La Cité des saints et des fous

VANDERMEER Jeff

Article publié le dimanche 30 décembre 2007 par Cyrallen

Quatrième de couverture :

Il était une fois, sur les bords du fleuve Moss, une cité fantastique du nom d’Ambregris qui entretenait une troublante ressemblance avec le monde que vous pensez connaître.

Bâtie avec le sang de ses premiers habitants, et marquée pour des siècles par les répercutions de cette lutte, Ambregris est devenue une métropole d’une cruelle beauté - refuge pour les peintres et les voleurs, les compositeurs et les meurtriers…

Vous y croiserez des Saints Vivants, des écrivains fous, de médiocres artistes se transformant soudain en génies, des calmars géants intelligents, ou encore d’étranges créatures furtives qui ressemblent à des champignons et détiennent les clés de nombreux secrets. Vous y trouverez aussi, au fil de ce livre-univers rabelaisien, grotesque, tragique et parfois déchirant, l’un des plus beaux portraits de ville de la littérature contemporaine.

Né en 1968, Jeff VanderMeer a grandi dans les îles Fidji et passé six mois à parcourir le monde avant de retourner vivre aux États-Unis, où il a entamé une triple carrière d’écrivain, pour laquelle il puise son inspiration dans ses multiples voyages, d’éditeur-anthologiste (avec la série Leviathan) et de critique littéraire pour des supports tels que The Washington Post ou Publisher’s Weekly. Jeff VanderMeer vit aujourd’hui à Tallahassee, Floride, avec sa femme Ann.

« Voilà une oeuvre de fiction à ranger aux côtés de Calvino et de Borges. » The Guardian

L’avis de Philémont :

La Cité des Saints et des Fous c’est Ambregris. Ambregris c’est une ville tentaculaire où la folie peut se trouver au coin de n’importe quelle sordide ruelle. On y croise toutes sortes de créatures : des nains, des champigniens, des calmars, des hommes et des femmes aussi. Et chacun d’eux peut sombrer dans la démence ou le meurtre à n’importe quel moment. Ambregris c’est aussi La Cité des Saints et des Fous de Jeff VanderMeer, oeuvre aussi folle que son sujet le laisse présager.

La Cité des Saints et des Fous est avant tout un recueil de nouvelles. Dradin, amoureux est une romantique histoire d’amour qui se transforme en cauchemar lors du festival du calmar d’eau douce. Dans le Guide Hoegbotton de l’Ambregris des Premiers Temps, un historien écrit l’Histoire d’Ambregris avec moultes détails comme "ce qu’il se passe lorsqu’une armée dotée d’une puissante cavalerie se bat contre une force avant tout navale : rien". La transformation de Martin Lac nous montre comment un artiste sans talent devient subitement l’un des peintres les plus en vogue d’Ambregris. Dans L’étrange cas de X, un psychiatre interviewe l’auteur de… La Cité des Saints et des Fous, afin de déterminer s’il faut le libérer ou le maintenir à l’hôpital.

Une fois lues ces quatre nouvelles, qui occupent à peine la moitié du volume, nous arrivons alors aux annexes. Celles-ci sont divers textes retrouvés dans les effets personnels de X après sa disparition de l’hôpital psychiatrique, et sur lesquels les psychiatres s’arrachent les cheveux. L’ouvrage s’achève alors sur une note à propos des polices de caractères où l’on apprend que le célèbre "Times New Roman mêle l’atmosphère grossière d’un bifteck coriace à la structure d’une pomme de terre, son bouquet minéral se combinant à une texture moelleuse". Enfin l’éditeur, Calmann-Lévy, présente l’auteur sous la forme d’un avis de recherche.

Le tout est abondamment illustré et très joliment mis en page. En outre, la folie du propos n’empêche pas X d’utiliser un vocabulaire riche, de soigner la moindre petite phrase et de montrer un sens de la structure impressionnant. De ce point de vue il montre les mêmes qualités que l’un de ses illustres modèles, Vladimir Nabokov, auquel les références plus ou moins explicites sont nombreuses.

La Cité des Saints et des Fous est donc une grande réussite, une tragi-comédie qui ne peut laisser indifférent, dans n’importe quel sens du terme. Pour ma part, c’est dans le bon.


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