Chroniques Martiennes

BRADBURY Ray

Article publié le lundi 24 décembre 2007 par Cyrallen
Mis à jour le mercredi 2 janvier 2008

Quatrième de couverture :

Les Martiens de Bradbury ne sont pas très différents des Terriens. Mais ils sont télépathes… parfois sans le savoir.
Ainsi, tandis qu’une fusée aborde sa planète, une Martienne se met à fredonner sur une musique inconnue des paroles qu’elle ne comprend pas : "Plaisir d’amour ne dure qu’un moment."
Troublé par cette petite chanson obsédante, jaloux des rêves qui l’accompagnent, son mari accueille l’arme la main la première expédition terrestre. Qu’adviendra-t-il des autres ?

C’est avec ce livre que Ray Bradbury donna un ton nouveau à la science-fiction et en devint un des maîtres.

Quatrième de couverture ( Folio SF) :

« ’’J’ai toujours voulu voir un Martien, dit Michael. Où ils sont, p’pa ? Tu avais promis.
- Les voilà’’, dit papa. Il hissa Michael sur son épaule et pointa un doigt vers le bas.
Les Martiens étaient là. Timothy se mit à frissonner.
Les Martiens étaient là — dans le canal — réfléchis dans l’eau. Timothy, Michael, Robert, papa et maman.
Les Martiens leur retournèrent leurs regards durant un long, long moment de silence dans les rides de l’eau…« 

Né en 1920, Ray Bradbury s’impose à la fin des années 40 comme un écrivain majeur, avec la parution d’une série de nouvelles oniriques et mélancoliques, plus tard réunies sous le titre de Chroniques martiennes. Publié en 1953, Fahrenheit 451, qui finit d’asseoir la réputation mondiale de l’auteur, sera porté à l’écran par François Truffaut.

L’avis de Cyrallen :

A l’aube du 21ème siècle, les premières expéditions habitées, pleines des espoirs de tout un monde, sont envoyées sur Mars. Quelle n’est pas la surprise des premiers colons en découvrant une planète couverte de villes étranges et d’une grande beauté, à l’image de leurs curieux habitants aux yeux d’or, parfois amicaux, parfois hostiles.

Les Terriens ne voient alors d’autre choix que de consacrer toute leur persévérance à la conquête de cette planète jumelle, luttant dans le même temps contre leur nature irrémédiablement destructrice.

Composées d’une succession de récits classés chronologiquement et allant de Janvier 1999 à octobre 2026, les Chroniques Martiennes décrivent d’une manière légère les us et coutumes du peuple martien, tout en pointant du doigt les défauts de leurs homologues humains, si proches et pourtant si différents.

Cependant, les changement perpétuels de lieux et de personnages, ainsi que les thèmes différents des récits (mais avec une même trame générale) désolidarisent (à dessein) l’ensemble du livre, un peu trop haché. De plus, datant des années 50, on se rend vite compte que Chroniques Martiennes n’est plus tout jeune même s’il reste malgré tout une référence incontestée.

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L’avis de Philémont :

Classique parmi les classiques, Chroniques martiennes est une succession de courtes nouvelles ayant pour thème commun la colonisation de Mars par l’Homme. Des difficultés des premières expéditions à l’abandon de la planète, en passant par l’installation des pionniers, Ray BRADBURY dénonce le colonialisme et dresse un portrait acerbe de l’Humanité, dont le grand oeuvre semble être la destruction, volontaire ou non.

Le fait que Mars soit au coeur de ce recueil n’est finalement qu’un prétexte. Bien sûr, bon nombre de textes relèvent de l’imaginaire pur et simple, mais ce qui ressort surtout à leur lecture c’est leur proximité avec la réalité des Hommes. Ainsi, la planète Mars est présentée comme une véritable soeur jumelle de la Terre. De même, les martiens sont des humanoïdes ayant le même type de vie sociale que les terriens.

Les amateurs de Hard Science ne trouveront d’ailleurs pas leur compte dans les Chroniques martiennes. Il ne s’agit pas d’une Science Fiction à forte plausibilité scientifique, mais plutôt d’une Science Fiction où les êtres vivants et leur environnement sont placés au coeur d’une thématique à forte connotation écologique. C’est d’ailleurs renforcé par la poésie qui se dégage des Chroniques, de même que par le final moraliste que BRADBURY exploitera à nouveau dans Fahrenheit 451 trois ans plus tard.

Bien sûr Chroniques martiennes est daté. Pourtant il fourmille d’idées maintes fois reprises par d’autres auteurs et cinéastes, ce qui doit conduire le lecteur d’aujourd’hui à relativiser son impression de déjà-vu à la lecture de certaines nouvelles. Et puis tous ces textes sont si diversifiés qu’ils ne sont jamais ennuyeux ; ils relèvent tantôt de la Science Fiction, tantôt du Fantastique, parfois de la parenthèse purement poétique. Dans tous les cas, Ray BRADBURY montre son grand talent d’écrivain, de même qu’un humour subtil.

Et puis, au-delà de toutes ces qualités, Chroniques martiennes fait partie du patrimoine de la Science Fiction que tout amateur du genre se doit d’avoir lu.

Extraits :

1- Mais regardez-vous ! Vous avez même modifié la couleur de vos yeux, bleus au lieu d’être jaunes, et de votre peau, rose et non brune. Et ces vêtement, et ces mains à cinq doigts au lieu de six ! Transformation biologique engendrée par déséquilibre mental !

Il sortit une sorte de petit pistolet.
- Incurable, bien entendu. (…)
- Je viens de la Terre ! Je m’appelle Jonathan Williams, et ces…
- Oui, je sais, dit Mr Xxx avec bonté, et il tira.

2- Nous autres, gens de la terre, avons un talent tout spécial pour abîmer les grandes et belles choses. Si nous n’avons pas installé de snack-bars au milieu du temple égyptien de Karnak, c’est uniquement parce qu’il se trouvait situé à l’écart et n’offrait pas de perspectives assez lucratives. Et l’Égypte n’est qu’une infime partie de la Terre. Mais ici, tout est ancien et différent. Il va falloir s’établir quelque part et commencer à tout dénaturer.

3- C’est une simple différence de degré. Un habitant de la Terre pense dans ce tableau, la couleur, en réalité, n’existe pas. Un savant peut prouver que cette couleur n’est qu’une disposition des cellules dans une substance donnée en vue de réfléchir la lumière.
Par conséquent, la couleur, en soi, me reste invisible. Un Martien, beaucoup plus avisé, dirait cette oeuvre est belle. Elle est née de la main et de l’esprit d’un homme inspiré.
Son intention et ses couleurs expriment la vie. J’aime ce tableau.


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