Le cycle des Robots T1

ASIMOV Isaac

Article publié le mardi 18 mars 2008 par Philémont

Quatrième de couverture

« Un enfant n’est pas fait pour être gardé par un être de métal » : tel est le point de vue d’une mère en 1998. Elle aura l’occasion de changer d’avis. Le robot est pour l’homme un jouet inoffensif. Un serviteur irréprochable. Un ami sûr. Mieux : les nouveaux modèles sont conscients, autonomes, sensibles. Ils savent qu’il faut réparer les humains. Ils vont jusqu’à faire l’amour avec eux. Si ça peut les aider… L’humanité n’est pas facile à comprendre. Un robot rêve de libérer son peuple. Un autre veut devenir humain, mais il faut pour cela renoncer à l’immortalité. Les robots ne tiennent pas spécialement à cultiver leur différence. Ce sont les hommes qui se rebiffent. Pas dans l’espace, où va s’épanouir Trantor, mais sur Terre, où l’asphyxie menace. On a peur que les machines prennent le pouvoir. Des robots sont assassinés. D’autres robots mènent l’enquête… Ainsi commence le Grand Livre des robots, cette fresque géante où se déploie toute l’histoire des temps futurs, toute l’oeuvre d’un écrivain exceptionnellement fécond. A la fois savant et romancier, Isaac Asimov incarne pour des millions de lecteurs la clarté, la transparence, la passion de comprendre et d’expliquer. Pourtant il sait que la science ne résout pas tous les problèmes. Une certitude : l’avenir sera complexe.

L’avis de Philémont

Le cycle des Robots est un grand classique d’Isaac ASIMOV. Il se compose de nombreuses nouvelles et de quatre romans plus ou moins longs. Il se structure en deux époques, chacune pouvant être lue indépendamment de l’autre puisque relative à un imaginaire spécifique. Toutefois, une fois reliées entre elles, les deux époques forment une histoire du futur de l’humanité, qui vient de surcroît servir de prologue au cycle de Fondation, autre œuvre majeure de l’auteur.

Première époque : les robots et la Terre

A l’instar du cycle de Fondation justement, l’origine de ce que l’on appelle aujourd’hui le cycle des Robots est un ensemble de nouvelles éparses qui n’avaient pas forcément vocation à être réunies en recueil. C’est pourtant ce qui est arrivé dans de multiples éditions, chacune ne présentant guère qu’une petite sélection de ces textes.

Le recueil Nous les robots, lui-même inclus dans Le Grand livre des robots, est aujourd’hui ce qui existe de plus complet dans ce domaine en France. Il regroupe 33 nouvelles écrites entre 1940 et 1988, celles-ci étant classées par thèmes, chaque thème étant présenté par l’auteur lui-même avec la verve qu’on lui connaît. Certaines nouvelles sont pourtant manquantes mais peuvent être trouvées dans d’autres recueils publiés par ailleurs en France. A l’inverse, Nous les robots inclut quelques nouvelles qui n’apparaissent nulle part ailleurs dans l’édition française.

Ainsi présentées, et en dépit de leur indépendance de façade, ces nouvelles montrent les débuts de l’histoire des robots, depuis le moment où ils ne sont guère que des objets purement utilitaires (à la fin du XXème siècle), jusqu’à la reconnaissance de droits équivalents à ceux des hommes à des humanoïdes au cerveau positronique (au XXIIème siècle). En toile de fond, apparaît l’aversion des Hommes envers ces machines, ce qu’ASIMOV appelle le syndrome de Frankenstein. Pour cela il met notamment en scène, dans un tiers des nouvelles, le personnage de Susan Calvin, robopsychologue de son état, et qui œuvre toute sa vie pour que les hommes comprennent les robots au travers des trois lois de la robotique et de leurs implications.

Deuxième époque : les robots et les mondes spaciens

Trois millénaires plus tard, l’humanité est divisée. Les terriens vivent enfermés dans des mégapoles sous air conditionné. La vie y est régentée dans tous ses aspects et une barrière psychologique a créé une peur des grands espaces vides séparant chacune de ces villes. La surpopulation rendant la vie particulièrement difficile, les médiévalistes prônent le retour aux valeurs anciennes, le retour à la terre. Ces révolutionnaires de l’ombre combattent tout particulièrement les robots, toujours aussi peu acceptés, mais néanmoins utilisés pour des tâches répétitives ou nécessitant une sortie hors des villes.

A l’opposé des terriens, il y a les spaciens. Les spaciens sont les descendants des premiers colons de l’espace. Grâce au progrès technologique, notamment robotique, ils se sont non seulement ouverts sur l’univers, mais ont également acquis une longévité hors du commun. Leur problème est qu’ils sont en sous population, ne se reproduisant pas assez, et ne pouvant entrer en contact étroit avec les terriens, ne serait-ce que pour des raisons sanitaires puisque leur système immunitaire est devenu totalement inefficace face aux maladies traditionnelles de l’homme.

Au-delà de l’enjeu sanitaire, c’est l’incompatibilité des politiques respectives des terriens et des spaciens qui pose problème. Pourtant la solution pour chacun ne serait elle pas commune ? Ne passe t elle pas par la reprise de la colonisation de nouvelles planètes par les terriens avec l’aide des spaciens ? Ne passe t elle pas aussi par l’acceptation des robots de la part des terriens ?

Elijah Baley va apprendre à s’en convaincre. Détective terrien, il est amené à collaborer avec les spaciens au travers d’un robot ultra perfectionné et parfaitement humanoïde, R. Daneel Olivaw. Ainsi, par le biais de trois difficiles enquêtes, l’homme noue des relations de plus en plus amicales avec le robot. A travers elles ce sont les sociétés terrienne et spacienne qui sont analysées dans tous leurs aspects, notamment, mais pas uniquement, sous l’angle de la perception de la robotique. C’est l’objet de trois romans : Les cavernes d’acier (The Caves of Steel, 1954), Face aux feux du soleil (The Naked Sun, 1956) et Les robots de l’aube (The Robots of Dawn, 1983).

Finalement, Elijah Baley présidera à la destinée de l’Humanité en réussissant à normaliser les relations entre terriens et spaciens, et en relançant la colonisation de nouvelles planètes. Même s’il n’est pas parvenu à faire accepter les robots, près de deux siècles après sa mort, grâce à leur démographie, les « coloniens » sont en passe de devenir aussi puissants que les spaciens. Les conflits économiques et militaires sont alors latents, les politiques menées étant de plus en plus âpres et sournoises. C’est l’objet du quatrième roman composant cette époque : Les robots et l’Empire (Robots and Empire, 1985).

Les quatre romans ainsi brièvement présentés sont indépendants les uns des autres. Toutefois, pour apprécier pleinement l’évolution des personnages qui y sont mis en scène, et surtout dans l’optique de découverte d’une histoire du futur, il convient de les lire dans l’ordre proposé ici.

Une histoire du futur de l’humanité

C’est donc bien une histoire du futur de l’humanité qu’Isaac ASIMOV nous conte au travers de ces 33 nouvelles et 4 romans, leur sujet de fond étant bel et bien l’évolution de la perception des robots par les hommes sur quatre millénaires.

Tous ces textes s’articulent autour des trois lois de la robotique, chacune étant analysée et croisée avec les deux autres, aucune combinaison n’étant oubliée. L’auteur fait également appel à sa très large culture scientifique en utilisant les axiomes d’un grand nombre de disciplines. C’est par exemple la psychologie de Susan Calvin dans la première époque. C’est encore la chimie, discipline dans laquelle ASIMOV était Docteur, en passant par la plupart des sciences sociales, telles la sociologie, l’économie et la politique dans la deuxième époque.

Cela ne signifie pas pour autant que le cycle des Robots est difficile à lire. Au contraire, et comme le rappelle Jacques GOIMARD dans sa préface au Grand livre des robots, « la quintessence d’ASIMOV, c’est la clarté ». Non seulement ses idées sont exposées de la manière la plus limpide qui soit, mais sont écriture est d’une fluidité jamais démentie tout au long du cycle. Et puis ASIMOV n’oublie jamais qu’il est un romancier et pas seulement un vulgarisateur scientifique. Ses récits sont donc bâtis de façon à ce que les émotions du lecteur soient sollicitées en permanence, tout en renouvelant ses intrigues d’un texte à l’autre. C’est ainsi, par exemple, qu’il est capable d’écrire un texte à forte intensité dramatique comme L’homme bicentenaire (The bicentenial man, 1976), dernière nouvelle de la première époque, aussi bien que des récits construits comme des polars (les trois premiers romans de la deuxième époque) ou des thrillers politiques (Les robots et l’Empire).

Enfin, il convient de signaler que le cycle des Robots ainsi construit peut servir de prologue à deux autres cycles d’Isaac ASIMOV. Il explique pourquoi et comment les hommes ont colonisé la Galaxie, ce qui conduira à la constitution, au début du 13ème millénaire, d’un Empire Galactique sous l’égide de la planète Trantor ; c’est ce qui est narré dans le cycle de l’Empire, présent dans Le Grand livre des robots, mais néanmoins indépendant du cycle qui nous intéresse ici. Et quand l’Empire Galactique sera sur le déclin, douze autres millénaires plus tard, il sera temps qu’Hari Seldon et la psychohistoire interviennent ; c’est alors le cycle de Fondation qui débute.

Le cycle des Robots fait d’ailleurs référence à ce dernier à de nombreuses reprises. On y apprend par exemple que l’idée de la psychohistoire a été évoquée bien avant sa concrétisation par un robot. On y croise aussi un autre robot qui sera central dans le dénouement du cycle de Fondation, et qui oeuvrera entre les deux comme le gardien invisible et bienveillant d’une Humanité capable du pire comme du meilleur.

Extrait

Les Trois Lois de la Robotique

Première Loi Un robot ne peut blesser un être humain ni, par son inaction, permettre qu’un humain soit blessé.

Deuxième Loi Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres sont en contradiction avec la Première Loi.

Troisième Loi Un robot doit protéger sa propre existence aussi longtemps qu’une telle protection n’est pas en contradiction avec la Première et/ou la Deuxième Loi.

Manuel de la robotique 58è édition (2058 ap. JC)


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