Hypérion (T1 Le Cycle d’Hypérion)

SIMMONS Dan

Article publié le dimanche 30 décembre 2007 par Cyrallen
Mis à jour le vendredi 29 août 2008

Quatrième de couverture Volume 1 :

Quand les sept pèlerins se posent à Hypérion, le port spatial offre un spectacle de fin du monde. Des millions de personnes s’entassent derrière les grilles : les habitants de la planète sont sûrs que le gritche va venir les prendre et ils veulent fuir. Mais l’Hégémonie ne veut rien savoir : une guerre s’annonce et les routes du ciel doivent être dégagées. Et tout ce que le gouvernement a trouvé, c’est d’envoyer sept pèlerins. La présidente le leur a dit d’emblée : "Il est essentiel que les secrets des Tombeaux du Temps soient percés. C’est notre dernière chance." Mais les pèlerins n’y comprennent rien : c’est tout simple, ils ne se connaissent même pas entre eux !

Heureusement, le voyage leur permettra de se rapprocher. Chacun raconte son histoire, et l’on s’aperçoit vite que nul n’a été pris au hasard. Celui qui a fait la sélection, au fil des confidences, paraît bien avoir fait preuve d’une lucidité… diabolique. Et d’une cruauté… raffinée ! Dan Simmons a fait en 1982 des débuts très remarqués. Fasciné par la transcendance du mal et l’horreur et la souffrance, il est souvent présenté comme un spécialiste de la terreur. C’est pourtant la SF qui lui a inspiré son chef-d’œuvre, Les Cantos d’Hypérion (1989-1990), un grand cycle cosmogonique habité par les ombres de Keats et de Dante. Rien de moins.

Quatrième de couverture des éditions Robert Laffont :

Sur la planète Hypérion, sept pèlerins entament ensemble un voyage initiatique dont nul ne sait où il les conduira. Les récits de leurs aventures antérieures jetteront peut-être une lumière contrastée sur le destin qui les a réunis.

Le thème d’Hypérion et d’Endymion a été imaginé par un poète génial, mort jeune, pauvre, inconnu et malade, dans les premières années du XIXe siècle, John Keats.

C’est celui de la création par l’humanité de Titans mécaniques qui aspirent à la réduire en esclavage, voire à la détruire. Et dans le lointain avenir de ce chef-d’œuvre de la science-fiction, John Keats renaît pour devenir l’un des héros du cycle.

Hypérion et Endymion ont obtenu les prix Hugo, Locus, et quelques autres.

Ces deux volumes sont introduits par une présentation de Gérard Klein et enrichis d’un dossier incluant une bibliographie complète de Dan Simmons, établie par Alain Sprauel.

Quatrième de couverture volume 2 :

Sur Hypérion, le père Hoyt a trouvé son cruciforme. Il le porte imprimé dans sa chair à tout jamais.

Sur Hypérion, le colonel Kassad a rencontré la belle Moneta, hérissée de piquants. Il a vu les Extros empalés, la guerre universelle, la mort de tous les mondes. Il a un compte à régler avec le gritche. Sur Hypérion, le poète Silenus fut l’un des compagnons du roi Billy le Triste. Il a chanté pour lui l’amer triomphe d’un dieu usurpateur. Mets du bois dans l’âtre, maman, le gritche vient nous voir ce soir. Le sujet du poème, c’est la fin de l’humanité. Il faudra l’écrire jusqu’au bout. Cependant les anciens d’Hypérion sont de retour, ils arrivent à la mer des Hautes Herbes, ils atteindront bientôt les Tombeaux du Temps qui, dit-on, dérivent de l’avenir vers le passé. Comment le croire ? Mais les Tombeaux vont s’ouvrir et le mystère se dissipera. Oyez, bonnes gens, la mort a quelque chose à vous dire !

L’avis de Cyrallen :

Incontestablement un des chefs-d’œuvre de la science-fiction. Dan Simmons possède une capacité à créer des univers entiers que possèdent bien peu d’auteurs. Le cycle d’Hypérion fait partie de ce qu’on peut appeler les livres-univers, complets dans leurs mécanismes et incomparables à d’autres romans, à l’image du Dune de Franck Herbert.

J’ai longtemps hésité avant de mettre une critique en ligne, car il est des oeuvres qu’on a du mal à cerner, même avec du recul, et Hypérion en fait partie. Trop grandiose. De la vraie SF, avec personnages manipulés par des puissances qui les dépassent, enjeux énormes, dangers indescriptibles. Et par dessus tout, un sentiment de vulnérabilité de la part de l’humanité devant les secrets terrifiants de l’univers.

Hypérion fait partie des space-opéra dont on ne se relève pas. Tout y est : les mondes habités organisés (l’Hégémonie), les envahisseurs (les Extros), une planète centrale (Hypérion) et des combats spatiaux comme terrestres, des mystères enfouis depuis une éternité, des territoires étranges… et des méchants vraiment très méchants (les Extros mais surtout le fameux gritche… brrr).

Le premier volume, Hypérion (scindé en deux par Pocket !) raconte le rassemblement de sept pèlerins, sept destins, venus séparément des confins de l’espace, chacun se rendant sur la planète Hypérion avec sa raison propre. Chacun explique comment il en est arrivé là, et surtout quel sont ses rapports avec la planète, objet de toutes les attentions. Le but final de leur expédition ? Explorer les Tombeaux du Temps (qui ont une ressemblance avec les pyramides d’Égypte en beaucoup plus grand), censés receler un secret qu’eux seuls peuvent mettre à jour.

Mais c’est sans compter avec le gritche dont la rumeur du réveil se répand parmi les habitants terrorisés d’Hypérion, et les envahisseurs Extros qui redoublent de violence vis-à-vis de l’Hégémonie, qui de son côté peine à se défendre. Les sept pèlerins ne seront pas de trop, chacun possédant un destin que nul autre ne peut accomplir à sa place, parfois tragique, désespéré, sanglant, parfois grandiose. Mais au fil des pages, une question s’insinue… puisque eux-même ne le savent pas, qui donc a bien pu réunir les sept pèlerins, tous indispensables et complémentaires dans la tâche qui les attend ?

Dan Simmons n’hésite pas à brasser les genres lorsqu’il passe d’un des pèlerins à l’autre, mélangeant allègrement aventure, policier, récit de guerre, cyberpunk, découverte et poésie, et déploie une quantité de références qui donnent une profondeur inégalée à l’ensemble. Je persiste et signe : un chef-d’œuvre.

L’avis de Philémont :

28ème siècle. La Terre n’existe plus mais l’Humanité compte à présent plus de cent milliards d’individus dispersés sur une centaine de planètes. Toutes ces planètes sont reliées entre-elles par le réseau Distrans, des portes qui permettent un déplacement instantané, oeuvre des Intelligences Artificielles (IA) du TechnoCentre. Personne ne sait d’où viennent ces IA, ni comment fonctionne ce réseau, mais l’Hégémonie, le gouvernement interplanétaire, en profite pleinement. De plus, chaque individu porte un persoc (implant) qui lui permet d’accéder à l’Infosphère, une immense base de données accessible sur tous les mondes. Cependant, il y a des planètes qui vivent encore sans réseau Distrans et sans Infosphère : les planètes des Confins. Hypérion est l’une d’elles…

Et Hypérion est au cœur d’un cycle signé Dan Simmons dont l’ampleur et la cohérence le place parmi les oeuvres de référence en SF. Le cycle comporte quatre romans et deux nouvelles que les éditions Robert Laffont ont eu la bonne idée de réunir dans un coffret de deux volumes, et dont je vais dire quelques mots ici.

Sept pélerins sont désignés par l’Hégémonie pour se rendre dans la vallée des Tombeaux du Temps, sur Hypérion, dans le cadre du pèlerinage officiel à la gloire du Gritche. Ce dernier est à la fois une machine, un dieu allant et venant dans l’espace-temps et un ange exterminateur. Il semblerait aussi qu’il se soit manifesté dernièrement. Mais le voyage vers les Tombeaux du Temps est avant tout l’occasion pour les pélerins de se raconter mutuellement leur histoire, et de prendre conscience que ce pélerinage risque fort de bouleverser à jamais l’histoire de l’Humanité…

Cela permet aussi à Dan Simmons d’explorer l’histoire de la SF en intégrant à son récit de nombreux styles propres au genre, références à l’appui, passant de l’un à l’autre de manière subtile. Pour cela l’auteur adopte une structure narrative très particulière. Chaque pèlerin racontant son histoire donne lieu à un récit indépendant, presque un roman à part entière. Et toute la subtilité de Simmons réside dans le fait que, progressivement, le lecteur est amené à prendre conscience du point commun entre tous ces récits, de l’enjeu qui se cache derrière ce pèlerinage, et ce grâce à des transitions courtes entre chacune des histoires.

On passe ainsi d’un récit guerrier, à une enquête policière, en passant par une histoire d’amour dramatique de manière on ne peut plus fluide. En dépit de la complexité de l’intrigue, l’écriture de Dan Simmons est suffisamment claire pour ne pas nous perdre dans un univers extrêmement fouillé. C’est un gage de grande qualité ; c’est aussi une manière de faire comprendre au lecteur que l’intrigue devrait prendre toute son ampleur dans le deuxième tome du cycle…


Réactions sur cet article

  • Hypérion (T1 Le Cycle d’Hypérion)
    11 mars 2008, par Jurenard

    La première partie d’hypérion est un mélange de genres (cyberpunk,religieux,hightech…) réalisée d’une main de maitre.

    Chaque pélerin est une histoire différente dans l’histoire principale. Et chaque fois, c’est un nouveau plaisir, des nouvelles enigmes, la découverte du monde d’hypérion.

    Nous avons vraiment l’impression de voyager avec les pélerins vers les tombeaux du temps et de ce fait quand nous refermons le livre, nous n’en sortons pas indemme. A lire absolument, c’est grand classique SF du spaceopera.


    • Hypérion (T1 Le Cycle d’Hypérion)
      10 avril 2008, par legloups
      J’ai beaucoup aimé cette saga, que ce soit le cycle d’Hypérion puis d’Endymion, c’est un vrai plaisir et l’histoire nous tiens en haleine jusqu’à la fin, durant les 8 volumes…



 
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