La Forêt des mythagos T1

HOLDSTOCK Robert

Article publié le samedi 29 décembre 2007 par Cyrallen

Quatrième de couverture :

Dans un coin perdu du Herefordshire s’étend le bois de Ryhope, vestige d’une ancienne forêt remontant à la dernière glaciation ; un bois tellement dense qu’il paraît impossible d’y pénétrer au-delà d’une certaine limite.

George Huxley, qui s’est établi avec sa famille à l’orée de Ryhope, est pour d’obscures raisons obsédé par cette forêt, par l’idée d’en explorer les profondeurs ; une obsession qui le conduit à négliger sa femme et ses enfants.

Après sa mort, en 1946, ses deux fils se retrouvent à Ryhope où, grâce aux carnets qu’il a laissés, l’étrange vérité leur est peu à peu révélée : dans ce coin de l’ancienne Angleterre, il semble que l’inconscient collectif humain soit capable de donner vie aux peuplades des mythes et des légendes. Et qu’au détour d’un sentier, ou bien derrière un arbre, se dissimulent Guiwenneth, la belle princesse celte, Jason et ses argonautes, le roi Arthur Pendragon et bien d’autres héros encore…

Né en 1948 dans le Kent, Robert Holdstock a travaillé dans la recherche médicale avant de se consacrer à l’écriture à partir de 1975. Avec La Forêt des mythagos (World Fantasy Award 1985 et Grand Prix de l’Imaginaire 2003) et plus récemment le Codex Merlin, il a écrit deux des cycles majeurs de la fantasy contemporaine.

L’avis de Philémont :

A l’ouest de l’Angleterre, dans le comté d’Herefordshire, il est une forêt primitive bien mystérieuse : la forêt des Ryhope. Si l’on peut en faire le tour en quelques heures, il est très difficile d’y pénétrer et, lorsque l’on y parvient, on peut s’y enfoncer pendant des années sans jamais en voir le bout. Il faut dire que cette forêt a la faculté de matérialiser les contes et légendes de l’inconscient collectif. Ceux qui réussissent à y entrer donnent ainsi vie à leurs rêves, et à leurs cauchemars, grâce à la représentation qu’ils se font des personnages et créatures qui les peuplent : les mythagos…

C’est dans cet univers original que Robert HOLDSTOCK a aujourd’hui écrit cinq romans que je propose de lire dans l’ordre d’édition :

1) La forêt des mythagos (Mythago Wood, 1984)
2) Lavondyss (Lavondyss, 1988)
3) La femmes des neiges (The Bone forest, 1991)
4) Le Passe-broussaille (The Hollowing, 1992)
5) La Porte d’ivoire (Gate of ivory, 1998)

Cet ordre est celui proposé par Denoël dans sa collection Lunes d’Encre. Il diffère quelque peu dans sa reprise au format poche chez Gallimard, dans la collection Folio SF. Dans cette dernière, le court roman La femme des neiges est en effet inséré à la fin du quatrième et dernier tome, La Porte d’ivoire. Il faut dire que les cinq romans du cycle ne se suivent pas particulièrement, même si leurs intrigues sont transversales.

Trois des cinq romans sont consacrés à la famille Huxley, dont le père est le découvreur de la forêt des mythagos ; La femme des neiges lui est entièrement consacré. Le premier tome a pour personnage principal Steven Huxley, le benjamin de la famille, le cinquième Christian Huxley, le fils aîné. Lavondyss est centré sur Tallis, la jeune soeur d’Harry Keeton qui a accompagné Steven Huxley dans sa découverte de la forêt des Ryhope. Le Passe-broussaille a pour personnage central Richard Bradley dont le fils, ami de Tallis Keeton, est retrouvé sans vie à l’orée de la forêt des Ryhope.

Les cinq textes sont des drames. Dans chacun d’entre eux un personnage part à la recherche d’un proche qui n’est jamais ressortit de la forêt des Ryhope. Mais le drame n’est pas seulement le fait de celui qui s’est perdu, mais aussi le fait de celui qui cherche à le secourir. Car en entrant dans la forêt, il expérimente lui même la création des mythagos, et les difficultés que cela entraîne.

Cet univers verdoyant et sauvage est mis en valeur par une très belle écriture, à la fois travaillée et imagée. Les références aux contes et légendes, notamment celtiques et amérindiens, sont innombrables, de même que celles relatives à la mythologie grecque, en particulier dans Le Passe-broussaille. Les personnages principaux, bien réels, sont parfaitement caractérisés, mais jamais caricaturaux. Chaque texte est en outre une redécouverte de la forêt des Ryhope, Robert HOLDSTOCK réussissant la prouesse de se renouveler à chaque écriture.

Il n’en demeure pas moins que La forêt des mythagos n’est pas un cycle facile d’accès. Le lyrisme de l’auteur peut déjà rebuter plus d’un lecteur avide d’action pure. Les notions relatives au chamanisme, très nombreuses, notamment dans Lavondyss, demandent aussi un effort certain de concentration. Notons aussi que plus les personnages s’enfoncent dans la forêt des Ryhope, plus l’écriture se fait dense, la forêt semblant ainsi prendre le pas sur toute autre forme de réalité.

L’effort demandé n’est toutefois pas vain puisqu’il permet de découvrir un univers éminemment original. Celui-ci ne peut pas laisser indifférent, que ce soit positif ou négatif. Je crois également que chaque lecteur tournera l’ultime page en étant convaincu qu’une deuxième lecture au moins est nécessaire pour appréhender toute la richesse de l’oeuvre.

Le premier roman, La forêt des mythagos, a obtenu le British Science Fiction Award en 1985 et le World Fantasy Award en 1984. Il est aussi pour moi le meilleur des cinq.


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