il en est un qui ne sait pas exactement ce qu’il fait parmi cette compagnie, c’est bien Bolldhe, le vagabond. Il a, depuis qu’il est très jeune, parcouru le monde dans sa grande largeur et n’est là que parce que le vieux prêtre de Cuna, Appa, a eu des visions prophétiques envoyées soit-disant par son Dieu, lui indiquant que seul Bolldhe est capable de venir à bout du Dieu maléfique Drauglir. Sans lui, dit-il, le monde est perdu…

Se joindront plus tard à cette première équipe un prêtre-mage solitaire nommé Wodeman qui fait appel aux forces de la nature ainsi qu’un deuxième vagabond bien étrange appelé Kuthy.

A eux seuls, il leur faudra parcourir les milliers de kilomètres qui séparent la grande cité de Nordwas pour parvenir aux confins glacés du monde, sur l’île de Melhus. Et si jamais Drauglir est effectivement de retour parmi les vivants, leur tâche sera de le tuer à nouveau, et cette fois pour de bon…

Le récit, qui peut sembler lent au départ, acquiert un rythme de croisière bien agréable au fil des pages. Les personnages sont très bien décrits et attachants, leur personnalité et leur psychologie sont bien développées ainsi que leur passé, ce qui donne une consistance évidente au récit.
Le long préambule permet de revivre la bataille historique contre le Mal qui s’est déroulée il y a 500 ans et de prendre ses marques dans ce vaste royaume aux multiples peuples.

Le glossaire situé en fin d’ouvrage est le bienvenu et permet de se repérer un peu mieux dans cette multitude d’êtres semi-magiques ou complètement divins qui cohabitent dans ces paysages extraordinaires, aux contrées encore préservées car difficiles d’accès pour les modestes voyageurs.

Sans dévoiler les mésaventures et les petits bonheurs de nos héros, les dangers qu’ils vont affronter ne sont pas foncièrement originaux, mais il y a énormément de bonnes trouvailles. Les contrées traversées sont toutes différentes, peuplées par d’étranges créatures et recèlent bien souvent de multiples pièges pour les voyageurs imprudents. Les séquences et instants dramatiques de cette épopée sont suffisamment bien décrits et animés pour que le lecteur visualise de façon quasi-cinématographique les lieux et actions que mènent chacun des personnages.

Mais surtout, les personnages évoluent, certains même tomberont au combat pendant la longue traversée vers le Nord.
Les doutes et remords ne cesseront de hanter certains des héros de cette équipée, qui doivent faire des choix cruciaux pour leur survie et celle sans doute du reste du monde.

Une aventure-fleuve haletante (560 pages tout de même) à suivre donc, puisque la fin de ce premier tome ne nous mène qu’au Nord du continent, la traversée vers l’ïle de Melhus ne se fera que dans le volume suivant (paru en mars 2008 en anglais sous le titre A Fire in the North)… Mais le voyage vaut le détour !

Extraits :

1- Contrairement à son ami Finwald, Nibulus n’avait jamais embrassé aucune religion avec un réel sérieux ; y compris la sienne, qui n’avait, c’était connu, rien de très spirituel. Ils observaient régulièrement des rituels au temple, mais pour les Péladanes, la vraie ferveur s’exprimait au combat ; leur quête revenait à entasser dans une charrette les têtes coupées après la bataille. Leur eau bénite était chaude et rouge, leur encens avait l’odeur de la chair et leur chœur provenait des cris des ennemis à l’agonie. La magie et la méditation étaient interdites par les Seigneurs de Guerre, car, disait Finwald, "ils veulent détenir les clés du paradis dans leurs propres mains".

2- Ah ! dit-il. Ça faisait trop longtemps que j’attendais ça !
Il inhala une grande bouffée du puissant parfum de la bière tiède, comme s’il essayait de s’enivrer rien qu’en la respirant. Bouche bée, les yeux rougis de surexitation, il laissa pénétrer dans son crâne les vapeurs agressives avec tout le stoïcisme dont il était capable, puis sourit tel un enfant, tandis qu’une étrange torpeur se répandait dans tout son corps. La bière sentait bon ; elle avait une odeur à la fois écœurante et piquante, et frisait sous son nez. L’ale hauger passait à peu près deux jours en tonneau ; elle était censée fermenter dans l’estomac. Et le vieux patraque, qu’on servait ici, l’une des plus fortes et des plus abominables de toutes les ales haugers, était peut-être encore plus amère en bouche que toutes les autres.
Le Péladane marqua une pause, désireux de ne pas précipiter le moment, inquiet de perdre jusqu’à la plus petite des sensations que pouvait lui procurer ce plaisir longtemps attendu. Le pub tout entier, y eût-il prêté simplement un peu d’attention, avait fait un calme absolu. Les gens qui quartier s’arrêtaient pour le regarder, fascinés. Enfin, ils allaient découvrir par quel trou buvaient les étrangers. Alors, lentement, avec cérémonie, Nibulus laissa couler la bière dans sa gorge.
Il lui fallut environ cinq seconde pour vider la pinte de tackerde ; puis, voulant faire claquer la chope contre le comptoir, qu’il manqua totalement, il la jeta lourdement, et inspira une grande bouffée d’air frais, comme un homme prêt à se noyer.
- Ça brûle ! Arrght, ça brûle ! dit-il, incrédule, d’une voix râpeuse. Magnifique !
Il ne mourut pas sur le coup, alors les habitants du coin retournèrent à leur propre verre, marmonnant et hochant la tête d’un air approbateur.


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