Le Trône du Dragon (T1 L’Arcane des Epées)

WILLIAMS Tad

Article publié le dimanche 30 décembre 2007 par Cyrallen
Mis à jour le jeudi 28 août 2008

Quatrième de couverture :

Simon, quatorze ans, n’a jamais quitté le château du Hayholt où il a grandi dans les jupes des chambrières. Il n’a jamais connu son père et sa mère. Un jour, il deviendra mage, pourvu que le destin lui soit favorable.

Un mystère plane sur le grand château. Le roi Jean, tueur du dragon Shurakai et souverain de toutes les nations humaines, est à l’agonie. Bientôt son fils aîné, le prince Elias, ira siéger sur le Trône du Dragon. Et des complots se trament dans l’ombre. La mort du roi Jean est très attendue. Elle pourrait libérer un terrible maléfice…

En fait, c’est la conquête du pays par les hommes, cinq siècles plus tôt, qui a créé le malaise. Les Sithis, anciens maîtres de la terre, ont brusquement disparu. Seraient-ils morts ? Peu plausible : ils sont immortels.

Alors, il y a un problème, et Simon n’en sait rien. Seule une société plus ou moins secrète, la Ligue du Parchemin, voit venir le danger. De grands desseins sont en jeu. Pour que survive le monde, Simon devra résoudre un jour l’énigme légendaire des Épées du Pouvoir. Mais on ne l’a pas prévenu.

L’avis de Philémont :

A la mort du Roi Jean, Osten Ard se déchire. En Erkynée, Elias, fils aîné de Jean, accède au trône, visiblement conseillé de bien étrange façon. Mais ce n’est que lorsque Elias s’en prendra ouvertement à son frère, Josua, que le royaume va entrer en guerre. Elias aura pour alliés l’opportuniste province de Nabban, ainsi qu’un partie du Rimmersgard, province de guerriers redoutables. Josua aura à ses côtés l’autre partie du Rimmersgard ainsi que l’Hernystir, où vit un peuple raffiné et plutôt paisible. Et en plein cœur de ce conflit vont évoluer une multitude de personnages, Simon le marmiton en tête, qui vont très vite se rendre compte que les desseins d’Elias ne se résument pas forcément à une querelle familiale…

Avec L’Arcane des Epées, Tad Williams est un jeune auteur (il commence à écrire sa trilogie à 25 ans) qui exploite une thématique pour le moins éculée dans la Fantasy : la lutte du Bien contre le Mal. Ceux qui sont allergiques à cette thématique peuvent donc passer leur chemin. Les autres pourront être fortement intéressés, d’autant que l’auteur en fait une exploitation de qualité et relativement personnelle. L’originalité tient au fait que Tad Williams ne fait pas de ses héros des personnages parfaits et infaillibles. Bien au contraire, il s’agit d’hommes et de femmes (presque) ordinaires qui ne savent pas vraiment ce qu’ils doivent combattre et qui doutent en permanence de leurs propres actes. Simon, par exemple, s’interroge sans cesse sur ses actes passés et à venir, se demandant qui est réellement l’Ennemi qu’il doit combattre. Est-ce l’Erkynée, où vit un peuple qui comptait, il n’y a pas si longtemps, bon nombre de ses amis ? Est-ce Elias ? Son conseiller Pryrates ? Est-ce autre chose encore ?

Ces questions forment le fil rouge de tout le cycle et sont partagées par tous les autres personnages, qui sont en plus torturés par leurs propres démons. C’est Josua qui souffre du mal qu’il peut faire à son peuple en combattant le Mal qui s’abat sur le royaume. C’est Eolair, duc d’Hernystir, qui souffre de voir la princesse Maegwin, la femme qu’il aime secrètement, sombrer dans la folie. C’est encore Isgrimmur, duc de Rimmersgard, qui n’aspire qu’à retourner chez lui avec sa famille pour reconstruire son pays, alors qu’il est contraint d’errer dans tout Osten Ard d’escarmouches en batailles.

Ces batailles sont d’ailleurs nombreuses et sanglantes. Mais Tad Williams n’en profite pas pour les idéaliser. Bien au contraire, bon nombre de personnages importants vont y disparaître et s’achèveront sur une nouvelle interrogation : à quoi cela a-t-il servi ? Même le personnage principal, Simon, n’est pas spécialement à l’aise au cœur des batailles. Il n’est pas adroit à l’épée et c’est bien malgré lui qu’il va devenir un héros.

Autre originalité dans L’Arcane des épées : les femmes. Loin d’être des personnages secondaires, voire décoratifs, comme c’est souvent le cas dans ce genre de romans, elles sont essentielles dans l’intrigue et ont de forts caractères, au même titre que les hommes. Il y a la princesse Miriamélé, fille d’Elias, dont le rôle sera essentiel dans le dénouement final. Il y a aussi Valada Géloé, femme-sage, dont l’aide sera extrêmement précieuse pour Simon et Josua. Et il y en a bien d’autres encore.

Tout cela nous est raconté de manière très agréable par Tad Williams. Bien sûr, comme souvent lorsque les personnages sont fouillés à l’extrême, certains pourront reprocher quelques longueurs. Toutefois, le style est bien rythmé et, surtout, le fin mot de l’intrigue ne nous est révélé que dans les toutes dernières pages. Il faut dire qu’elle se compose de multiples petites histoires dans l’histoire et que l’auteur a su parfaitement équilibrer sa narration en ne nous révélant des bribes d’information qu’à point nommé.

Voilà donc un cycle extrêmement plaisant qui ne peut que plaire aux inconditionnels du genre. Je pense également qu’il est parfaitement adapté à une découverte de la Fantasy puisque, outre les qualités dont je viens de parler, Tad Williams exploite également une partie du bestiaire traditionnel de la Fantasy, sans en abuser.

Le Cycle de l’Arcane des Epées :

VO (First Edition)VF (Première édition)
Memory, Sorrow and ThornL’arcane des épées
1 - The Dragonbone Chair (1988)La Ligue du Parchemin
1 - Le trône du dragon (1994)
2 - Le roi de l’orage (1995)
2 - Stone of Farewell (1990)La route des rêves
3 - La maison de l’Ancêtre (1996)
4 - La pierre de l’adieu (1997)
_ 3 - To Green Angel Tower, Part 1 (1993)
4 - To Green Angel Tower, Part 2 (1993)
La citadelle assiégée
5 - Le livre du Nécromant (1998)
6 - Le cri de Camaris (1999)
7 - L’ombre de la roue (1999)
8 - La tour de l’Ange Vert (2000)

Extraits :

1 - Celui qui connaît la destinée des choses qu’il entreprend dès leur début est un sage ou un sot. Mais qu’il soit l’un ou l’autre, il sera malheureux car il aura planté sa dague dans le cœur de la vie.

2 - Extrait de "La Vie et le Règne du Roi Jean Presbytère", par Morgénès Ercestrès" :
"… Le livre du prêtre fou Nisses est de grande taille, si l’on en croit ceux qui l’ont eu en main, et est aussi lourd qu’un jeune enfant. Il fut découvert aux côtés de la dépouille de Nisses qui souriait encore par-delà son trépas, et reposait près de la fenêtre par laquelle son maître le Roi Hjeldin venait de se précipiter vers la mort quelques instants plus tôt.
"L’encre brun rouille, décoction de gattilier, d’ellébore, et de rue, ainsi que d’un liquide plus rouge et plus épais, est sèche, et s’écaille facilement. La reliure, sans ornement, est faite de la peau tannée d’un animal sans fourrure, d’une espèce indistincte.
"Les saints hommes de Nabban qui le lurent après le décès de Nisses le déclarèrent hérétique et dangereux, mais préférèrent pour une raison inconnue ne pas le brûler, sort qu’ils réservaient pourtant généralement à ce genre d’ouvrages. Au lieu de cela, ils le conservèrent durant bien des années dans les archives presque infinies de notre Sainte Église, dans les caves les plus profondes et les plus secrètes du Sancellan Aedonitis. Il aurait apparemment disparu du coffret d’onyx qui l’abritait ; le fort peu coopératif Ordre des Archives reste vague quant à sa situation actuelle.
"Ceux qui ont lu le texte hérétique de Nisses disent qu’il contient tous les secrets d’Osten Ard, depuis l’origine troublée de ces terres jusque aux sombres reflets de ce qui n’est pas encore. Les prêtres qui se sont livrés à l’examen du manuscrit n’en veulent rien dire, si ce n’est qu’il traite d’un sujet impie.
" Il est possible que les écrits de Nisses prédisent effectivement ce-qui-sera avec la même clarté, et, on peut le supposer, avec la même excentricité, qu’ils décrivent ce-qui-a-été. On ne sait, par contre, si les hauts faits de notre époque, et plus particulièrement ce qui nous importe ici, l’ascension et le triomphe de Jean Presbytère, sont inclus dans les prédictions du prêtre, bien que certaines indications puissent le laisser supposer. Les écrits de Nisses sont impénétrables, et leur sens dissimulé par d’étranges rimes et d’obscures références et allusions. Je n’ai jamais lu cet ouvrage dans son intégralité, et ceux qui ont eu l’occasion sont pour la plupart morts depuis bien longtemps.
"Le livre a pour titre, dans les runes dures et froides des terres nordiques où Nisses a vu le jour, Du Svardenvyrd, ce qui veut dire L’Arcane des Épées…"


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