Les conjurés de Florence

MC_AULEY Paul J.

Article publié le samedi 29 décembre 2007 par Cyrallen

Quatrième de couverture :

Florence, au tout début du XVIe siècle. Une Florence bien différente de celle qu’évoquent nos livres d’histoire : Léonard de Vinci a renoncé à la peinture pour donner vie aux machines qu’il dessinait dans ses carnets et l’Italie de la Renaissance connaît déjà sa révolution industrielle… La perle de la Toscane reste cependant la ville des grands peintres, des grands architectes, des fêtes… et des intrigues sophistiquées, des morts mystérieuses.

Comme celles de Raphaël et de son assistant. Qui est à l’origine de ces meurtres ? Pour quel enjeu ? Sur fond de rivalité entre l’Italie et l’Espagne et de rébellion savonaroliste, Pasquale, jeune peintre apprenti, mène l’enquête en compagnie de Machiavel, journaliste à la Gazette de Florence, qui joue les Sherlock Holmes avant la lettre.

Roman steampunk avant l’heure, roman policier conduit tambour battant, roman d’apprentissage, Les conjurés de Florence, ici augmenté de La tentation du Dr Stein — une longue nouvelle située dans le même univers — est digne de figurer aux côtés du Nom de la rose ou de Perdido Street Station.

Né en 1955 dans le Gloucestershire, diplômé en biologie, Paul J. McAuley a longtemps travaillé comme chercheur universitaire avant de publier en 1988 son premier roman, Quatre mille milliards d’étoiles, qui obtint le prix Philip K. Dick.

L’avis de Philémont :

En ce début de XVIème siècle, l’Italie a entamé sa révolution industrielle. A Florence, Léonard de Vinci est devenu le Grand Ingénieur, donnant vie aux machines qu’il imaginait. S’il a abandonné la peinture, d’autres contribuent à sa place à la richesse artistique de la ville, tels Michel-Ange, Raphaël, et de nombreux autres, moins connus mais néanmoins talentueux. C’est dans cet univers que Pasquale, jeune apprenti du peintre Rosso, associé à Machiavel, ici journaliste pour la Gazette de Florence, mène l’enquête sur le meurtre d’un apprenti de Raphaël, bientôt suivi de celui du maître lui-même…

Les conjurés de Florence est donc une uchronie. Celle-ci prend la forme d’une enquête policière dans le cadre de laquelle Pasquale se trouve au coeur de machinations opposant savonarolistes, qui militent et combattent pour la théocratie, et un sombre magicien, à la solde de la Couronne d’Espagne, l’objet de toutes ces convoitises étant un curieux petit objet volant. De ce strict point de vue, le ton du roman peut d’ailleurs rappeler ceux de Gaston LEROUX.

Mais la Florence de Paul J. McAULEY n’en demeure pas moins une ville des arts, et l’auteur semble se délecter aussi des longues descriptions qu’il fait des peintures et fresques qui parsèment la ville, ainsi que des techniques picturales qui permettent de leur donner naissance. A ce niveau aussi Pasquale est au coeur du récit puisque le jeune peintre est en quête du visage de son ange, son futur chef-d’oeuvre. Peut-être peut-on y voir d’ailleurs un autre hommage à Raphaël et aux anges de sa Madone Sixtine ?

Les conjurés de Florence est donc un roman riche. L’auteur y démontre sa parfaite connaissance de la Renaissance italienne, indispensable pour la reconstituer minutieusement comme il le fait. Il y fait également partager son goût pour la peinture de cette époque.

Bien sûr on peut regretter quelques longueurs dans le récit, de même qu’une intrigue par moment un peu trop touffue. On peut également reprocher à McAULEY de ne pas suffisamment relier les parties policière et artistique de son roman. Mais Les conjurés de Florence n’en demeure pas moins une oeuvre originale et de qualité.

Notons pour conclure la présence dans la présente édition d’une nouvelle se déroulant dans le même univers, dix ans avant les évènements décrits dans le roman : La tentation du Dr Stein (The temptation of Dr Stein, 1996, traduction de Marie-Catherine CAILLAVA). Cette nouvelle est un hommage au Frankenstein ou Le Nouveau Prométhée de Mary W. Shelley…


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