Cordelia Vorkosigan (T1 La Saga Vorkosigan)

MC_MASTER BUJOLD Lois

Article publié le samedi 29 décembre 2007 par Cyrallen

Quatrième de couverture :

La guerre… Stupide, inévitable. Mauvais endroit, mauvais moment, mauvaise cause. Même l’uniforme n’est pas le bon : Cordelia Naismith, des forces expéditionnaires de Beta, se retrouve en pleine bataille interplanétaire, alors qu’elle a toujours sur le dos sa vieille combinaison d’astronaute. Et voici qu’elle est tombée entre les mains des Barrayarans. Qui plus est, entre celles de son pire ennemi, lord Vorkosigan, alias le " boucher de Komarr ".

Cet homme, elle devrait le haïr ; pourtant, elle est troublée. Que va-t-il faire ? La tuer ? Non. Alors que le conflit fait rage, il lui propose… le mariage ! De ces deux êtres que tout oppose dépend l’avenir de deux peuples. Et de l’univers. Mais quel est le vrai moteur du monde ? L’amour, ou la guerre ?

L’avis de Jean-Marc Suzzoni sur la Saga Vorkosigan :

Dans le monde de la SF américaine, Lois Mc Master Bujold, est semble-t-il un cas exceptionnel. C’est en effet la (et le) seul auteur a avoir obtenu pour la même série romanesque (et en si peu de temps) trois Prix Hugo du Meilleur Roman.

Miles Vorkosigan, Barrayar et La Danse du Miroir ont été respectivement Prix Hugo en 1991, 1992 et 1995. Je me propose de vous faire découvrir cette saga (sans dévoiler les intrigues) d’une douzaine de romans et de quelques nouvelles, qui tournent pour la plupart sur l’évolution d’une planète isolée, Barrayar, et d’une famille, celle des Vorkosigan.

L’auteur :

Lois Mc Master Bujold est née le 2 novembre 1949 à Columbus dans l’Ohio, aux USA. Elle est entrée à l’Université d’Ohio en 1968 (mais n’a jamais terminé de diplôme), tout en travaillant comme technicienne à la pharmacie de l’hôpital universitaire. Son éducation s’est surtout faite, d’après ses dires, par la lecture de cinq livres par semaine à la bibliothèque de l’université, et en écoutant son père qui était ingénieur, et amateur de Science-Fiction. Elle a découvert la SF très jeune (à 9 ans) et a épousé un autre fan, John Fredric Bujold en 1971. Ils sont maintenant divorcés. Elle a eu un garçon et une fille.

La Saga des Vorkosigan et autres héros… Bibliographie et tout ça…

Vous trouvez ci-dessous dans l’ordre : le titre français, le titre US, la date de publication, l’ordre de chronologie de la saga et les Prix littéraires obtenus.

Falling Free, qui ne met pas en scène les Vorkosigan, a lieu dans le même univers, mais 200 ans avant la naissance de Miles. Je n’ai guère d’informations sur Dreamweaver’s Dilemma, sinon qu’il s’agit à la fois d’une nouvelle se situant dans cet univers, mais très antérieure à Falling Free dans la chronologie, et aussi d’un recueil de 5 ou 6 nouvelles parues dans divers magazines dont la plupart n’ont rien à voir avec le cycle de Barrayar.

- Cordelia Vorkosigan - (Shards of Honor, 1986) - 01 -
- L’apprentissage du guerrier - (The Warrior’s Apprentice, 1986) - 03 -
- Ethan d’Athos - (Ethan of Athos, 1986) - 07 -
- Opération Cay - (Falling Free, 1988) ** (Nebula 1988)
- Un clone encombrant - (Brothers in Arms, 1989) - 10 -
- recueil de nouvelles (Borders of Infinity) : * - The Moutains of Mourning -, 1989 - 04 - (Nebula 1989, Hugo1990) * - Labyrinth -, 1989 - 08 - * - The Borders of Infinity -,1987 - 09 -
- Miles Vorkosigan - (The Vor Game, 1990) - 05 - (Hugo 1991)
- Barrayar - (Barrayar, 1991) - 02 - (Hugo 1992)
- La Danse du Miroir - (Mirror Dance, 1994) - 11 - (Hugo 1995)
- Cetaganda - (Cetaganda, 1995) - 06 -
- Memory - (Memory, 1996) - 12 -
- Dreamweaver’s Dilemma -,1996 **
- Komar - (Komar, 1998) - 13 -
- Ekaterin - (A Civil Campaign, 1999) - 14 -

L’univers de Miles Vorkosigan :

L’intrigue de cette saga se déroule longtemps après que l’expansion de la race humaine se soit réalisée dans la galaxie. Beaucoup d’ex-colonies terriennes sont devenues indépendantes, et des "Empires Galactiques" se sont formés. D’autres planètes, colonies oubliées viennent juste de rejoindre la civilisation galactique et humaine. Dans cet univers, les voyages spatiaux se font par des routes interstellaires rares et fixes. Qui tient avec sa flotte spatiale les deux extrémités d’un tel couloir est une puissance reconnue. Ainsi en est-il de l’Empire de Cétaganda et des systèmes de Pol et de Vervain. Certains systèmes comme le Moyeu de Hagen ne sont que des carrefours où les entrées et sorties des couloirs sont gardées par des forteresses spatiales et des flottes de mercenaires. D’autres enfin ne sont que des culs de sac interstellaires.

Tel est le cas de Barrayar, une planète qui a repris contact avec l’extérieur depuis seulement 70 ans, après des siècles d’isolement, et qui vient juste de se sortir de plusieurs guerres interstellaires, dont une ou deux guerres d’agression menées afin d’obtenir des débouchés sur les grandes routes commerciales galactiques. Jusque il y a peu, Barrayar ne connaissait en fait de politique extérieure que la diplomatie de la canonnière. Relativement isolés culturellement et technologiquement, les Barrayarans ont développé une société aristocratique et militariste où les grandes familles (les Vors) se sont autrefois partagés pouvoirs et terres. Les Vors gravitent autour d’une cruelle et décadente famille, les Vorbarra, qui occupe le trône impérial de Barrayar.

Quelques personnages :

- Aral Vorkosigan : Un des Lords majeurs de Barrayar. C’est un héros militaire, contesté par les uns, adulé par les autres. Il prendra sa retraite de l’armée, pour entamer une longue carrière politique (Régent de l’Empire, puis Premier Ministre) après son mariage avec Cordelia, une Betane. Il est aussi un des successeur potentiel au trône de Barrayar.
- Cordelia Naismith Vorkosigan : Un commandant de vaisseau d’exploration betan. Elle épouse Aral après la guerre dite d’Escobar, entre Beta et Barrayar.
- Miles Vorkosigan : Fils d’Aral et de Cordelia. C’est un nabot difforme, aux os fragiles, à cause d’un attentat manqué au gaz sur Aral, lorsque Cordelia était enceinte. Il est connu des mercenaires Dendariis sous le nom d’Amiral Naismith.
- Mark Vorkosigan : Clone-frère de Miles.
- Serg Vorbarra : Fils unique de l’Empereur Ezar Vorbarra et Prince héritier de Barrayar. C’était un violeur et un tueur psychopathe.
- Gregor Vorbarra : Fils du Prince Serdj Vorbarra et petit-fils de l’Empereur Ezar Vorbarra. Il succèdera à son grand-père sur le trône de Barrayar. Il a six ans de plus que Miles.
- Ivan Vorpatril : Cousin de Miles et de Gregor. C’est un héritier d’une autre famille importante, potentiel successeur à l’Empire, lui aussi.
- Simon Illyan : Chef de l’ImpSec, le service secret de Barrayar, durant le règne de Gregor Vorbarra.
- La flotte des Mercenaires libres Dendarii : Une flotte de mercenaires fondée par Miles.
- Konstantine Bothari : Sergent de l’armée de Barrayar, sous les ordres d’Aral durant l’expédition de Sergyar. Il avait été auparavant, pendant 4 ans, l’ordonnance de l’amiral Vorruyter (un complice de débauches du Prince Serg), avant de devenir, après la guerre d’Escobar, le garde du corps de Cordelia puis de Miles.
- Elena Bothari : fille du Sergent Bothari. Elle fut la compagne de jeu de Miles, Ivan et Gregor, avant de devenir officier des Mercenaires Dendariis.
- Elli Queen : Redoutable officier féminin de la flotte dendarii. Son visage a été refait magnifiquement après une très grave blessure.

L’avis de Jean-Marc Suzzoni sur Cordelia Vorkosigan :

C’est le roman initial de cette série, le point de départ de la saga. Il raconte la rencontre mouvementée sur une planète sauvage (la future Sergyar) entre les deux commandants de vaisseaux betan et barrayaran, Cordelia Naismith et Aral Vorkosigan, tous les deux abandonnés par leurs équipages respectifs. En dépit du fait qu’ils soient ennemis, les Barrayarans voulant s’emparer du système solaire, pour pouvoir disposer d’un nouveau seuil spatial de sortie, Arial et Cordelia finissent par sympathiser, et par se quitter à regrets. La seconde rencontre sera plus dramatique puisqu’elle aura lieu durant la Guerre d’Escobar, après que Cordelia, prisonnière de guerre, ait été mise en présence du sinistre Amiral Vorruyter. Après la guerre, gagnée par Escobar et Beta, Cordelia fuira Beta, sa planète natale pour retrouver Aral à Barrayar.

Ravaler ce roman au rang de simple space-opéra, comme l’ont fait certains (cf. infra), serait une grave erreur. En effet, nul "vaisseau spatial gigantesque filant dans l’espace de toute la vitesse de ses moteurs atomiques" ; nulle bataille à la E. E. "Doc" Smith ; nul extra-terrestre grotesque !

Bien sur le roman débute par une robinsonnade sur une planète inconnue et (heu…), il y a bien quelques "crabes" terrestres d’un mètre de diamètre (mais ils sont juste là pour la figuration…) ; bien sûr, il y a une "arme mystérieuse" qui facilite la victoire spatiale d’un des deux camps en présence…

Mais, ces clichés mis à part, Shards of Honor est surtout l’histoire de la rencontre d’un homme et d’une femme (Chabadabada… Chabadabada…) appartenant à deux civilisations différentes. D’un côté, les Barrayarans, fanatisés et sûrs de leur bon droit ; dirigés par une caste militaire féodale ; vivants quasiment sans lois écrites ; surveillés par un Ministère de l’Éducation et une police politique omniprésente, viennent juste de faire leurs retrouvailles avec le reste de l’humanité galactique, après des siècles d’isolation et une guerre d’invasion. De l’autre, les Escobardans et surtout les Betans, peuples de nations démocratiques et permissives en apparence mais où les politiciens (pour qui l’homme de la rue ne vote pas…) sont pourtant toujours réélus ; où il faut une permission pour avoir le droit de faire un enfant ; où les psychiatres et les médias ont bien trop de pouvoirs… (Ça vous dit rien… ? )

C’est donc le choc culturel et les intrigues politiques, où se trouvent englués, les deux héros qui dominent largement cette excellente introduction. Mais en toile de fond, on trouve aussi les "anticipations" biologiques qui seront, plus ou moins discrètement, mais toujours un des détails importants de cet univers. Dans Shards of Honor, on découvre pour la première fois les fameux "réplicateurs utérins", qui serviront ici aux Bétans à renvoyer vers Barrayar, les fœtus, résultats d’un certain nombre de viols commis sur des femmes soldats… Et au détour d’une phrase, on apprend l’existence des hermaphrodites betans, résultats d’expérimentations génétiques…

Pour les exégètes et autres critiques (Je pense en particulier à Roland C. Wagner de Casus Belli…) qui trouvent cette saga trop militariste, je conseille fortement la relecture attentive de la magnifique petite nouvelle (Aftermaths en VO) qui clôt ce roman…

Une parfaite réussite pour un début de carrière d’écrivain professionnel.


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