Solaris

LEM Stanislas

Article publié le samedi 29 décembre 2007 par Cyrallen

Quatrième de couverture :

Solaris est une planète singulière qui tourne autour de deux soleils, un rouge et un bleu. Solaris est aussi recouverte d’un mystérieux océan-cerveau protoplasmique qui, depuis plusieurs siècles, demeure le principal sujet d’étude des chercheurs. Dès son arrivée sur Solaris, Kelvin est intrigué par le comportement du physicien Sartorius et du cybernéticien Snaut qui semblent terrorisés par une étrange visite, celle d’une femme, Harey, que Kelvin a aimé dix ans plus tôt et qui s’est suicidée depuis. Or, elle revient, en effet, et Kelvin l’aime à nouveau, même si son "existence" ne laisse pas d’être effrayante. L’invention linguistique de Lem et son inventaire des recherches scientifiques sur Solaris sont d’une richesse exceptionnelle. L’ouvrage a été porté avec succès à l’écran.

L’avis de Cyrallen :

La première partie de Solaris est axée sur l’enquête de Kelvin vis-à-vis des occupants de la station aux comportements étranges et secrets. La tension monte et devient de plus en plus angoissante à la manière d’un bon polar-frissons, ce qui laisse présager une chute en fanfare et des révélations fracassantes sur cet océan tantôt rougeoyant couleur sang, tantôt presque noir suivant la position des deux soleils de l’astre.

Mais non. Une fois le passage par la bibliothèque de la station accomplie par Kelvin et la collecte des informations scientifiques (et légèrement dépassée) sur toutes les formes physiques possibles que peuvent prendre certaines zones de cet océan plasmatique effectuée, l’histoire dévie sur la relation Kelvin/Harey, son ancien amour dont il se sent responsable du suicide, il y a plusieurs années de cela. La réapparition d’Harey au réveil de Kelvin un "beau" matin et son incapacité à s’en débarrasser pour de bon instille une présence oppressante dans les moindres mouvements de Kelvin et l’entrave dans sa recherche de la vérité sur la nature de cet océan qui semble vivant, et possède même sans doute la capacité de lire dans les souvenirs des occupants de la station…

En dépit de tous ces efforts, les communications avec cet océan semblent irrémédiablement vouées à l’échec. Ainsi, les véritables révélations que trouvera Kelvin seront surtout axées sur lui-même et non sur l’océan, les "visiteurs" rendant réalité la mémoire des Solaristes.

On reste donc un peu sur sa faim, plusieurs questions restent en suspens : quels sont les autres "invités" imposés aux collègues de Kelvin, Snaut et Sartorius ? Que recèle vraiment cet océan et poursuit-il un but à long terme ? Est-ce que les "visiteurs" sont capables de revenir indéfiniment ? Mais sans doute toutes ces questions forment-elles également une partie du charme de Solaris…

Extraits :

1- Au moment où je me dirigeait vers la porte, il me rappela :
- Attends !
Il avait un drôle de regard et, s’il désirait ajouter quelque chose, les mots ne se décidaient pas à franchir ses lèvres. Au bout d’un moment, il dit :
- Nous étions trois, et maintenant, avec toi, nous sommes de nouveau trois. Tu connais Sartorius ?
- Comme je te connaissait, en photographie.
- Il est dans le laboratoire, là-haut, et je ne pense pas qu’il en sortira avant la nuit, mais… en tout cas, tu le reconnaîtrais. Si tu voyais quelqu’un d’autre, tu comprends, quelqu’un qui ne serait ni moi, ni Sartorius, tu comprends, alors…
- Alors quoi ?
Je rêvais, tout cela n’était qu’un rêve ! Ces vagues noires, aux reflets sanglants, sous le soleil bas, et ce petit homme qui venait de se rasseoir dans son fauteuil, la tête de nouveau pendante, et qui regardait un tas de câbles.
- Alors ne fais rien.
Je m’emportai :
- Qui pourrais-je voir ? Un fantôme !
- Évidemment, tu crois que je suis fou. Non. Non, je ne suis pas fou. Je ne peux rien te dire d’autre, pour le moment. Du reste, peut-être… il ne se passera peut-être rien. En tout cas, n’oublie pas mon avertissement.

2- On étudia en outre la surface de la planète, recouverte d’un océan parsemé d’îles innombrables à configuration de haut plateau. La superficie totale de ces îles est inférieure à la superficie de l’Europe, bien que le diamètre de Solaris soit d’un cinquième plus grand que celui de la Terre. Ces étendues de territoire rocheux et désolé, irrégulièrement distribuées, sont essentiellement groupées dans l’hémisphère austral. On analysa également la composition de l’atmosphère, dépourvue d’oxygène, et on effectua des mesures très précises de la densité de la planète, dont on détermina l’albédo ainsi que d’autres caractéristiques astronomiques. Comme il était prévisible, on ne découvrit aucune trace de vie, pas plus sur les îles que dans l’océan.
Au cours des dix années suivantes, Solaris devint le centre d’attraction de tous les observatoires attachés à l’étude de cette région de l’espace ; la planète, cependant, révélait une tendance stupéfiante à conserver une orbite de gravitation qui, sans le moindre doute, aurait dû être instable. L’affaire tourna presque au scandale ; les résultats des observations ne pouvant qu’être inexacts, on tenta d’accabler (pour le bien de la science) tels savants, ou tels ordinateurs dont ils se servaient.

3- L’existence de ce colosse pensant ne cesserait plus de tourmenter les hommes. Quand bien même l’Homme aurait exploré en tous sens les espaces cosmiques, quand même il aurait établi des rapports avec d’autres civilisations fondées par des êtres qui nous ressemblent, Solaris demeurerait une provocation éternelle.


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