Les Reflets de la Conscience

ROZENBERG Michel

Article publié le lundi 7 janvier 2008 par Cyrallen

Quel est le rôle de l’âme ? S’opposer aux désirs interdits ? Favoriser l’aboutissement des bons sentiments, des idées nobles ? Est-elle capable de comploter à notre endroit, de contrecarrer nos plans, de nous acculer dans nos derniers retranchements ? Est-elle le reflet de nos actes ou est-ce au contraire nos agissements qui traduisent sa noirceur ?

Imaginez que vos fantasmes les plus secrets soient percés à jour ; que les fondations de votre vie se désagrégent ; que votre espace se réduise et vous piége ; que des objets apparaissent et s’évanouissent autour de vous ; que vous arriviez trop tard à chaque événement de votre vie. Que feriez-vous pour empêcher l’inéluctable ?

Lorsque le rêve et la réalité se confondent, lorsque des brèches zèbrent le mur de la cohérence, lorsque le banal dérape pas à pas, lorsque les repères et les références s’effilochent, il ne reste plus qu’un ultime garde-fou pour nous protéger de la chute finale : notre conscience.

Après « Altérations », prix Robert Duterme 2004 et « Les maléfices du temps », prix Graham Masterton 2007, celui que certains appellent « le bruxellois successeur de Jean Ray » et que d’autres qualifient de « un des sept piliers du fantastique européen » nous livre ici 7 nouvelles étranges, dans la plus pure lignée des grands conteurs de l’imaginaire.

L’avis de Cyrallen :

Troisième recueil de nouvelles pour Michel Rozenberg, lauréat des prix Robert Duterme 2004 pour « Altérations » et du prix Graham Masterton 2007« Les maléfices du temps ».

On retrouve, encore plus que dans ses précédentes nouvelles, une distortion progressive du réel pour aboutir à des situations fantastiques dans toute leur spendeur.
Les héros successifs de ces nouvelles sont bien souvent des personnages vulnérables et dont les rapports avec la gent féminine sont toujours très compliqués.

Le quotidien banal et confortable de nos héros se transforme progressivement en un monde étrange et menaçant suite à des évènements de plus en plus déroutants.

Le point commun de ces nouvelles est également la maîtrise de la plume de l’auteur qui nous permet de nous enfoncer dans une autre réalité sans accroc. Il n’y a aucune fausse note et le lecteur est progressivement immergé dans un réel tout autre de celui que nous perçevons quotidiennement. Et cette dimension parallèle ne veut pas que du bien aux héros de ces histoires…

Nouvelles du recueil "les Reflets de la Conscience" :

- Préface de Claude Bolduc

-  Tout n’est qu’illusion : la nouvelle commence par le réveil chez lui d’un cadre dynamique qui part au travail plein d’ambition comme tous les jours. Ses rêves en ce moment sont particulièrement angoissants. Le premier incident de la journée commence avec sa voiture qui refuse de s’ouvrir et sa clef ne correspond plus à la serrure. C’est le point de départ d’une série de détails effrayants pour notre héros, qui va se rendre compte progressivement que plus personne ne le reconnaît, ni à son travail, ni même sa femme. La déchéance est totale. C’est comme s’il n’avait tout simplement jamais existé… Je vous laisse découvrir la chute de cette nouvelle très bien menée !

- Indecences : Losque les désirs deviennent réalité, le résultat n’est pas forcément à la hauteur de ce que l’on avait imaginé…. C’est ce que va apprendre à ses dépends notre héros, qui a l’habitude d’avoir des pensées très indécentes à l’égard des jeunes filles qu’il croise dans le bus.

- Allessandra : Avec pour décor la magnifique Venise et ses canaux, cette nouvelle fait appel aux bons sentiments du héros, qui a l’habitude de toujours voler au secours des plus faibles.
C’est ainsi que, passant devant une boutique de masques dans une rue animée de la ville, notre héros entend une voix appeller au secours en provenance de l’intérieur. La boutique est fermée en raison des congés annuels du propriétaire, mais notre héros s’aperçoit vite que la porte est entrebaillée. Sans doute aurait-il dû passer son chemin pour ne pas devenir fou… Une des nouvelles les plus marquantes de ce recueil à mon avis.

- Bourg paisible : A quelques années d’intervalle, un mystérieux "rodeur" sévit dans un petit village tranquille et sème la terreur parmi les habitants. Suite à son passage, des personnes disparaissent systématiquement dans de grands cris de terreur, sans que personne n’ai encore identifié le coupable.
Le héros est un jeune garçon qui a ainsi perdu toute sa famille lors du dernier passage du rôdeur. Recueilli par son oncle et sa tante, il est confronté aux tabous qui pèsent sur le sort de ses parents. En grandissant, il n’aura de cesse d’élucider ce mystère qui sévit depuis des années sur ce bourg paisible. Aura-t-il le temps de se préparer pour affronter le rôdeur lorsqu’il reviendra ?

- La proximité des extrêmes : Cette nouvelle se situe à Rome. Notre héros ambitieux (trop ?) profite d’une semaine de vacances bien méritée. Au cours d’une de ses promenades, il échange des noms d’oiseaux avec une vieille femme étrange en haillons qui lui réclame l’aumône de façon singulière.
Peu importe, son esprit est ailleurs : sa soirée avec la charmante réceptionniste de l’hotel approche, il va falloir faire vite puisqu’il rentre déjà de vacances demain. Seulement la soirée ne se déroule pas comme prévu, des évènements dramatiques ont lieu à l’hotel où il séjourne. Son retour au travail va également lui réserver beaucoup de surprises. Notre héros si sûr de lui commence à perdre pied, inexorablement…

- Jusqu’au bout des rêves : Une jeune femme psychologue infantile à l’hopital Ambroise Paré part de chez elle comme tous les matins pour se rendre à son travail. Depuis plusieurs semaines, elle rêve en permanence de sa nouvelle passion : le piano. Ses parents lui ont toujours refusé d’apprendre à jouer de cet instrument. Mais maintenant qu’elle a réussi ses études, c’est décidé, elle va pouvoir s’y consacrer. Seulement, ce matin rien ne se passe comme prévu. Sa vieille voiture a visiblement subit une effraction, la vitre côté conducteur est cassée, mais rien ne semble avoir été dérobé. Remettant ce problème à plus tard, elle s’installe au volant. Seulement la voiture n’en a pas décidé ainsi : la porte se referme, la ceinture s’accroche toute seule et la voiture démarre après avoir mis le contact sans que notre héroïne ne lui ai rien demandé. S’ensuit une course folle dans Paris qui va lui réserver bien des surprises quand au projet qui lui tient à coeur.

- Chinoiseries : Une nouvelle qui fait appel au temps dans ce qu’il a de plus angoissant. Trois amis provinciaux ont pour habitude de se rencontrer sur Paris plusieurs fois par an pour s’échanger des nouvelles de chacun et passer un bon moment. Morts de faim, ils optent pour un restaurant chinois. Ils sont seuls dans l’établissement. Arrive la fin du repas et ils reçoivent chacun une de ces "surprises chinoises" appelées "zhonguo binggan" dans lesquelles se trouve un petit billet avec en général une maxime. Un de ces messages, concernant le temps, les laisse dubitatifs et inquiets. Ce n’est que quelques jours plus tard que l’une de nos trois héros comprendra la signification à ses dépends…


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