Les jardins de la Lune

ERIKSON Steven

Article publié le vendredi 28 décembre 2007 par Cyrallen

Quatrième de couverture :

Le mécontentement gronde dans le vaste empire malazéen ; des décennies de guerres interminables, de purges, de querelles intestines et aussi de heurts avec Anomander Rake – le seigneur de Lunerre – et ses mystérieux Tiste Andii ont fini par saigner à blanc les innombrables Etats vassaux qui le constituent. Même les légions impériales, depuis longtemps rodées aux effusions de sang, aspirent à quelque répit. L’autorité de l’impératrice demeure pourtant absolue, garantie par les redoutables assassins de la Griffe. Aux yeux du sergent Whiskeyjack et son escouade désabusée de Brûleurs de Ponts, ainsi qu’à ceux de Tattersail, unique magicienne survivante de la Deuxième Armée, la fin du siège de Pale aurait dû permettre de panser les blessés et de pleurer les nombreux morts. Mais l’impératrice en a décidé autrement, car Daurujhistan, la dernière des Cités Libres de Genbackis, reste encore invaincue…

Avec Le Livre Malazéen des Glorieux Défunts, Steven Erikson nous propose une immersion totale dans un monde plein de bruit et de fureur, d’une incroyable justesse. Légions de dieux, mages, dragons et humains vivent et meurent dans ce chef d’œuvre de la fantasy guerrière, à ranger aux côtés de La Compagnie noire de Glen Cook ou des Chroniques de Thomas l’Incrédule de Stephen R. Donaldson.

Steven Erikson est né le 7 octobre 1959 à Toronto, au Canada. Après avoir grandi à Winnipeg, il a déménagé en Angleterre avec sa femme et son fils, avant de revenir vivre dans son pays d’origine. Il a suivi des études d’archéologie et d’anthropologie qui, de son propre aveu, ont constitué une source d’inspiration majeure pour sa série du Livre malazéen des Glorieux Défunts, aux côtés de l’Iliade.

« Erikson impose le respect… rares sont les livres qui forcent leur lecteur à altérer sa perception de la réalité. » Stephen R. Donaldson

L’avis de Philémont :

L’empire malazéen ne vise qu’à accroître encore et encore son influence. Alors lorsqu’il se saisit de Pale, l’une des dernières villes libres du continent Genabackis, son regard se porte immédiatement sur Darujhistan, la plus prestigieuse d’entre elles…

Il est rare que le résumé d’une oeuvre, aussi court soit-il, n’évoque pas un ou deux personnages principaux. C’est pourtant ce qui convient le mieux aux Jardins de la Lune, premier tome de la décalogie Le Livre malazéen des Glorieux Défunts de Steven ERIKSON. Cela ne signifie toutefois pas que le roman est totalement dépourvu de personnages ; au contraire, il y en a pléthore, une centaine si l’on en croit la liste des personnages en début d’ouvrage, mais aucun ne prend véritablement l’ascendant sur les autres.

On touche donc ici à la première caractéristique du roman : sa capacité à évoquer de nombreux points de vue sur un même évènement, qu’ils émanent de divinités ou de simples soldats, en passant par tous les statuts sociaux intermédiaires. Et si certains personnages disposent de pouvoirs remarquables, aucun n’est stéréotypé au point de mettre en défaut sa crédibilité.

Cette multitude de personnages évolue par ailleurs dans un univers particulièrement riche. Vaste, il donne l’impression d’avoir été conçu par l’auteur dans ses moindres détails, de sa cosmogonie à sa politique, en passant par sa géographie et sa sociologie. A ce titre, et comme indiqué dans le quatrième de couverture, ERIKSON utilise pleinement sa formation d’anthropologue.

Cet univers est donc en guerre perpétuelle. Les personnages ont chacun leurs objectifs, et n’ont aucun scrupule pour les atteindre, notamment s’il s’agit d’utiliser les autres. Tous complotent à leur niveau respectif, aucun n’est totalement le représentant du Bien ou du Mal. De ce point de vue, l’oeuvre d’ERIKSON peut d’ailleurs rappeler celle de MARTIN avec son Trône de Fer.

Bon nombre de ces personnages sont en outre de vieux briscards désabusés, notamment la 9ème escouade de l’empire malazéen, les Brûleurs de Ponts. La magie, très présente et très puissante, tire la plupart du temps vers le noir plutôt que vers le blanc. De nombreuses créatures issues du passé viennent interagir avec les activités des humains. Le quatrième de couverture l’indique également : Le Livre Malazéen des Glorieux Défunts n’est pas sans rappeler La Compagnie Noire de Glen COOK.

Il y a enfin la dimension épique de l’oeuvre qui peut rappeler Les Chroniques de Thomas l’Incrédule de DONALDSON. L’univers du Livre malazéen des Glorieux Défunts est en effet multidimensionnel et ERIKSON sait parfaitement mettre simultanément en scène divinités, créatures diverses et Hommes. Il montre aussi sa capacité à décrire de manière parfaitement réaliste les scènes guerrières.

Tout cela aurait pu être parfait si les qualités de l’oeuvre ne correspondaient pas aussi à ses défauts. Sa richesse la rend en effet extrêmement complexe, d’autant que le récit n’est pas linéaire, et que là où le lecteur est en droit d’attendre quelques explications, il ne les obtient que bien plus tard, voire pas du tout. De même, la multitude de personnages réduit fortement leur force émotionnelle, le lecteur ayant alors bien du mal à s’attacher à tel ou tel caractère.

Cela étant dit, les lecteurs de la version originale semblent avancer que les tomes à venir dans la décalogie corrigent ces défauts, tout en maintenant, voire surpassant, les qualités de ce premier tome. Le lecteur français n’a donc plus qu’à patienter, ce qui ne devrait pas être trop long connaissant le sérieux de l’éditeur qui vient de reprendre la publication du Livre malazéen des Glorieux Défunts (Buchet-Chastel avait publié Les Jardins de la Lune en 2001 sans aller plus loin).


Réactions sur cet article

Aucune réaction pour le moment!



 
Propulsé par SPIP 1.9.2g | Suivre la vie du site RSS 2.0