L’Éveil de Katal

VERDIER Luc

Article publié le dimanche 30 décembre 2007 par Cyrallen

Quatrième de couverture :

Tiré de sa retraite par le supérieur de son ordre religieux, le lecteur d’âmes Leuwin Verdiger se voit confier une mission pour le moins étrange. On le presse de se rendre sur une planète-prison pour y entendre les confessions d’un jeune humain condamné à mort. Pourquoi lui confier une telle mission alors que ses confrères pourraient aussi bien l’accomplir ? Et surtout, pourquoi le gratifier du "sceau dermique" qui lui donne accès à des crédits illimités et à un statut d’ambassadeur universel ?

Dès sa rencontre avec le jeune humain, Leuwin Verdiger comprend qu’il détient la clef du mystère de Katal, la planète interdite… Originaire de Bordeaux, chef de projet dans une société de jeux vidéo basée à Torronto, Luc Verdier est un passionné de cultures et de religions.

Globe-trotteur d’une insatiable curiosité, son space-opera est teinté de la couleur de ses nombreux voyages.

Mon avis :

Leuwin Verdiger est un prêtre Bahaiste, religion qui a la particularité de répertorier et respecter toutes les autres religions de façon maintenir intactes et faire vivre les croyances des nouvelles planètes et peuples pensants découverts dans tout l’univers depuis des années par les humains. Leuwin est également un "lecteur d’âmes", ce qui lui apporte des avantages indéniables lorsqu’il s’agit de mener une enquête du type de celle qui lui est confiée par son supérieur hiérarchique lorsqu’il émerge d’un exil de sept longues années sur une planète déserte.

Le cas est complexe : il met en jeu un jeune dompteur accusé à tord pour Leuwin le lecteur d’âmes d’un crime mettant systématiquement en relation une espèce de ruminants fort communs sur les planètes habitées : les wombs. Cependant, les wombs ne peuvent être élevés que sur une seule planète appelée Katal, la planète interdite dont les Katalis autochtones possèdent l’exclusivité commerciale… Autant dire que l’enquête touche à des intérêts à la fois politiques et commerciaux qui pourraient révolutionner l’économie et l’éthique de toutes les espèces pensantes déjà connues…

Sans en dire plus pour ne pas dévoiler une chute plus que captivante, je ne peux que recommander l’Éveil de Katal. Un seul volume pour une histoire complexe qui fait appel incontestablement à plusieurs genres littéraires suivant les rebondissements : policier lorsqu’il s’agit de démêler les fils de l’intrigue grâce à la jolie Juge amie de Leuwin Verdiger, SF lorsqu’on s’intéresse à la philosophie des différentes espèces pensantes découvertes depuis que l’homme a quitté la Terre, aventure lorsque Verdiguer atterrit sur la planète des jeux et découvre les vices et dérives du gotha éclectique de l’univers etc…

L’écriture est agréable et fluide, L’éveil de Katal se lit bien grâce aux évènements non-stop qui font avancer petit à petit l’enquête visant à disculper le jeune dompteur, sans que l’on puisse à première vue trouver la clef de l’intrigue. Celle-ci est très bien menée par Leuwin, parfois grâce à l’aide de quelques amis hauts en couleur (comme un ancien repenti de la planète-prison sur laquelle a anciennement officié Leuwin), ce qui explique que les dernières pages ne déçoivent à aucun moment par l’ampleur des révélations qu’apporte l’enquête sur Katal et ses mystères. A lire pour perfectionner sa culture space-opéra par un roman réussi d’un jeune auteur Français qui ne tombe aucunement dans les clichés du genre.

Extraits :

1- Une jeune femme éplorée vint voir le Maître.
- Mon fiancé ne m’aime plus. Il ne me désire plus. Que dois-je faire ? Je l’aime…
- Tu exiges trop. Mais répète-lui cette formule magique : "mon amour, peu importe que je sois née, tu deviens visible à l’instant où je disparais". Ensuite sois sage ou sois folle, sois poétesse ou sois magicienne. C’est pareil. M.B. in Paroles d’un Maître (extrait).

2- Leuwin reconnu le temple au premier regard. Architecture, agencement, taille ; jusqu’à la blondeur douce des pierres, tout était à l’identique du temple bahaiste originel, celui du mont Carmel en Israël. Aujourd’hui, quelque trente-cinq siècles plus tard, ce dernier, tout comme la Terre qui l’avait si longtemps porté n’était plus qu’un souvenir, mais l’attachement et la fidélité des bahaistes pour ce refuge spirituel n’avaient jamais faibli. Et tous les temples bahaistes, passé, présent ou à venir dans le Limes répondaient à ce modèle.

La Terre, pensa le Na, cette Terre tant aimée et tant haïe dont le souvenir hante tous les Humains comme un second péché originel. La "petite planète bleue" n’existait plus depuis des siècles, détruite par ceux-là même qui depuis s’acharnaient à la recréer partout où leurs errances les menaient. Humanité réduite au nomadisme et qui, dans chaque colonisation, dans chaque lieu où tentait de s’épanouir un volkgeist humain, la géographie de cette Terre immatérielle et éternelle était sans cesse revisitée, recrée.

L’humanité n’était pourtant pas la seule espèce à ne plus vivre sur son monde natal, mais elle avait la triste singularité d’être la seule à ne devoir la disparition de son monde d’origine qu’à elle-même. Nulle espèce n’avait jamais tenté de l’en déloger, personne ne l’avait jamais mise en péril, non, les humaines seuls avaient suffit à la tâche. Tellement d’erreurs, de morts et de sacrifiés pour construire la paix, pensa Leuwin en se remémorant la fondation sanglante du Limes.


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