Le Joyau noir (T1 La Légende de Hawkmoon)

MOORCOCK Michael

Article publié le samedi 29 décembre 2007 par Cyrallen

Quatrième de couverture :

Une nuit d’horreur s’abat sur Köln. Les armées du Ténébreux Empire viennent de s’emparer de la ville. Les petits garçons sont crucifiés, les petites filles pendues. On force les gens, pour sauver leur vie, à se livrer en public à des exhibitions infâmes. Ils deviendront cadavres ou soldats. De toute façon, ils obéiront à la sinistre devise : « Mort à la vie ». Dorian Hawkmoon reste prostré dans sa prison. Après tout ce qu’il a enduré, il n’éprouve plus aucune émotion. Il a oublié le supplice infligé à son père, le vieu duc de Köln. Une partie de son esprit est morte. Il ne désire plus rien.

Alors le noir baron Meliadus, hiérarque de l’Empire, trouve un moyen de le manipuler quand même. Une machine le caresse, le pénètre ; il soupire. Un objet s’incruste dans son front : le Joyau Noir, souple comme la chair, irradiant une chaleur anormale. C’est une torture inédite, un piège incroyablement pervers, une malédiction inconnue qui désormais le poursuit. Jusqu’à sa mort ?

Flaubert commença par Salammbô, Moorcock par Elric et Hawkmoon. Né en 1939 près de Londres, il devient professionnel à seize ans, écrivant de l’heroic fantasy, jouant de la guitare et dirigeant des revues de B.D. Puis, il devient le rédacteur en chef de New Worlds, écrivain révolutionnaire, bientôt sans doute un des classiques de la littérature anglaise. Un talent aux multiples facettes, mais un seul univers, décadent et baroque, une fin du monde goguenarde et bariolée.

L’avis de Philémont :

Après un Tragique Millénaire l’Europe est désormais dominée par la Granbretanne qui multiplie les conquêtes, toutes plus sauvages et sanglantes les unes que les autres. Elle bâtit ainsi un Ténébreux Empire contre lequel Dorian Hawkmoon, duc de Köln, se rebelle avec l’appui de l’ultime province indépendante, la Kamarg…

Même si cela n’est pas décrit explicitement, il semblerait que l’Europe de Michael MOORCOCK soit ici une Europe post-apocalyptique. La société y est redevenue médiévale, mais elle a développé des compétences scientifiques qui ressemblent fort à ce que l’on pourrait appeler de la magie. L’Amérique et l’Asie n’existent plus, remplacées respectivement par les légendaires Amarehk et Asiacommunista dont on ne sait quasiment rien. Quant à l’Afrique et l’Océanie, il semblerait qu’on en ignore jusqu’à l’existence.

La légende de Hawkmoon ne se caractérise toutefois pas seulement par sa situation géographico-politique. Il se singularise aussi par le ton utilisé, et surtout par le fait que celui-ci change du tout au tout une fois passés les quatre premiers volumes.

La tétralogie initiale (Le Joyau noir, Le Dieu fou, L’Épée de l’aurore et Le Secret des Runes) nous raconte la façon dont Dorian Hawkmoon vient à bout du Ténébreux Empire. C’est l’occasion pour Michael MOORCOCK de nous servir une Fantasy dans le sens le plus extrême du terme. Notre héros semble en effet invincible : seul ou accompagné de quelques amis il extermine ses ennemis, humains ou monstres, par centaines, voire milliers. En outre, comme souvent avec MOORCOCK, l’écriture est rythmée à l’extrême, l’auteur ne s’embarrassant pas de la psychologie de ses personnages, lui préférant l’action en toute occasion.

La trilogie finale (Le comte Airain, Le champion de Garathorm et La quête de Tanelorn) nous conte elle les conséquences de la chute de la Granbretanne pour Dorian Hawkmoon. Et cette fois-ci c’est l’occasion pour Michael MOORCOCK de plonger ses lecteurs dans le multivers qu’il a initié avec le cycle d’Elric, Dorian Hawkmoon n’étant rien de moins, on l’aura compris, qu’une figure du champion éternel. Dès lors, l’auteur abandonne l’Heroic Fantasy facile, pour une Fantasy plus sérieuse, presque expérimentale, abordant des thèmes relatifs à la condition de l’Homme, par rapport aux autres Hommes, et par rapport au monde dans lequel il vit.

A une Fantasy facile et caricaturale succède donc une Fantasy sérieuse et parfois confuse. Du point de vue de la confusion, La légende de Hawkmoon peut d’ailleurs rappeler les pires moments du cycle d’Elric. Par ailleurs, à aucun moment, Hawkmoon n’atteint la même puissance dramatique qu’Elric. Il n’en reste pas moins que Michael MOORCOCK sait raconter une histoire à ses lecteurs et qu’il réussit finalement à les captiver, si tant est qu’ils ne sont pas allergiques à son style si particulier.

L’avis de F. :

Le cycle de Hawkmoon forme, avec ceux d’Elric, d’Ereckosé et de Corum, le fameux Cycle du Multivers de Moorcock. Hawkmoon se distingue des trois autres par son univers. En effet, l’action n’a pas lieu dans un énième univers de fantasy inspiré de Tolkien, mais dans une Europe parallèle, celle du tragique millénaire, baignée d’une atmosphère de fin de monde si appréciée de Moorcock. L’originalité et la description de cet univers font la force de ce cycle.

Malheureusement, l’intrigue est loin d’être à la hauteur. Dorian Hawkmoon est un personnage archétypé dont les aventures sont d’une platitude absolue (arrivé au château, il tombe amoureux de la fille du comte, très belle bien sûr). Elle se fait enlever et Hawkmoon cours à sa rescousse. Il en profite pour buter le grand méchant. (Mais celui ci n’est pas mort, il s’enfuit pour préparer sa vengeance…) A même se demander s’il s’agit d’une caricature voulue par l’auteur.

Bref, Hawkmoon est loin de valoir Elric. Pourtant, ses aventures se lisent sans difficulté, mais aussi sans réel intérêt.

Ces quatre romans sont suivis du Comte Airain, le Champion de Garathorm et de la Quête de Tanelorn.


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