Le Secret de Ji (T1 et T2)

L’avis de Cyrallen :

Dans les royaumes du monde connu, on commence à apercevoir un peu partout les redoutables tueurs Züu, les "justiciers" de la déesse Zuïa, avec leur tunique écarlate, un bandeau vermillon enserrant leur crâne rasé et bien sûr leur terrible hati, la maudite dague longue, fine comme une aiguille et empoisonnée. Il est rare d’en voir autant, à part peut-être dans leur île, loin au sud des Hauts-Royaumes, d’où ils ne sortent que pour rendre leur verdict mortel.

Dans le même temps, les "accidents" isolés et apparemment sans motif font des ravages dans les rangs d’une petite communauté oubliée par tous depuis fort longtemps, et dispersée aux quatre coins de monde. Quelques-uns de ses membres ne se réunissent qu’une fois tous les trois ans au jour du Hibou, et justement cette année est celle de la réunion, et le jour approche…

Yan n’est qu’un modeste petit pêcheur du Matriarcat de Kaul, dont la plus grande ambition est de demander Léti, qu’il connaît depuis l’enfance, en Union le Jour de la Promesse. Lorsque celle-ci est contrainte de fuir précipitamment à son tour avec sa tante Corenn, il n’hésitera pas une seconde et s’accrochera obstinément à leurs pas, voyageant plus qu’il ne s’en serai jamais crû capable, pour peut-être enfin percer, avec ses compagnons et à travers de formidables dangers, le redoutable Secret de Ji.

De la Fantasy récente d’aussi bonne qualité, à part peut-être avec La Belgariade et La Mallorée de David et Leigh Eddings (quoi qu’on en dise), est très difficile à dénicher. L’ambiance du Secret de Ji ressemble à celle de la Belgariade, et les personnages sont tout aussi attachants, mais là s’arrête la comparaison.

En effet le scénario est totalement différent et pour ma part assez original, les clichés habituels en Fantasy sont habilement détournés pour finalement aboutir à leur contraire (la jeune Léti ne désire que devenir une guerrière et massacrer ses ennemis de sang-froid ; l’immense Bowbaq, loin de se servir de sa force physique, est doux comme un agneau en ayant juré de ne jamais tuer personne…).

Bien sûr on peut trouver des personnages "basiques", comme le guerrier, le voleur, la mage, mais leurs personnalités sont si bien développées, et leurs actions si imprévues qu’ils prennent une vie à part entière. Tout ça pour dire : allez-y, foncez, et en plus c’est français ! :))

NB : Paru initialement en quatre volumes : Six héritiers, Le Serment orphelin, L’Ombre des Anciens et Le Doyen Éternel dans la collection poche légendaire, le texte a été remanié par l’auteur et édité en deux tomes sous le titre Le Secret de Ji.

Les 10 sages émissaires venus des Hauts et Bas Royaumes et envoyés sur Ji :

- Le roi Arkane de Junine, représentant des Baronnies
- le jeune prince Vanamel du Grand Empire de Goran et son conseiller : Son Excellence Saat l’Économe
- le chef Ssa-Vez, venu de la lointaine Jezeba
- Son Excellence Rafa Derkel, de Griteh dans les Bas-Royaumes
- le duc Reyan de Kercyan, envoyé par le roi Bondrian, de Lorelia
- Son Excellence Maz Achem, représentant d’Ith
- Son Excellence le sage Moboq, représentant du roi Qarbal d’Arkarie
- Leurs Excellences l’Honorée Mère Tiramis et Yon de Kaul, représentants du Matriarcat.

Extraits :

1- A l’aube du jour de l’Ours, sept personnes émergèrent difficilement d’entre les rochers, par le même chemin qu’elles avaient emprunté deux lunes plus tôt. Les soldats postés là observèrent avec incrédulité le Duc Reyan, fatigué, les yeux vides de toute expression, et Rafa de Griteh, les cheveux brûlés et la face noircie, transporter sur une civière de fortune le roi Arkane de Junine, blessé à la tête et pressant un garrot rougit sur le moignon de son bras gauche. Ils virent son Excellence Yon de Kaul tituber en portant dans ses bras un Honorée Mère Tiramis inconsciente. Enfin ils virent Leurs Excellences Maz Achem d’Ith et Moboq d’Arkarie fermer la marche en traînant les pieds.

Le prince Vanamel, Saat l’Économe et Saa-Vez de Jezeba manquaient à l’appel. Nol l’Étrange n’était pas revenu non plus.

2- Quelque chose n’allait pas. Nort’ avait toujours eu une sorte de sixième sens, qui l’avait sauvé à maintes reprises, et ce dernier était en train de carillonner plus fort que les six cents cloches de Leem. Il se sentait observé depuis l’apogée. (…)

Il était rare qu’il perde ainsi son sang-froid. "Par Mishra, si quelque chose doit arriver, alors que ça arrive, sang dieu !" maugréa-t-il. Des éclats de voix se firent alors entendre derrière lui. Se retournant, Nort’ vit la foule bigarrée de Goran fuir devant quelque chose d’encore indiscernable. Puis la masse humaine se sépara en son milieu pour céder le passage à deux tueurs züu. Des tueurs züu ! (…)

Ils venaient dans sa direction, mais Nort’ étant au milieu de la rue, cela ne signifiait rien. Il tira son glaive tout en reculant doucement à main gauche… et sut aussitôt qu’ils étaient là pour lui. (…)

Ils n’étaient plus qu’à quelques pas maintenant, et avançaient vite, courant presque. Nort’ vit en un éclair les dagues, les regards meurtriers, et la foule curieuse qui n’interviendrait pour rien au monde. Une colère sauvage monta en lui et il se rua sur les deux hommes en hurlant, résolu à vendre chèrement sa peau.

C’était sans compter avec le troisième assassin qui arrivait dans son dos et qu’il n’avait pas vu. Son cri mourut dans sa gorge quand l’aiguille empoisonnée la transperça, et c’est en silence qu’il s’écroula devant ses meurtriers.