La fille du roi des elfes

DUNSANY Lord

Article publié le mercredi 20 février 2008 par Philémont
Mis à jour le jeudi 21 février 2008

Quatrième de couverture

Parce que les sujets de son père veulent plus de magie dans leur royaume, le prince Alvéric entreprend de traverser la forêt enchantée afin d’y enlever la fille du roi des Elfes, Lirazel. Après avoir défait les chevaliers qui défendent la demeure de celle-ci, Alvéric séduit la jeune elfe et l’emmène jusqu’au royaume d’Erl, où naîtra Orion, le fruit de leurs amours. Furieux du départ de sa fille et surtout du fait que ce départ était volontaire, le roi des Elfes envoie à Lirazel un troll porteur d’un message magique. Immédiatement, la jeune princesse est ramenée auprès de son père. Inconsolable, Alvéric part à sa recherche, en quête de la forêt enchantée… qui a disparu. Et, pendant ce temps, Orion découvre le monde.

La Fille du roi des Elfes fait partie des chefs-d’œuvre intemporels de la fantasy, au même titre qu’Alice au Pays des merveilles, Le Seigneur des anneaux ou Peter Pan. Ce roman est ici réédité dans une nouvelle traduction, intégrale, contrairement à la précédente.

Lord Dunsany (1878-1957), dix-huitième baron du nom, explorateur, dramaturge et poète irlandais, a inspiré la plupart des auteurs de fantasy anglo-saxons.

L’avis de Philémont

Héritier de la tradition du cycle arthurien, on considère aujourd’hui que Lord DUNSANY a donné ses lettres de noblesse à la Fantasy. Auteur prolixe, il écrivit de nombreuses nouvelles (huit recueils), mais également des romans, des essais, des pièces de théâtre et de la poésie. Le premier de ses admirateurs fut LOVECRAFT qui le considérait comme l’un de ses principaux inspirateurs. Plus récemment, Neil GAIMAN reconnaît avoir été influencé par DUNSANY pour son roman Stardust. GAIMAN a d’ailleurs signé la préface d’une édition britannique de La fille du roi des elfes, oeuvre généralement considérée comme le chef d’oeuvre de DUNSANY.

Dans ce roman, le prince Alvéric entreprend de traverser la forêt enchantée qui jouxte son royaume pour y découvrir et enlever la fille du roi des elfes. Il la trouve en effet, mais c’est de son plein gré que la princesse Lirazel, conquise, suit le jeune prince jusqu’au royaume des Aulnes, où naît bientôt Orion, le fruit de leurs amours. Mais le roi des elfes, furieux, envoie vers sa fille une incantation qui la ramène près de lui. Alvéric, inconsolable, part à sa recherche, mais protégée par la magie de son roi, le domaine des elfes est devenu introuvable. Pendant ce temps, Orion grandit et apprend à connaître la forêt enchantée…

Faussement patiné par le temps, La fille du roi des elfes est un roman riche en poésie et en humour. Le style de DUNSANY est en effet lyrique et l’auteur prend tout son temps pour décrire les paysages traversés et les créatures rencontrées. Lurulu le troll est pour sa part très drôle, notamment quand il explique que son occupation principale dans le pays des elfes est de regarder passer le temps, mais qu’il ne peut le faire dans le pays des hommes parce qu’il y passe trop vite. Et puis il y a cette morale qui prend de l’ampleur au fur et à mesure du récit, dont le temps est justement la clé, et qui nous rappelle que l’on lit bien un texte dans la plus pure tradition des contes populaires que l’on narre au coin d’un feu de bois.

L’écriture de DUNSANY se prête parfaitement à cet exercice. Loin d’être ampoulée, impression que seul peut donner un survol rapide de l’oeuvre, elle est tout sauf ennuyeuse et se caractérise plutôt par une beauté et une profondeur parfaitement adaptées à une thématique où deux univers interagissent entre eux.

Alors oui La fille du roi des elfes est un chef d’oeuvre, qui prouve de surcroît qu’il existe bel et bien une Fantasy avant Tolkien. Bien sûr on n’écrit plus de la Fantasy de cette façon-là aujourd’hui, mais c’est peut-être dommage car ce récit a traversé les décennies sans prendre une ride. Au contraire, près d’un siècle après sa première publication, on peut affirmer aujourd’hui que ce roman a conservé une éternelle jeunesse.

Notons pour conclure que l’édition présentée ici est une intégrale dans la mesure où le style de l’auteur est désormais parfaitement respecté. Les précédentes éditions amputaient en effet bon nombre de phrases de ce qui fait aujourd’hui tout le charme de cette oeuvre. Pour cela, nous n’avons plus qu’à remercier Denoël et sa collection Lunes d’Encre.


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