Battle Royale

TAKAMI Koushoun

Article publié le dimanche 30 décembre 2007 par Cyrallen
Mis à jour le mercredi 30 janvier 2008

Quatrième de couverture :

Programme [program] n. m. :
[…]
4. Depuis 1947, simulation de combat exécutée à des fins de défense nationale par les forces terrestres d’intervention rapide de notre Nation. (Nom officiel : « Expérimentation militaire du programme 68 ».) Chaque année, cinquante classes de 3e choisies au hasard parmi l’ensemble des collèges du pays y participent. Le déroulement de l’expérience est très simple : laisser se battre entre eux les élèves d’une classe jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un seul survivant, l’objectif étant de recueillir diverses données statistiques sur le temps mis par le champion à exterminer le reste de la classe ; le Programme constitue à ce titre un élément essentiel de notre souveraineté nationale et de la politique de défense de notre pays. Le survivant de chaque classe (appelé le/la champion/ne) gagne le droit de vivre aux frais de l’Etat jusqu’à sa mort. […]

« Battle Royale évoque un riff de guitare follement divertissant, mélange improbable du jeu Survivor et d’un combat de catch. A moins que Battle Royale ne soit juste complètement fou. » Stephen King

Version contemporaine survitaminée de Sa Majesté des Mouches de William Golding, Battle Royale a défrayé la chronique japonaise à sa publication, avant de devenir un des plus grands best-sellers de l’édition nippone. Cette métaphore cruelle et satirique d’un pays réduit à dévorer ses propres enfants qu’il ne comprend plus a fait l’objet d’une adaptation cinématographique en 2000 et d’une déclinaison manga à partir de 2003.

Né en 1969 à proximité d’Osaka, Koushoun Takami a suivi des études de littérature avant d’exercer le métier de journaliste de 1961 à 1996, couvrant des domaines aussi variés que la politique, les faits divers et l’économie. Il se consacre depuis à l’écriture, travaillant aujourd’hui à son second roman après avoir rédigé le scénario de Blitz Royale, manga faisant suite à son Battle Royale.

L’avis de Philémont :

Dans un futur proche, le Japon est devenu un empire fasciste. Il a notamment mis en application le Programme Battle Royale, seule forme de recrutement citoyen pour la défense nationale. Ce programme consiste à tirer au sort chaque année une classe de collégiens en 3e et à les emmener de force sur un territoire coupé du monde, souvent une île. Là, les collégiens sont invités à s’entre-tuer, un seul d’entre eux pouvant rester en vie. Cette année c’est la 3e B du collège municipal de Shiroiwa qui est sélectionnée. Pour ses 42 collégiens, une course contre la mort s’engage alors, durant laquelle chacun doit faire face à ses amis d’hier, et accepter sa nature profonde…

Battle Royale est un roman violent. Très violent. Il est parfaitement descriptif quant aux multiples meurtres qui parsèment son intrigue. Il est même assez froid dans ces descriptions, ce qui peut rappeler par moment les passages les plus extrêmes de L’échiquier du mal de Dan Simmons. Cette froideur est contrebalancée par une étude poussée de la psychologie de chacun des protagonistes. Car l’objet de Battle Royale est de montrer comment l’esprit humain, dans toute sa diversité, réagit face à une mort programmée, inéluctable et forcément violente.

Ces deux facettes du roman de Koushun TAKAMI le rendent terriblement poignant, d’autant que l’écriture de l’auteur est parfaitement réaliste. On pourra toutefois lui reprocher une certaine longueur puisque la vie de chaque collégien fait l’objet d’une analyse, de même que sa réaction face au Programme dans lequel il est impliqué. Les lecteurs les plus vieux regretteront aussi que seul le comportement d’adolescents de 15 ans soit décrit, leurs préoccupations pouvant leur paraître quelque peu naïves. L’adolescent, lui, devrait être séduit, ce qui explique probablement le grand succès de ce roman au Japon, ainsi que le succès international de son adaptation cinématographique, puis manga.

A noter qu’avec Battle Royale, Calmann-Lévy initie une nouvelle collection, Interstices, dédiée aux littératures de l’imaginaire difficilement classifiables. Après sa collection Fantasy de grande tenue, cet éditeur est décidément très dynamique et n’oublie pas que ces littératures peuvent aussi être synonymes d’originalité et de qualité.

L’avis de BaronBreton :

Comme on peut le voir à la définition du Programme (le décret B.R dans le film) dans le quatrième de couverture, dés le début le film ne va pas aussi loin que le livre qui l’a inspiré, car on ne peut s’empêcher de comparer. Ici ce n’est pas une seule et unique classe qui est sélectionnée mais bien cinquante, autrement dit deux milles élèves qui sont sélectionné au hasard pour participé au Programme, mille neuf cinquante élèves verront donc la mort durant ce Programme. Mais là ou le film ne nous livre qu’un jeu de massacre quasi gratuit, Koushun TAKAMI donne une horrible raison bien officielle à l’existence du Programme, il ne s’agit pas d’une vulgaire épée de Damoclès au dessus d’une jeunesse devenue violente, incontrôlable et surtout incompris mais bien d’une expérience afin de récolter des informations sur le/la champion(ne) du Programme, une expérience qui sert la cause de la République de Grande Asie et de son Reichsführer. Finalement, tout cela ne sert qu’à l’effort de guerre de la République et celui qui s’y oppose n’est pas un véritable Patriote. TAKAMI nous décris donc le pays qu’est devenue le Japon dans ce monde : replié sur lui même, s’ayant trouvé un ennemie commun pour le peuple (L’Empire américain pour le nommé), un pays où le Rock’n’roll est devenue illégal et où les militaires sont tout puissants mais toujours au service de la Patrie et donc du peuple, selon ces dits militaires bien sur. On se retrouve donc à assisté à l’horrible mise en place du Programme pour la classe des 3°B, certains ne réalisent pas ce qu’il arrive, d’autre tenteront de se réunir afin de faire front, mais d’autres laisseront d’autre émotions les guider comme la peur ou même l’absence d’émotion. On suit ainsi de le périple de Shûya Nanahara et de son amie Noriko Nakagawa qui vont tout au long de se périple remettre en cause les fondements de leur pays et ses valeurs. Mais qui vont aussi malheureusement bien vite comprendre que pour certains tuer signifie ne pas être tuer.

Malgré sa violence, chaque action, chaque situation, chaque personnages amènent à une réflexion sur l’humain, ses dirigeants et surtout la vie en société, les liens des gens entre eux et également avec leur gouvernement. On y voit le côté le plus sombre de l’humain mais aussi, et heureusement, ses côté positif. TAKAMI nous offre un roman digne d’un rapport (ou une bande vidéo) basé sur le Programme des 3°B. Un véritable journal de bord qui heure par heure se dirige vers son issus fatale. Tour à tour extrêmement dynamique, calme, doux, mais aussi mené à un rythme fou et violent, l’auteur impose son style qui donne tout simplement vie à son livre.

Battle Royale n’en reste pas moins une oeuvre à ne pas mettre entre toute les mains tellement il est "fou" (une société qui en viens à dévorer sa jeunesse afin d’exercer un contrôle des plus parfait) et violent mais qu’il faut peu être tenter de lire un jour, en oubliant tout du film, si vous l’avez vu avant, car il n’est définitivement rien fasse à l’oeuvre littéraire.

Une véritable craie sur un tableau noir, on ne peut que l’écouter en souffrant. Inoubliable !


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