Au Guet ! (T8 Les Annales du Disque-Monde)

PRATCHETT Terry

Article publié le samedi 29 décembre 2007 par Cyrallen

Quatrième de couverture :

Une société secrète d’encagoulés complote pour renverser le seigneur Vétérini, Patricien d’Ankh-Morpork, et lui substituer un roi. C’est sans compter avec le guet municipal et son équipe de fins limiers. Une affaire à la mesure du capitaine Vimaire - s’il boit, c’est pour oublier les laideurs de la vie - et de ses brillants adjoints. ("Tous pour un !") Et lorsqu’on retrouve au petit jour dans les rues les corps de citoyens transformés en biscuits calcinés, l’enquête s’oriente résolument vers un dragon de vingt-cinq mètres qui crache le feu ; on aurait quelques questions à lui poser.

Mais peut-être la collaboration du bibliothécaire de l’Université ne sera-t-elle pas inutile : n’arbore-t-il pas aussi une plaque de la DST (Défense simienne du territoire) ?

L’avis de Cyrallen :

Encore un excellent numéro du feuilleton à rallonge que constitue le Disque-Monde, humour compris. Tout y est, les personnages du casting jouant dans toutes les catégories : poids lourd pour le noble Dragon ramené de son profond sommeil pour devenir roi d’Ankh-Morpork ( !) ; poids moyen pour le Capitaine Vimaire de la Garde de Nuit ainsi que pour le Patricien Vétérini qui décidément a toujours une longueur d’avance ; poids léger pour Errol le dragon des marais et son système digestif particulier, ex-aequo avec le grand (en taille) Carotte adopté par des nains des montagnes ; et même poids anthropoïde pour le bibliothécaire, sans qui les histoires du Disque ne finiraient jamais aussi bien pour tout le monde. Évidemment, comme dans toute compétition, il y a les hors-classe, telle Mme Ramkin, noble Dame éleveuse de dragons d’épaule, tâche qui demande un dévouement constant pour ces petites bêtes explosives mais tellement affectueuses…

En plus, le célèbre espace B qui existe entre le livres des rayonnages de la bibliothèque de l’Université de l’Invisible fait parler de lui pour la première fois.

Il faudra toutes les compétences de notre anthropoïde de bibliothécaire pour se garder d’une chute sans retour dans les méandres de l’espace et du temps, et ainsi contribuer avec la dorénavant célèbre Garde de Nuit du Guet des Orfèvres (capitaine Vimaire, sergent Côlon, caporal Chique et nouvelle recrue Carotte) pour sauver la fragile Ankh-Morpork des griffes du Dragon.

Un vrai plaisir :-)

Extraits :

1- Il faut un esprit particulier pour gouverner une cité comme Ankh-Morpork, et le seigneur Vétérini avait cet esprit-là. Remarquez, il était lui-même un quidam particulier.
Il déroutait et horripilait les princes du commerce moins importants, au point qu’ils avaient depuis longtemps renoncé à l’assassiner et se contentaient d’intriguer désormais entre eux pour décrocher les meilleurs rôles. De toute façon, l’assassin qui aurait voulu s’attaquer au Patricien aurait été bien en peine de trouver assez de chair pour y enfoncer sa dague.
Alors que d’autres seigneurs déjeunaient d’alouettes fourrées aux langues de paon, le seigneur Vétérini considérait qu’un verre d’eau bouillie et une demi-tranche de pain sec suffisaient en matière de raffinement.
C’était exaspérant. Il n’avait apparemment aucun vice qu’on pût découvrir. A voir sa figure pâle et chevaline, on aurait crû que ses goût le portait vers les fouets, les aiguilles et les jeunes filles dans les cachots. Les autres seigneurs n’auraient rien trouvé à y redire. Les fouets et les aiguilles, ça n’allait pas loin tant qu’on s’y adonnait avec modération. Mais le Patricien passait manifestement ses soirées à lire des compte-rendus et, en certaines occasions, quant il avait envie d’émotions fortes, à jouer aux échecs.
Il s’habillait beaucoup en noir. Il ne s’agissait pas d’un noir imposant comme celui que portaient les meilleurs assassins, mais du noir discret, légèrement passé de qui ne veut pas perdre son temps chaque matin à se demander quoi mettre. Et il fallait se lever de bonne heure pour triompher du Patricien ; en fait, il était plus sage de ne pas se coucher du tout.

2- L’atmosphère se figea au point qu’on entendait presque la chute indolente de la poussière. Le bibliothécaire avançait en rythme sur se phalanges entre les rayonnages interminables. (…) Il paraissait parfaitement logique au bibliothécaire, puisqu’il y avait des passages bordés d’étagères tournées dans l’autre sens, qu’il devait donc exister d’autres allées dans l’espace entre les livres eux-mêmes, dues aux ondulations quantiques générées par le simple poids des mots. Assurément, des bruits bizarres parvenaient depuis l’arrière de certains rayonnages, et le bibliothécaire savait que s’il retirait doucement un livre ou deux, il apercevrait d’autres bibliothèques sous d’autres cieux. Les livres gauchissent le temps et l’espace. Une des raisons pour lesquelles les bouquinistes, dans les petites boutiques exiguës et pleines de recoins dont on a déjà parlé, ont toujours l’air de tomber du ciel, c’est que nombre d’entre eux débarquent effectivement d’ailleurs, qu’ils se sont égarés chez nous après avoir pris un mauvais embranchement dans leurs propres librairies, sur des mondes où l’on estime de bon ton pour la profession l’habitude de porter en permanence des pantoufles et d’ouvrir à la clientèle uniquement quand on en a envie. On s’égare dans l’espace B à ses risques et périls. (…) Toutes les bibliothèques, partout, sont reliées dans l’espace B. Toutes les bibliothèques. Partout.


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