Tigre et Dragon - La danse de la grue et du phénix T2

WANG Dulu

Article publié le dimanche 24 février 2008 par Philémont

Quatrième de couverture

Au cœur de la Chine du XIXe siècle, alors que la dynastie Qing vit ses dernières heures, confrontée à la modernité occidentale, Jiang Xiaohe – dit « Petite Grue » – a juré de venger la mort de son père. Ce dernier a été tué douze ans plus tôt par le chef du clan Kun Lun, Maître Bao. Or, celui-ci n’est autre que le grand-père d’Aluan, l’amour d’enfance de Petite Grue, qui pendant toutes ces années a tout fait pour le retrouver et l’empêcher de mettre en œuvre sa vengeance. Alors qu’un dilemme sans issue s’empare de Jiang Xiaohe, toujours épris d’Aluan mais ivre de haine pour son grand-père, le jeune homme fait la connaissance d’un nouvel allié : Li Fengjie, jeune chevalier-poète défait par l’école de Kun Lun. Celle-ci a un nouveau disciple, Ji Guangjie, petit-fils émérite d’un héros des Fleuves et des Lacs, mandaté par le vieux Bao pour retrouver Petite Grue et l’éliminer. S’il y parvient, le patriarche lui a promis la main de sa petite-fille. C’est donc une lutte sans merci qui va s’engager entre ces protagonistes, tous prêts à s’entre-déchirer pour l’honneur ou pour l’amour ; certains le paieront de leur vie…

Avec Tigre et Dragon, écrit entre 1938 et 1942, Wang Du Lu nous propose une inoubliable galerie de portraits plus grands que nature sur trois générations, mélange d’amour, de haine, de rédemption et de vengeance. Une série historique pleine de merveilles et d’exotisme, magnifiquement portée à l’écran en 2000 par Ang Lee.

Né dans une famille mandchoue en 1909, Wang Dulu a connu une vie difficile ballottée par le torrent d’événements qui ont secoué la Chine au XXe siècle. Survivant de multiples petits boulots – instituteur, journaliste, commerçant – il a commencé à écrire à l’adolescence pour finalement publier plus de trente romans mâtinés d’histoire dans des genres populaires comme le roman d’arts martiaux (wuxia), dont il est l’un des fondateurs, ou le roman sentimental. Wang Dulu est mort à l’âge de 68 ans.

L’avis de Philémont

WANG Dulu est un auteur chinois populaire et prolixe dans la première partie du XXème siècle, jusqu’aux prémices de la Révolution culturelle. Il est même considéré comme l’un des pères du wuxia moderne, ces récits alliant arts martiaux et chevalerie fortement ancrés dans les traditions littéraire puis cinématographique de la Chine.

Cette reconnaissance n’est arrivé jusqu’en Occident que tardivement par le biais du cinéma et l’adaptation par Ang Lee de l’un de ses romans en 2000 : Tigre et Dragon. Encore est-il que ce dernier n’est que le quatrième tome d’une pentalogie dont Calmann-Lévy a entamé en 2007 la traduction française.

Dans l’édition qui en découle le premier tome de ce cycle est composé de La vengeance de Petite Grue et de La danse de la grue et du phénix. Il est consacré au jeune Jiang Xiaohe dont le père est assassiné par le clan Kun Lun pour avoir eu une relation avec une femme mariée. Le garçon n’aura de cesse de se venger et deviendra pour cela le disciple d’un maître des arts martiaux…

Le personnage principal du roman est conforme à ce que l’on peut attendre d’un héros de wuxia. Il s’agit d’un guerrier vagabond, plein de courage et d’honneur, qui a de précieux dons pour le combat. Très jeune au début du roman, il manque alors quelque peu de rigueur ; mais sa formation va lui en donner et il n’aura alors plus qu’à lutter contre le dilemme posé par son devoir et ses désirs personnels. Car l’amour est également présent dans ce roman, là où il est le plus problématique, dans le clan même où il doit assouvir sa vengeance.

L’écriture est elle aussi conforme à ce que les habitués du genre peuvent connaître. Les vingt chapitres débutent par quatre vers résumant ce qui va s’y passer. Le vocabulaire utilisé est simple et très descriptif. Les phrases étant courtes, le rythme de la narration est très rapide.

Les innombrables scènes de combat peuvent parfois paraître répétitives, mais c’est aussi ce qui fait le charme de cette littérature qui montre que les arts martiaux ne sont pas uniquement des techniques de combat, mais un réel mode de vie qui ne fait pas seulement appel à la force physique mais aussi à la psychologie. Cette dernière peut certes sembler simpliste, mais le lecteur qui se laisse prendre au jeu passera un agréable moment à la lecture de cette première partie de cycle.

Alors on regrettera plutôt que le roman original soit découpé sans raison apparente, et que les deux morceaux de roman qui en sont issus soient publiés à trois mois d’intervalle, et ce sans avertissement de la part de l’éditeur.


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